Imágenes de páginas
PDF
EPUB

administrateurs qui négligeraient d'exécuter une loi quelconque. (On applaudit.)

>> Si les révolutions traînent en longueur, c'est parcequ'on ne prend jamais que des demi-mesures. Laissons aux hommes faibles à s'inquiéter sur les résultats de la révolution. Nous qui calculons tout, qui voyons en grand ce qu'elle doit produire pour le bonheur du peuple, marchons d'un pas hardi dans la carrière que nous nous sommes tracée. Sauvons le peuple: il nous secondera; il veut la liberté, quel qu'en soit le prix. Écrasons les ennemis de la révolution, et dès aujourd'hui le gouvernement prend l'action, les lois sont exécutées, le sort du peuple est affermi, la liberté est sauvée.

» Je me résume, cet je demande la plus prompte arrestation de tous les gens suspects.

Bazire demande comme question préalable la promulgation du décret qui reconnaît que la France est en révolution, et l'expédition de cet acte par des courriers extraordinaires à tous les départements.

Billaud-Varennes fait la même motion au sujet du décret qui institue l'armée révolutionnaire, afin qu'elle soit organisée à la fois dans tous les départements.

Léonard Bourdon demande à son tour que le comité de salut public nous présente un projet constitutif fondé sur les deux bases qui suivent. Armée révolutionnaire soldée aux dépens des riches, et qui aura pour objet, 1o de faire sortir les subsistances des magasins où elles sont amoncelées ; 2° d'arrêter les malveillants, et qu'à sa suite il y ait un tribunal chargé de juger dans les vingt-quatre heures les conspirateurs. (Applaudissements.) On demande que ces propositions soient sur-le-champ mises aux voix.

Romme demande la question préalable sur les tribunaux ambulants. (Murmures.)

Saint-André. «Le comité de salut public prépare un rapport qu'il doit vous faire sur les circonstances où nous sommes. Quelques unes des mesures qui vous ont été pré

sentées rentrent dans les mesures générales dont il s'occupe. On est dans ce moment à les mûrir, à les méditer.» (Murmures.)

Drouet. « Il faut les décréter sur-le-champ.» (Applaudissements.)

Saint-André. Il faut commencer par les mûrir et les méditer. Le comité de salut public s'est environné des lumières de quelques bons citoyens, connus dans Paris pour êtreles patrioles les plus ardents et les plus éclairés. La délibération tient dans ce moment. Vous y retrouverez ces deux bases indispensables circulation des subsistances, afin que le peuple soit assuré d'en avoir; mesures à prendre contre ces hommes détestables qui font d'une famine factice un moyen de contre-révolution. Le rapporteur va paraître dans une heure. Ce n'est pas un temps bien long, et il importe peut-être que les mesures à prendre coïncident, qu'elles soient bien ordonnées...»

¢

Billaud-Varennes. « Le temps des délibérations est passé, il faut agir.» (Applaudissements nombreux.)

Saint-André. Mais remarquez donc que je pense comme vous, qu'on a trop long-temps différé d'agir. Je pense que le moment est venu où toute espèce de tiédeur et de relâchement doit faire place au mouvement le plus actif et le plus rigoureux. Mais est-ce donc que l'on veut temporiser quand on s'occupe à vous proposer des mesures d'actions qui conviennent à un peuple libre, qui, après avoir combattu long-temps pour la liberté, veut enfin écraser ceux qui cherchent à la lui ravir? Si je vous proposais de différer d'un jour, vous auriez droit de nous accuser de lenteur; mais le rapport que je vous annonce sera fait sous une heure. Les meilleurs patriotes des sections de Paris sont dans ce moment au comité, et l'on délibère. »

Gaston. «Nous sommes dans une salle d'armes ; il n'est plus temps de temporiser. Paris, comme le mont Etna, doit vomir de son sein l'aristocratie calcinée. Il faut décréter que tous les citoyens se réuniront dans les sections, qui seront déclarées permanentes... (Bruit. Plusieurs

-

voix: Elles le sont.) Il faut décréter que les barrières seront fermées, et que tous les mauvais citoyens soient incar

cérés.

