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Remond de St. Mard.

Toussaint Remond de St. Mard wurde zu Paris 1682 geboren, und farb daselbst 1757. In dem erßten Theis le seiner in fünf Bånden gesammelten, und meistens zur Kritik der schönen Literatur gehörigen, Werke stehen dreiffig Göttergespräche, mit einem vorausgeschickten lesenswür digen Difcours fur la Nature du Dialogue, und einem angehångten Eclairciffement fur les Dialogues des Dieux, worin er sich wider einige Kritiken rechtfertigt. Die vornehmste derselben betraf den Ton, in welchem er diese Götter reden låsst, und den man ihrer Würde nicht immer gemäß fand; er bemerkt aber mit Recht, daß er diese Unterredungen der Götter für Menschen schrieb, und daß die Belehrung dieser legtern, und die Bestrafung ihrer Irrthümer und Thorheis ten sein Hauptendzweck war. Sie sind übrigens mit vieler angenehmen Munterkeit geschrieben, und nicht ohne feinen Wik, wenn gleich die Materie gewöhnlich nur. oben abges schöpft, und die Schilderung der Sitten und des Herzens nicht sehr auffallend noch tief eindringend ist.

MARS et APOLLON.

Sur la Gloire.

Remond de
St. Mard.

Apollon.

Les hommes vous joueroient un vilain tour, s'ils s'avifoient de devenir fages, et ce feroit une Cour bien déferté que la votre,

Mars.

Que voulez vous dire?

Apollon.

Je veux dire que rien ne prouve l'extravagance des hommes comme l'ardeur qu'ils ont de vous

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Remond de fuivre dans les combats, et que s'ils faifoient bien, St. niard ils vous laifferoient faire la guerre tout feul.

Mars.

Que vous ai-je fait pour vouloir m'enlever tous mes fujets?

Apollon.

Je ne puis vous pardonner la cruauté qui vous fait armer des hommes les uns contre les autres. Pourquoi les envoyer s'entretuer fans qu'ils aient rien à déméler enfemble? Et comment font-ils affez fots pour aller expofer leur vie? car enfin c'eft le bien le plus précieux qu'ils aient.

Mars.

Bon! les hommes ne font point fi fots que vous le dites, fur cela, non plus que fur autre chofe: ils ne facrifient jamais un bien qu'à l'efpérance d'un autre bien qui leur paroît meilleur, et je ne vois point de fottife à tout cela. Par exemple, ils ont bien des fatigues à effuyer dans l'exercice de la guerre, ils rifquent fort fouvent leur vie; mais auffi quelle récompenfe ne leur prépare-t-on pas? La Gloire, cette grande maîtreffe des grandes ames faura bien les dédommager: laiffez-les s'expofer au trépas, la Gloire fait en fauver les Héros.

gens.

Apollon.

Voilà une plaifante maniere d'immortalifer les

Mars.

Vous voyez cependant qu'on ne fe laffe point de mon fervice; apparemment qu'il n'eft pas fi in

grat

grat que vous le dites. Mais vous qui faites le Re- Remond de formateur, quelle récompenfe donnez vous à vos St. Mard. Savans? Ne les payez-vous pas de la même monnoie? N'est-ce pas la Gloire qui les foutient dans leurs travaux, et qui les dédommage de leurs peines?

Apollon.

Ah! je ne leur propofe point pour objet une chimere, comme la Gloire: la connoiffance de la vérité eft le prix de leurs travaux.

Mars.

Les voilà bien récompensés.

Apollon.

Comment, vous ne voulez pas que la connoiffance de la vérité foit fatisfaisante? Y a-t-il rien de plus beau que de favoir, et de donner à fon efprit toute l'etendue dont il eft capable?

Mars.

Et depuis quand, je vous prie, la vérité a-t-elle de quoi plaire aux hommes? Ne favez-vous pas qu'elle n'a que des vûes défagréables à leur offrir? Ce qui flate vos Savans, ce n'eft point l'agrément attaché à la connoiffance de la vérité, c'eft la diftination qu'elle leur donne. Songez - y bien, ils font peu de cas des vérités communes; il y a trop de facileté à s'en faifir. Il n'y a que celles qui femblent les mettre au deffus des autres, qui méritent leur eftime, et dont ils veulent bien être jaloux.

Apollon.

Du moins cette Gloire-là eft plus eftimable que l'autre.

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N'entrons point dans cet examen, nous ne trouverions peutêtre pas plus de folidité dans l'une que dans l'autre.

Apollon.

Apprenez-moi donc ce que c'est que la

Gloire.

Mars.

La Gloire eft un artifice dont la Societé fe fert pour faire travailler les hommes à fes intérêts.

Apollon.

Mais fur ce pié-à la Gloire fuppofe toujours de la fottife de la part de celui qui l'acquiert; car pourquoi s'embarraffer des autres? Que ne travaille-t-on pour foi?

Mars.

Voilà ce que la Societé défend: Son fecret eft d'engager les hommes à négliger leurs propres intérêts, et à s'employer tout entiers au fervice les uns des autres. Auffi quand ils le font bien acquités de ce qu'elle demandoit d'eux de ce côté-là, comme il leur en coûte, et qu'il eft jufte qu'on les récompenfe on les eftime, et voilà de quelle maniere on les paye.

Apollon.

C'eft-à dire, qu'il s'eft établi parmi les hommes un commerce dans lequel les uns donneroient des foins, et les autres rendroient de la Gloire.

Mars.

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Voilà un fort fot trafic, où certainement il y a de la perte pour quelques uns; car la Gloire ne vaut prefque jamais ce qu'elle coûte.

Mars.

Oui; mais fans cette Gloire on ne feroit plus de belles actions, les Héros ne purgeroient plus la terre, et contens d'ignorer et d'admirer la Nature, les Philofophes n'iroient plus lui arracher des fecrets dont la découverte eft utile aux hommes. Plus j'y penfe, et plus je vois que la Gloire eft une piece néceffaire dans la Societé. Voyez ce que ce fe

roit fi les hommes étoient fages.

Apollon.

Oh! la Nature eft fort prudente, elle a fait tout autant de fots qu'il lui en fallu.

Mars.

Mais ce font ces fots-là qu'on comble de Gloire.

Apollon.

Rien n'eft plus raifonnable: elle eft faite exprès pour eux. Le Sage même n'en eft point jaloux, il loue tous leurs travaux du milieu de fa parelle, etfe donne bien de garde de les partager.

Mars.

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