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l'a dit; car il pouvait arriver que l'occasion de le dire ne s'offrît pas. Mais ses principes font voir que, l'occasion s'en présentant, il était impossible qu'il ne le dît pas, ou qu'il dît rien de contraire. C'est donc plus d'être forcé à le dire, l'occasion s'en offrant, que de l'avoir dit, l'occasion s'étant offerte1: l'un étant de nécessité, l'autre de hasard. Mais les deux sont tout ce qu'on peut demander.

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« Opérez votre salut avec crainte2. >>

Preuves de la prière : Petenti dabitur3. Donc, il

sage saint Augustin établit une sorte d'impuissance où l'on se trouve d'accomplir quelque bonne œuvre, puisqu'il dit que cette délectation ne nous est pas toujours présente, afin que nous apprenions à ne point nous élever? ce qui ne serait pas véritable, si nous avions le pouvoir prochain de l'accomplir. >>

1. L'occasion s'étant offerte, en surcharge. L'expression se retrouve dans une dissertation sur les Paroles du Concile de Trente (Second moyen): « Encore que personne ne parlât de cette erreur, les Pères n'auraient pas laissé de la condamner, si l'occasion s'en fût offerte. »

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Cf. MICH. 881.

2. Cum metu et tremore salutem vestram operamini (Philipp., II, 12). Cf. Lettre sur les commandements de Dieu : « Vous voyez que par ces nouveaux dogmes les justes ne doivent plus avoir de crainte ni d'espérance qu'en eux-mêmes. Aussi ils interprètent ce passage: « Opérez votre salut avec crainte, » c'est-à-dire avec crainte de ne pas bien user des grâces; et non pas avec crainte que Dieu vous quitte. Ce sont leurs termes, comme vous le savez; et partant cette crainte est fondée sur ce que l'on peut, par sa volonté, user bien de ce pouvoir; au lieu que saint Paul la fonde sur ce que c'est Dieu qui opère luimême en nous ce vouloir, et il opère ce vouloir, non pas suivant la disposition de notre volonté, mais suivant sa propre bonne volonté. »

3. Petite et dabitur vobis: quærite et invenietis: pulsate et aperietur. Math., VII, 7.

est en notre pouvoir de demander. Au contraire du... il n'y est pas, puisque l'obtention qui le prierait n'y est pas; car puisque le salut n'y est pas, et que l'obtention y est, la prière n'y est pas'.

Le juste ne devrait donc plus espérer en Dieu, car' il ne doit pas espérer, mais s'efforcer d'obtenir ce qu'il demande 3.

3

*Concluons donc que, puisque l'homme est iniquité maintenant depuis le premier péché, et que Dieu ne veut pas que ce soit par là qu'il ne s'éloigne pas de lui, ce n'est que par un premier effet qu'il ne s'éloigne pas'.

1. Exposé de la doctrine janséniste: la prière donne le salut; donc, puisque le salut dépend de Dieu et non de l'homme, il faut que la prière soit au pouvoir de Dieu et non de l'homme. Pour demander, il faut avoir obtenu déjà: l'obtention, c'est l'obtention de la prière. L'initiative de Dieu est déjà dans la prière qui semble aller vers lui; il est la fin parce qu'il est d'abord le principe.

2. [L'obstacle.]

3. «Se peut-il rien de plus contraire au sens commun et à la vérité ? Leur crainte ne serait pas seulement détruite, mais encore leur espérance; car puisqu'on n'espère pas des choses certaines, ils n'espéreront pas la continuation de ce secours, puisqu'il leur est certain; leur espérance ne sera pas aussi d'obtenir ce qu'ils demandent, puisque cela est encore certain. Quel sera donc l'objet de leur espérance, sinon eux-mêmes, de qui ils espéreront le bon usage d'un pouvoir qui leur est assuré ? » ibid.

4. A la page 496 du manuscrit.

5. Telle est suivant Pascal la doctrine de saint Augustin:« c'est ce qu'il établit dans tous ses livres, et particulièrement dans tout celui De la correction et de la grâce, et presque dans tout celui Du don de la persévérance, dont ce trait suffit : « Car, afin que nous ne nous éloignions point de Dieu (il montre que cela ne peut nous être donné que de Dieu), cela n'est plus en aucune sorte dans les forces du libre arbitre. Cela a été dans l'homme avant sa chute; et cette liberté de la volonté a paru dans l'excellence de cette première condition dans

Donc, ceux qui s'éloignent n'ont pas ce premier sans lequel on ne s'éloigne pas de Dieu, et ceux qui ne s'éloignent pas ont ce premier effet. Donc, ceux qui étaient possédés quelque temps de la grâce par ce premier effet, cessent de prier, manque de ce premier effet.

Ensuite Dieu quitte le premier en ce sens...

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les anges, qui, lorsque le diable est tombé avec les siens, sont demeurés fermes dans la vérité, et ont mérité de parvenir à une assurance éternelle. Mais après la chute de l'homme, Dieu a voulu qu'il n'appartînt plus qu'à sa grâce que l'homme s'approchât de lui, et qu'il n'appartînt plus qu'à sa grâce que l'homme ne se retirât point de lui. » Ibid. Cf. Jansénius, de Gratia Chr. Salv., III, 19: Quomodo Deus neminem deserit, nisi deseratur.

