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Malherbe, Le Ciel, qui doit le bien felon qu'on le mérite,
Si de ce grand oracle il ne t'eût afsisté,
Par un autre préfent n'eût jamais été quitte
Envers ta piété.

Va, ne differe plus tes bonnes destinées.
Mon Apollon t'aflure, et t'engage fa foi,
Qu'employant ce Typhis, Syrtes et Cyanées
Seront havres pour toi.

Certes, ou je me trompe, ou déja la Victoire,
Qui fon plus grand honneur de tes palmes attend,
Fft aux bords de Charantes en fon habit de gloire,
Pour te rendre content.

Je la voi qui t'appelle, et qui femble te dire:
Roi, le plus grand des Rois, et qui m'eft le plus cher,
Si tu veux que je t'aide à fauver ton Empire,
Il eft tems de marcher.

Que fa façon eft brave, et fa mine affurée!
Qu'elle a fait richement fon armure étoffer!
Et qu'il fe connoît bien, à la voir fi parée,
Que tu vas triompher.

Telle en ce grand affaut, où des fils de la terre
La rage ambitieufe à leur honte parût,
Elle fauva le Ciel, et rua le tonnere,
Dont Briare mourut.

Déja de tous côtés f'avançoient les approches;
Ici couroit Mimas; là Typhon fe battoit:
Et là fuoit Euryte à détacher les roches
Qu'Encélade jettoit.

A peine cette Vierge eût l'affaire embraffée,
Qu'auffitôt Jupiter, en fon trône remis,
Vit, felon fon defir, la tempête ceffée
Et n'eût plus d'ennemis.

Ces coloffes d'orgueil furent tous mis en poudre,
Et tous couverts de monts qu'ils avoient arrachés;
Phlegre qui les reçut, put encore la foudre.
Dont ils furent touchés.

L'exemple de leur race à jamais abolie
Devoit lous ta merci tes rebelles ployer:
Mais feroit-ce raison qu'une même folie
N'eût pas même loyer?

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Déja

Déja l'etonnement leur fait la couleur blême;
Et ce lache voifin qu'ils font allé querir,
Miferable qu'il eft, fe condamne lui-même
A fuir ou mourir.

Sa faute le remord; Mégère le regarde,
Et lui porte l'efprit à ce vrai fentiment,

Que d'une injufte offenfe il aura, quoiqu'il tarde,
Le jufte châtiment.

Bien femble être la mèr une barre affez forte,
Pour nous ôter l'efpoir qu'il puifle être battu :
Mais eft-il rien de clos dont ne t'ouvre la porte
Ton heur et ta vertu?

Neptune importuné de fes voiles infames,
Comme tu paroîtras au paffage des flots,

Voudra fes Tritons mettent la main aux rames,
que
Et foient tes matelots.

Là rendront tes guerrriers tant de fortes de preuves,
Et d'une telle ardeur pousseront leurs efforts,
Que le fang etranger fera monter nos fleuves
Au deffus de leurs bords.

Par cet exploit fatal en tous lieux va renaître
La bonne opinion des courages François:
Et le monde croira, f'il doit avoir un Maitre
Qu'il faut que tu le fois.

O que pour avoir part en fi belle avanture,
Je me fouhaiterois la fortune d'Efon,

Qui, vieil comme je fuis, revint contre nature
En fa jeune faifon?

De quel peril extrème eft la guerre fuivie,
Où je ne fiffe voir que tout l'or du Levant
N'a rien que je compare aux honneurs d'une vie
Perdue en te fervant?

Toutes les autres morts n'ont merite ni marque:
Celle-ci porte feule un éclat radieux

Qui fait revivre l'homme, et le met de la barque
A la table des Dieux.

Mais quoi? toutes les penfées dont les ames bien nées
Excitent leur valeur et flattent leur devoir,

Que font-ce que regrets, quand le nombre d'années
Leur ôte le pouvoir,

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Malherbe.

