Imágenes de páginas
PDF
EPUB

La Fontaine.

(Eben so glücklich, und fast noch glücklicher, blühender und hinreissender, als in seinen Fabeln, ist die Poesie dieses Dichters in seinen Contes, oder komischen Erzählungen. Man kann sie von Seiten der Einkleidung als Muster ihrer Art ansehen; ihr Ton ist äußerst belebt, voller Anmuth, Schalk heit und Wik; nur Schade, daß sie von der moralischen Seite betrachtet minder Lob verdienen, und größtentheils voll schlüpfriger Bilder find! Nur wenige trifft dieser Vorwurf nicht; und unter diese gehört auch folgende Erzählung, deren Stoff aus dem Petron genommen, und von mehrern Dichtern, auch von unserm Weiße und Lessing, dramatisch bearbeitet ist.)

LA MATRONE D'EP HESE.

La Fontais

ne.

S'il eft un conte ufé, commun et rebatu,
C'est celui qu'en ces vers j'accommode à ma guise.
Et pourquoi donc la choifis-tu?

Qui t'engage à cette entreprise?
N'a-t-elle point déja produit affez d'écrits?
Quelle grace aura ta Matrone

Au prix de celle de Pétrone?

Comment la rendras-tu nouvelle à nos efprits?
Sans répondre aux cenfeurs, car c'eft chofe infinie,
Voyons fi dans mes vers je l'aurai rajeunie,

Dans Ephese il fut autrefois

Une Dame, en fageffe et vertus fans égale,
Et felon la commune voix,

Ayant fu rafiner fur l'amour conjugale.
Il n'étoit bruit que d'elle et de fa chafteté!
On l'alloit voir par rareté:

C'étoit l'honneur du fexe: heureuse fa patrie!
Chaque mere à fa bru l'alleguoit pour patron.
Chaque époux la prônoit à la femme cherie.
D'elle defcendent ceux de la Prudoterie,

An

La Fontais

ne.

Antique et celebre maison.

Son mari l'aimoit d'amour folle,
Il mourut: de dire comment,
Ce feroit un détail frivole;
Il mourut, et fon teftament

N'étoit plein que de legs qui l'auroient confolée,
Si les biens réparoient la perte d'un mari
Amoureux autant que cheri.

Mainte veuve pourtant fait la déchevelée,
Qui n'abandonne pas le foin du demeurant,
Et du bien qu'elle aura fait le compte en pleurant.
Celle-ci par fes cris mettoit tout en allarme;
Celle-ci faifoit un vacarme,

Un bruit et des regrets à percer tous les coeurs;
Bien qu'on fache qu'en ces malheurs

De quelque defespoir qu'une ame soit atteinte,
La douleur est toujours moins forte que la plainte;
Toujours un peu de fafte entre parmi les pleurs.
Chacun fit fon devoir de dire à l'affligée,

Que tout a fa mefure, et que de tels régrets
Pourcient pécher par fon excès:

Chacun rendit par-là fa douleur rengrégée:
Enfin ne voulant plus jouir de la clarté
Que fon époux avoit perdu,
Elle entre dans fa tombe, en ferme volonté
D'accompagner cette ombre aux enfers defcendue.
Et voyez ce que peut l'exceffive amitié!
(Ce mouvement aussi va jusqu'à la folie)
Une efclave en ce lieu la fuivit par pitié,
Prête, à mourir de compagnie.

Prête, je m'entends bien; c'est à dire, en un mot
N'ayant examiné qu'à demi ce complot,
Et jusques à l'effet courageufe et hardie.
L'efclave avec la Dame avoit été nourie.
Toutes deux f'entr'aimoient, et cette paffion
Etoit crue avec l'âge au coeur des deux femelles.
Le monde entier à peine eût fourni deux modeles
D'une telle inclination.

Comme l'esclave avoit plus de fens que la Dame.
Elle laiffa paffer les premiers mouvemens;

Puis tâcha, mais en vain, de remettre cette ame
Dans l'ordinaire train des communs fentimens.
Aux confolations la veuve inacceffible,
S'apliquoit feulement à tout moyen poffible
De fuivre le defunt aux noirs et triftes lieux.
Le fer auroit été le plus court et le mieux,
Mais la Dame vouloit paître encore fes yeux
Du trefor qu'enfermoit la biere,

Froide dépouille, et pourtant chere.
C'étoit-là le feul aliment

Qu'elle prît en ce monument.
La faim donc fut celle des portes
Qu'entre d'autres de tant de fortes,

Notre veuve choifit pour fortir d'ici-bas.
Un jour le paffe et deux fans autre nouriture,
Què fes profonds foupirs, que fes fréquens helas!
Qu'un inutile et long murmure

Contre les Dieux, le Sort, et toute la Nature,
Enfin fa douleur n'omit rien,

Si la douleur doit f'exprimer fi bien.

