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caisfier des prifonniers, pour éviter jusqu'aux foupçons qui pourraient s'élever contre le geolier, s'il reftait dépofitaire de ces fommes. Celui-ci n'est donc que l'agent entre le prifonnier travaillant, et l'ouvrier, le marchand, ou l'entrepreneur pour qui il travaille. Les prix donnés aux prifonniers, font ceux donnés à tout autre ouvrier du même genre. Ces prix font connus; l'inspecteur peut donc en vérifier l'exactitude avec facilité. Quant à la nourriture, le geolier fait les achats des provifions fous les yeux des infpecteurs. Les quantités font fixées pour chacun, pélées devant le cuifinier qui lui-même est un conric, et qui est payé de fa peine, fur la fomme dont chacun contribue par jour, pour la penfiom. A ces moyens de précaution et d'inspection continuelles, et d'appointemens fuffifans du geolier, qui préviennent toute fraude de fa part, fe joint plus puisfamment encore le moyen d'opinion. L'humanité, la fevère exactitude des inspecteurs est fi grande, leur volonté fi manifeste, leurs foins fi continuels pour que la juftice foit la règle conftante de conduite envers les prifonniers, que les voler, paraîtrait aux hommes qui les approchent, un manque de confiance plus répréhenfible, un crime plus grand que tout autre vol.

९.

Les chambres où couchent les prifonniers font

au premier étage. Chacune d'elles contient io à 12 lits, garnis de matelas, de draps et de couvertures: Chaque prifonnier à le fien. La chambre d'ailleurs, est bien aërée, bien éclairée ; de manière toutefois à prévenir toute commu nication avec l'intérieur. A la pointe du jour, ils en fortent pour n'y rentrer qu'à la nuit clofe. Alors ils y font enfermés fans lumière. Dans les grands froids, on leur donne quelques bûches. Le bâtiment étant voûté, ils ne peuvent y met tre le feu. S'ils tentaient de brûler leurs lits ils s'exposeraient à être étouffés eux mêmes par la fumée, et ceux qui en échapperaient, auraient encore à payer le dégât.

Le matin, avant de commencer le travail, les compias font obligés de fe laver les mains et le visage. L'entretien de la fanté n'est pas le feul bien qui réfulte de cette propreté exigeé; ces foins que l'on oblige ainfi le prifonnier, communément accoutumé à la malpropreté, a prendre de fa perfonne; contribuent en quelques degrés, à relever en lui l'opinion, de lui-même. D'ailleurs, les mêmes pratiques exigées imperturbablement aux mêmes heures, concourent ausfi à 'hui donner un efprit d'ordre, auquel on ne peut le ramener par trop de moyens. En été ils fe baignent deux fois par mois dans un basfin creufé au milieu

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de la cour pour cet ufage. Ils font rafés reguliérement deux fois par femaine, et les frais du barbier qui est ausfi un convict, font une partie de l'emploi des 15 pence, prélevés par jour fur leur travail. Ils changent deux fois de linge par femaine.

Les ateliers pour les gros ouvrages font dans la cour. Ceux pour les ouvrages moins grosfiers font dans des chambres, fur le même étage que celles où ils couchent, mais dans un autre corps de logis. Les ouvriers n'y font pas renfermés. Ils y travaillent fous leur furveillance réciproque. Ils ne font guère plus de cinq ou fix dans cha cune de ces fortes de boutiques.

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Les porte-clefs qui font au nombre de quatre pour toute la maison, doivent être conftamment dans les corridors, dans les cours, pamni leš prifonniers. Toute converfationi fuivie est interdite aux prifonniers entr'eux; ils ont feulement la liberté de fe parler pour les befoins mutuels qu'ils peuvent avoir l'un de l'autre dans leurs ouvrages, mais fans jamais s'appeller en criant. Il leur est défendu de parler des caufes de leur détention, de fe les reprocher, ou meme de fe les raconter mutuellement. On s'efforce par toutes les voyes, à leur faire oublier leur vie, comme leurs habitudes anciennes. A table le même genre de filence, leur est prefcrit. Leur déjeû ner et leur fouper, est un pudding de farine de

mays et de mélasfe. A dîner, une demi-livre de viande, des légumes, une demi-livre de pain. Leur boisfon est de l'eau; jamais, dans aucune circonftance, ils ne boivent de liqueurs fermentées, pas même de la petite bière: l'entrée en est profcrite dans la maison, et cette profcription est religieufement obfervée. L'efpèce d'animation qu'en reçoit l'ouvrier, n'est qu'une vigueur factice et momentanée. Elle ferait pour le prifonnier une irritation qui allumerait fon fang, qui empêcherait, par conféquent, l'effet du régime tempérant, par lequel on s'efforce de l'adoucir, de changer pour ainfi dire fa nature Il trouve fa force dans la nourriture fubftantielle qu'il prend, et qui, par le même principe, doit être bornêe au juste nécessaire. Les rires, les chants, les cris lui font interdits, non feulement comme difconvenance, mais ausfi comme: fecousfe qui ébranlerait fes organes et les fortirait de la quiétude parfaite où l'on veut les tenir, pour en faire, en quelque forte, un nou vel être. Si le prifonnier contrevient à la règle de la maison, il en est averti une première fois par l'inspecteur, le geolier ou le porte-clef. S'il recommence, il est mis au folitary confinement. Ce folitary confinement est une punition pour les fautes des prifonniers, que le geolier peut ordonner,

mais dont il doit, fur-le-champ, rendre compte à l'inspecteur. Le paresfeux qui ne travaille pas est mis au folitary confinement, et cette peine ex: ? trêmement févère, est un tems qu'il faudra encore racheter par le travail, car les frais de la penfion courent toujours.

Les quatre porte-clefs font toute la nuit de fervice: deux font dans la falle des infpecteurs, deux dans l'intérieur de la prifon. Ceux-ci fe promènent continuellement dans les corridors. Au moindre bruit, ils éveillent le gcolier et fe rasfemblent; le geolier entre dans la chambre d'où vient le bruit, et mène dans les terribles cellules, ceux qui en font coupables. Ces cas font extrêmement rares.. Il n'arrive peut-être pas, quatre fois l'an, que des prifonniers foient punis, et c'est le feul moyen de punition employé dans cette prifon. Les geoliers, les porte-clefs font fans armes, fans chiens, il leur est défendu même de porter une baguette, car ils pour raient dans un moment d'impatience, en frapper un prifonnier, et le fyftème de calme et de juftice exacte et froide dont on espère tant de bien, en ferait dérangé. Le porte-clef qui s'enivrerait, qui traiterait deux fois un prifonnier avec dureté, perdrait fa place. Les infpecteurs, a contraire, caufent avec eux, cherchent à les

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