Malherbe. Ceux à qui la chaleur ne bout plus dans les veines,
En vain dans les combats ont des foins diligens:
Mars eft comme l'Amour; ses travaux et les peines
Veulent de jeunes gens.

Je fuis vaincu de tems; je cede à fes outrages:
Mon éfprit feulement exemt de fa rigueur
A de quoi témoigner en fes derniers ouvrages
Sa premiere vigueur.

Les puiffantes faveurs dont Parnaffe m'honore
Non loin de mon berceau commencérent leurs cours;
Je les poffedai jeune, et les poffède encore
A la fin de mes jours.

1

Ce que j'en ai reçu, je veux te le produire:
Tu verras mon adreffe; et ton front cette fois
Sera ceint de rayons qu'on ne vit jamais luire
Sur la tête des Rois.

Soit que de tes lauriers ma lyre f'entretienne;
Soit que de tes bontés je la faffe parler,
Quel rival affez vain prétendra que la fienne
Ait de quoi m'égaler?

Le fameux Amphion, dont la voix nompareille
Bâtiffant une ville étonna l'Univers,

Quelque bruit qu'il ait eû, n'a point fait de merveilles
Que ne faffent mes vers.

Par eux de tes beaux faits la Terre fera pleine:
Et les Peuples du Nil, qui les auront ouis,
Donneront de l'encens, comme ceux de la Seine,,
Aux autels de LOUIS.

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La Motte..

La Motte.

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6. B. I. S. 21. Mehr Korrektheit findet man freilich in seinen heroischen Oden, als in denen von Nialherbe, aber dagegen auch weit mehr Kålte, minder Erhabenheit und Schwung, minder Lebhaftigkeit des Ausdrucks und Neuheit der Wendungen. Ueberall merkt man indeß die Anstrengung seines Geistes, fich zur lyrischen Sphäre empor zu heben, selbst da, wo es ihm am wenigsten gelang. Der Kardinal Bernis sagt in seiner Ode, Les Poëtes Lyriques, fehr wahr von ihm:

On trouve en fes ftrophes fentées
Moins d'images que de penfées,
Et moins de talent que d'éfprit.

Nicht sowohl der vorzügliche Werth folgender Ode, als die
darin vorkommenden ganz treffenden Charakterisirungen bes
rühmter Schriftsteller, bestimmen mich, sie hier einzurücken.
Sie steht eigentlich als Zuschrift vor seinen übrigen Oden.

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La Motte. Pris le foin d'embellir la France
De fon plus durable ornement.
Tu relevas un fanctuaire,
Où, loin du profane_vulgaire,
Tes nourriffons furent admis;
Et réunis par cette grace,
Merveille inouïe au Parnaffe!
Les rivaux devinrent amis.

Les uns à qui Clio révèle
Les faits obfcurs et reculés 1)
Nous tracent l'image fidèle
De tous les fiécles écoulés.
Des Etats la fombre origine,
Les progrés, l'éclat, la ruine
Repaffent encor fous nos yeux;
Et préfens à tout nous y fommes,
Contemporains de tous des hommes,
Et citoyens de tous les lieux,

Les autres du fecours des Fables 2)
Appuyant leurs inftructions,
Ont orné les faits mémorables
D'ingenieufes fictions.

Notre âge retrouve un Homère
Dans ce Poëme falutaire,
Par la vertu même inventé; 3)
Les Nymphes de la double cime.
Ne l'affranchirent de la rime
Qu'en faveur de la vérité.

Des deux fouverains de la fcéne
L'afpect a frappé mes efprits; 4)
C'eft fur leurs pas que Melpomène
Conduit fes plus chers favoris.
L'un plus pur; l'autre plus fublime;
Tous deux partagent notre eftime

1) Les Hiftoriens. 2) Les Poëtes epiques.
3) Télémaque. 4) Corneille et Racine.

Par

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