Encore un autre mort faifoit fa refidence
Non loin de ce tombeau, mais bien differemment,
Car il n'avoit pour momument

Que le deffous d'une potence.

Pour exemple aux voleurs on l'avoit là laiffé,

Un foldat bien récompenfé

Le gardoit avec vigilance,

Il étoit dit par Ordonnance,

Que fi d'autres voleurs, un parent, un ami
L'enlevoient, le foldat nonchalant, endormi,
Rempliroit auffitôt fa place.

C'étoit trop de févérité,

Mais la publique utilité

Defendoit que l'on fît au garde aucune grace.
Pendant la nuit il vit aux fentes du tombeau
Briller quelque clarté, fpectacle affez nouveau.
Curieux il y court, entend de loin la Dame
Rempliffant l'air de fes clameurs.

Il entre, est étonné, demande à cette femme,

Pour

La Fontai

ne.

1

La Fontais

ne.

Pourquoi ces cris, pourquoi ces pleurs?
Pourquoi cette trifte mufique?

Pourquoi cette maison noire et melancolique?
Occupée à fes pleurs à peine elle entendit
Toutes ces demandes frivoles,

Le mort pour elle y répondit;
Cet objet, fans autres paroles,
Difoit affez par quel malheur

La Dame l'enterroit ainfi toute vivante.
Nous avons fait ferment, ajouta la fuivante,
De nous laiffer mourir de faim et de douleur.
Encor que le foldat fût mauvais Orateur,
Il leur fit concevoir ce que c'est que la vie.
La Dame cette fois eut de l'attention,
Et déja l'autre paffion

Se trouvoit un peu ralentie:

Le tems avoit agi. Si la foi du ferment,
Pourfuivit le foldat, vous defend l'aliment,
Voyez-moi manger feulement;

Vous n'en mourrez pas moins.

ment

[ocr errors]

Un tel tempera

Ne déplut pas aux deux femelles.
Conclufion, qu'il ebtint d'elles

Une permiffion d'aporter fon foupé,

Ce qu'il fit, et l'esclave eut le coeur fort tenté
De renoncer dès lors à la cruelle envie

De tenir au mort compagnie.

Madame, ce dit-elle, un penfer m'eft venu: Qu'importe à votre époux que vous ceffiez de vivre?

Croyez-vous que lui-même il fût homme à vous fui

vre,

Si par votre trepas vous l'aviez prévenu?
Non, Madame, il voudroit achever fa carriere.
La nôtre fera longue encor fi nous voulons.
Se faut-il à vingt ans enfermer dans la biere?
Nous aurons tout loifir d'habiter ces maifons.
On ne meurt que trop tôt, qui nous preffe? atten-
dons.

Quant à moi je voudrois ne mourir que ridée.

Voulez-vous emporter vos apas chez les morts?
Que vous fervira-t-il d'en être regardée?
Tantôt en voyant les trefors

Dont le ciel prit plaifir d'orner votre visage.
Je difois, helas! c'est dommage;

Nous-mêmes nous allons enterrer tout cela.
A ce difcours flateur la Dame f'éveilla.
Le Dieu qui fait aimer prit fon tems; il tira
Deux traits de fon craquois; de l'un il entama
Le foldat jusqu'au vif; l'autre effleura la Dame,
Jeune et belle, elle avoit fous fes pleurs de l'éclat,
Et des gens de goût delicat

Auroient bien pu l'aimer, et même étant leur fem

me.

Le garde en fut épris: les pleurs et la pitié,
Sorte d'amours ayant fes charmes,

Tout y

fit: une Belle alors qu'elle est en larmes
En eft plus belle de moitié.

Voilà donc notre veuve écoutant la louange,
Poifon qui de l'amour eft le premier dégré;
La voilà qui trouve à fon gré

Celui qui le lui donne; il fait tant qu'elle mange:
Il fait tant que de plaire, et fe rend en effet
Plus digne d'être aimé que le mort le mieux fait,
Il fait tant enfin qu'elle change;

Et toujours par dégrés, comme l'on peut penser,
De l'un à l'autre il fait cette femme paffer.
Je ne le trouve pas étrange;

Elle écoute un amant, elle en fait un mari;
Le tout au nez du mort qu'elle avoit tant cheri,

Pendant cet himénée un voleur fe hafarde
D'enlever le dépôt commis aux foins du garde.
Il en entend le bruit; il y court à grands pas;
Mais en vain, la chofe étant faite.

Il revient au tombeau conter son embarras,
Ne fachant où trouver retraite,

L'efclave alors lui dit le voyant éperdu:
L'on vous a pris votre pendu?

Les loix ne vous feront, dites vous, nulle grace?

La Fontai

ne.

Beisp. S. 1.B.

m

Met

« AnteriorContinuar »