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Que fa bonté bientôt voudra ratifier Kodamay mÁ

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Un traité que fon fils vient de vous confiere
Tant de fincerité, de transports, d'allégreffe;
D'une prochaine paix l'idée enchantereffe,
Vous furprirent enfin un fourire Hatteur,
Qui pénétra mes fens et paffa dans mon coeur.roA
Allez, me dites vous, Prince trop magnanime,!
Je ne puis qu'applaudir au foin qui vous anime ; :
„Puiffe le jufte Ciel feconder vos projets

Rétabliffez mon pere et concluez la paix al
Je ne me plaindrai point, dans mon obéissance,
"De devenir le prix de fa reconnoiffance...
Bonheur inesperé! moment délicieux!

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Je crus voir et je vis lamour dans vos beaux
Jaayeux...

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Pouvois-je m'y méprendre?... â ma chere Lydie,
Dans cet heureux inftant de ma flamme applaus
die,jogo mnaka M2 198
Je vous vis fans parler, approuver mes transports,>
Je vous vis foupirer... Dieux! que devins-je
zalors!.... e CLOV
Pere dénaturé! ta politique, adrefferit, car auby ing
Epioit cependant ma credule tendreffe: si p
Tu pénétras mes feux. Tout autre en eût fremi:
Mais jamais un Tyran le futil à demi?"
Sans frein en tes defirs, ta farouche infolence.
Ne fait gagner un coeur que par la violence.
Qu'importe que tes feux ne puiffent l'émouvoir?
Ton caprice eft ta loi; ta regle eft ton pouvoir.
Tu m'aurois immolé dans ta jaloufe rage;

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Mais la haine des tiens, charmés de mon cou, rage roma

Le Sceptre de tes mains tout prêt de s'échapper;
Tout arrêta ton bras levé pour me frapper.
Tu fus diffimuler tes fureurs vengereffes;
Tu fus me prodiguer tes trompeufes careffes.
De mon amante hélas! pour mieux me féparer,
A mon éxil prochain tu lus me préparer.
Ma préfence fur tout importoit à l'armée:
J'obéis, et tandis que mon ame allarmée ›

Se

Colardeal

Se faifoit mille efforts pour devorer fes pleurs;
Tandis que tu feignois d'ignorer mes douleurs,
Traître! tes Envoyés près du Roi de Prénefte
Se hâtoient de conclure une paix fi funefte.
Moment cruel! ô jour à jamais odieux,
Où fans avoir reçu vos douloureux adieux,
Il fallut, ô Lydie, en proie à mes allarmes,
Sans espoir de retour m'éloigner de vos charmes.
Je pars, et ma fureur égale mon amour.
Je ne me connois plus: je détefte le jour,
Peu s'en faut.... j'en fremis! le cri de la Nature,
Vainement dans mon coeur étouffe mon injure:
Peu s'en faut qu'en un fang, qui doit m'être facré,
Ma parricide main ne fe baigne à son gré.,
Les Armes, les Drapeaux, les cris de la Victoire,
Ni l'ardeur des combats, ni la foif de la gloire;
Rien ne me touche plus: mon coeur préoccupé,
Par aucun autre objet ne peut être frappé.
Je ne vois qu'une amante à mes defirs ravie,
Qu'un Tyran envieux du bonheur de ma vie,
Qu'un rival abfolu tout prêt à m'outrager,
Qu'un pere raviffeur dont je dois me venger:
Mon coeur à cette image à peine fe poffede;
Par - tout elle me fuit; le jour elle m'obféde;
La nuit elle m'arrache aux douceurs du fommeil,
Et toujours me prépare au plus affreux réveil.
Hélas! un feul efpoir foutenoit ma conftance!
J'efperois que laffé de votre réfiftance, xa c
Le Tyran déformais étoufferoit fes voeux.
Vous me l'aviez promis: toute entiere à mes feux,
Vous deviez rejetter fes dons et fes careffes!
Je me flattois... fur quoi, grands Dieux? fur des
promeffes!

Sur des fermens cent fois et donnés et reçus.
Sermens d'aimer toujours, devez-vous être crus?
Une amante toujours eft prête à vous enfreindre.
Lydie... ô Ciel! Lydie... aurois-je dû le crain-

dre?

Malgré les noeuds facrés qui la lioient à moi,rs
Lydie à mon rival ofe engager fa foi!

- Beisp. Samml. 6. V.

Déja

A

Colarbeau., Déja de fon hymen la pompe le prépare;
Un Roi fier et cruel, un ennemi barbare,

Le fuperbe Mézence, infultant à mes pleurs,
Déja ceint fon vieux front de myrthes et de fleurs.
Déja pour relever cette pompe funefte,

Il ordonne lui-même et la Lutte et le Cefte;
Et ces horribles jeux, où des Gladiateurs
Font en fe maffacrant frémir les Spectateurs;
Et ces combats encor mille fois plus atroces,
Où l'on voit fous les dents des animaux féroces
De malheureux Mortels qu'on voudroit fecourir,
Se débattre, tomber, friffonner et mourir;
Supplices effrayans, où l'aveugle Furie
Semble avoir épuisé toute fa barbarie,

Et qu'un Tyran que rien ne peut épouvanter,
Pour fes lâches plaifirs a pu feul inventer! ...
Vengez-moi, juftes Dieux! Nos caufes font les
mêmes.