1. [11] ne s'éloigne pas.

2. Voici l'explication de cette ligne interrompue : « Il se conclut nécessairement, qu'encore qu'il soit vrai en un sens que Dieu ne laisse jamais un juste, si le juste ne le laisse le premier, c'est-à-dire que Dieu ne refuse jamais sa grâce à ceux qui le prient comme il faut, et qu'il ne s'éloigne jamais de ceux qui le cherchent sincèrement : il est pourtant vrai en un autre sens que Dieu laisse quelquefois les justes avant qu'ils l'aient laissé, c'est-à-dire que Dieu ne donne pas toujours aux justes le pouvoir prochain de persévérer dans la prière, ou, ce qui est la même chose, la grâce avec laquelle rien n'est plus nécessaire pour prier effectivement » Lettre sur les commandements de Dieu; cf. passim. Il semble que ce soit en vue de la Lettre sur les commandements de Dieu que Pascal a rédigé ces lignes très difficiles à déchiffrer.

Ce texte est écrit sur une feuille qui a été ajoutée au manuscrit en 1864 avec une copie du Mémorial et un fragment de lettre que voici : << De Paris, le vendredi 6 juin 1653, je viens de recevoir votre lettre où était celle de ma sœur, que je n'ai pas eu loisir de lire et de plus je crois que cela serait inutile [étant]. »

Au verso: « Ce n'est qu'un abrégé par table pour votre intelligence: Déclaration de l'état de son bien au 31 décembre 1651. Effets non liquidés.

5 7293. 4

Il lui est dû par les

Il lui est dû par moi, savoir... parce que je l'ai reçu. »

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Les élus ignoreront leurs vertus, et les réprouvés
la grandeur de leurs crimes: Seigneur, quand
t'avons-nous vu avoir faim, soif, etc.?1

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Rom., III, 27: Gloire exclue: par quelle loi ? des
œuvres ? non, mais par la foi'. Donc la foi n'est
pas en notre puissance comme les œuvres de la loi, et
elle nous est donnée d'une autre manière.

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Consolez-vous: ce n'est pas de vous que vous
devez l'attendre 3, mais au contraire, en n'attendant
rien de vous, que vous devez l'attendre.

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Cf. B., 333; C., 285; P. R., XXVIII, 33; Bos., II, xvп, 33; Faug., II,
329; HAV., XXIV, 23; Mol., II, 26; MICH., 298.

1. Cf. Matth., chap. xxv: Tunc respondebunt ei justi, dicentes:
Domine, quando te vidimus esurientem et pavimus te: sitientem, et dedi-
mus tibi potum? (37). Et ceux qui sont à gauche, les réprouvés: Tune
respondebunt ei, et ipsi, dicentes: Domine quando te vidimus esurientem,
aut sitientem, aut hospitem, aut nudum, aut infirmum, aut in carcere et
non ministravimus tibi? (44).

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Cf. B., 379; C., 338; FAUG., II, 178; Hav., XXV, 138; MoL., II, 56;
MICH., 764.

2. Ubi est ergo gloriatio tua? Exclusa est. Per quam legem? Facto-
rum? Non, sed per legem fidei.

517

Cf. B., 101; G., 129; FAUG., II, 343; Hav., XXV, 209, 4; MoL., II, 34;
MICH., 177.

3. La grâce de Jésus-Christ.

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Toute condition et même les martyrs ont à crainl'Écriture1.

dre, par

La peine du purgatoire la plus grande est l'incertitude du jugement. Deus absconditus.

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Joh., vIII: Multi crediderunt in eum. Dicebat ergo Jesus: Si manseritis..., VERE mei discipuli eritis, et Responderunt: Semen Abrahæ sumus, et nemini servimus unquam 3.

VERITAS LIBERABIT VOS.

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I. A la fin de la Lettre sur les commandements de Dieu, Pascal expose les «< sujets de crainte qui doivent animer continuellement les saints » et après avoir rappelé l'abandonnement de saint Pierre : « C'est en cette sorte que tous les hommes doivent toujours s'humilier sous la main de Dieu en qualité de pauvres, et dire comme David : Seigneur, je suis pauvre et mendiant. Certainement il ne parlait pas des biens de la fortune, car il était roi; il ne parlait pas aussi des biens de la grâce, car il était prophète et juste. En quoi consistait donc la pauvreté de cet homme si abondant, sinon en ce qu'il pouvait perdre à toute heure son abondance, et qu'il n'était pas le maître de la conserver? » Cf. IV Provinciale : « Les plus saints doivent toujours demeurer dans la crainte et le tremblement, quoiqu'ils ne se sentent coupables d'aucune chose, comme saint Paul dit de lui-même. >>

2. Nouvelle application du verset d'Isaie, XLV, 15 (Cf. fr. 194 242 et 585.

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Cf. B., 419 et 420; C., 394; FAUG., II, 329; HAV., XXV, 101; MOL., II, 48; MICH., 103.

3. Dicebat ergo Jesus ad eos qui crediderunt ei Judæos : Si vos maneritis in sermone meo, vere discipuli mei eritis (31) et cognoscetis veritatem, et veritas liberavit vos (32). — Responderunt ei: Semen Abrahæ

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