Combien d'impiétés, d'horreurs et de blafphêmes,
Combien n'avez-vous pas de forfaits à punir;
Il vous a tous bravés: qui peut vous retenir?
Rompez, rompez un noeud qui feroit mon fuppli
ce!

Embrafez l'Univers, s'il faut qu'il s'accompliffe.

Que fais-je? malheureux... dans mes transports jaloux,

Je veux armer les Dieux et diriger leurs coups: Mézence eft un Tyran; mais eft-il moins mon pere?

Et puis-je en effacer le facré caractere?

De cet augufte nom s'il rompt tous les liens,
S'il trahit fes devoirs, dois-je oublier les miens?
Dieux cruels! ah plutôt que la main qui m'opprime
Jouiffe impunément da fuccès de fon crime!

MAIS fans vous fatiguer de difcours fuperflus,
Répondez-moi, Lydie: ou vous ne m'aimez plus,
Ou votre coeur gémit d'un pareil facrifice.
Si vous ne m'aimez plus; par quel noir artifice

M'avez-vous done promis tant de fidelité?
Pourquoi tant abufer de ma crédulité?
Pourquoi me juriez-vous une ardeur éternelle ?
Ou fi l'amour encor dans votre ame étincelle,
Si Mézence eft haï; de quel front irez-vous
A la face des Dieux l'accepter pour époux?
Votre pere le veut: cet hymen qu'il ordonne,
Eft le fceau de la paix; il lui rend fa couronne ...
„Et quoi qu'affreux pour vous, ce feroit le trahir,
Dès qu'il a commandé, de ne pas obéir...
„L'honneur le veut enfin... Foibles, frivoles rufes!
„L'amour n'eft plus amour, s'il admet les excuses!
L'honneur le veut. Ah, Ciel! l'ai-je bien enten-
du?

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Quoi! vous ordonne-t-il cet honneur prétendu,
D'enfreindre des fermens dictés par l'Amour même?
De déchirer le coeur d'un Prince qui vous aime?
Ah barbare! achevez; dédaignez mes fureurs:
Le diadême peut couvrir d'autres horreurs.
Allez de ce bandeau qu'un Tyran vous apprête,
Sans regrets, fans remords, voir ceindre votre tête;
Uniffez-vous à lui par des noeuds éternels;
Mais tremblez de me voir aux pieds de vos Autels.
Cruelle! fremiflez, que ma jaloufe rage
Dans un fang odieux ne lave mon outrage;
Que mon bras parricide, êtendu jufqu'à vous,
Ne confonde le pere et l'amante et l'époux.

Jusqu'a vous, jufte Ciel! quoi jufques fur
Lydie,

Quoi je pourrois porter une main trop impie?...
Non! ne le craignez pas: je puis vous menacer,
Mais rien, rien dans mon coeur ne vous peut effa

cer.

Malgré tant de tranfports, de défefpoir, de crainte,
Dans ce coeur à jamais votre image eft empreinte.
Je vous adore encore; et toute ma fureur
Ne femble qu'augmenter ma déplorable ardeur.
Ah! fi vous écoutez un fentiment fi tendre,

Si dans votre ame encor l'amour se fait entendre,

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Colardeau.

Celardeau. Pourquoi donc le trahir? les intérêts du fang
Dans un coeur généreux tiennent le premier rang;
Je le fais: mais enfin, pour le Roi de Prénefte,
N'est-il d'autre recours que ce Traité funefte!
Ah! venez dans un Camp où je donne la loi:
Venez: tout m'obéit, tous les coeurs font à moi.
Je puis au moindre mot vous donner une armée :
Je puis fous mes drapeaux voir l'Aufonie armée.
Voifins, amis, fujets, Tojcans, Arcadiens,

Tous n'attendent qu'un Chef pour brifer leurs liens.
Je puis leur en fervir: venez; qui vous arrête?
Au fein de vos Etats montrons-nous à leur tête:
Ce bras, ce même bras qui fut les conquérir,
Saura peut-être encor les reprendre ou perir.
Venez, déja mon coeur de cet efpoir s'enivre....

MAIS je fens quel motif vous défend de me fui

vre.

L'honneur ne permet pas qu'on vienne me chercher!
Sur les pas d'un Amant vous craignez de mar-
cher!...

D'un Amant!... de mon fort venez être l'arbitre:
Venez de votre époux, me conferer le titre;
Que de notre union tous les Dieux foient garants!
Qu'importe le concours de vos foibles Parens!
Craignez-vous que ces noeuds ne bleffent la dé-

cence?

Notre confentement n'en fait-il pas l'effence!...

Si vous ne le pouvez, ah! du moins par pitié,
Accordez une grace à ma triste amitié:
Différez feulement un hymen fi funefte.

Dans trois jours (cet efpoir eft le feul qui me refte)
Dans trois jours au plus tard, votre amant furieux
Saura vous rendre libre, ou mourir à vos yeux.

Dorat.

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