D

» Citoyens, les contre-révolutionnaires du dedans, ceux de Bordeaux, de Lyon, de toutes les villes rebelles sont réfugiés à Paris. Ils assiègent nos tribun es. Ils viennent jusque dans votre sein. Ils vous investiss ent de toutes parts. Ce sont ces hommes qu'il faut saisir, ce sont ceux-là qu'il faut frapper. Dès ce soir il faut qu'ils cessent d'insulter à la majesté nationale, ou qu'ils soient dans l'impuissance de nuire. Il faut que tous les bons citoyens, tous les républicains se rassemblent dans leurs sections. >>

Plusieurs voix: Et les feuillants! (Rumeurs.)

Moyse Bayle. « Je demande qu'avant toute chose vous décrétiez le principe des mesures proposées dans la pétition de la commune de Paris, et que vous décrétiez à l'instant que la délivrance dés passe-ports sera arrêtée provi

soirement. >>

Bazire. « On prépare à Paris une révolution sectionnaire, comme elle a eu lieu à Toulon, à Marseille, à Lyon, tous ces jours-ci. »

Billaud. Il faut agir: je demande à rétablir la discussion. »

Bazire. « Tous ces jours-ci, il y a eu dans Paris des mouvements extraordinaires, qui ne se sont pas faits naturellement, et qui ont pour objet de faire une révolution, ou plutôt une contre-révolution sectionnaire. Tout le monde sait que la révolution sectionnaire est bien établie, bien organisée, qu'elle se prépare depuis long-temps, que les contre-révolutionnaires n'attendent que le moment de se montrer. Si nous délibérons dans l'enthousiasme, prenons garde de précipiter le peuple dans les mains de ses adversaires, par des démarches inconsidérées, et de le faire égorger par ses ennemis. (Murmures dans une partie de l'assemblée.) Le comité de salut public a acquis dans la journée d'hier et cette nuit des renseignements précieux sur les forces de nos ennemis dans Paris, et sur leurs

plans. Il délibère actuellement sur les moyens de résistance et de répression de ces brigand ages. Il vous demande une demi-heure: vous ne pouvez la lui refuser. Je demande qu'il soit entendu, et que l'assemblée décrète qu'elle ne lèvera pas la séance sans avoir statué sur les grandes mesures de salut public. >>

Danton. (Les applaudissements qui l'accueillent l'empêchent quelque temps de parler.) « Je pense, dit-il enfin, comme plusieurs membres, notamment comme BillaudVarennes (on applaudit), qu'il faut savoir mettre à profit l'élan sublime de ce peuple qui se presse autour de nous. Je sais que quand le peuple présente scs besoins, que quand il offre de marcher contre ses ennemis, il ne faut prendre d'autres mesures que celles qu'il présente luimême; car c'est le génie national qui les a dictées. Je pense qu'il sera bon que le comité fasse son rapport, qu'il calcule et qu'il propose les moyens d'exécution: mais je vois aussi qu'il n'y a aucun inconvénient à décréter à l'instant même une armée révolutionnaire. (On applaudit.) Elargissons, s'il se peut, ces mesures.

>> Vous venez de proclamer à la face de la France qu'elle est encore en vraie révolution, en révolution active; eh bien ! il faut la consommer cette révolution. Ne vous effrayez` jamais des mouvements que pourront tenter les contre-révolutionnaires dans Paris. Sans doute ils voudraient éteindre le feu de la liberté dans son foyer le plus ardent ; mais la masse immense des vrais patriotes, des sans-culottes qui cent fois ont terrassé leurs ennemis, existe encore. Elle est prête à s'ébranler; sachez la diriger, et elle confondra et déjouera encore toutes les manœuvres. Ce n'est pas assez d'une armée révolutionnaire, soyez révolutionnaires vous-mêmes. Songez que les hommes industrieux qui vivent du prix de leurs sueurs ne peuvent aller dans les sections; que ce n'est qu'en l'absence des vrais patriotes que l'intrigue peut s'emparer de celles-ci. Décrétez donc deux grandes assemblées de sections par semaine ; que l'homme du peuple qui assistera ces assemblées po

litiques ait une juste rétribution pour le temps qu'elles l'enlèveront à son travail. (On applaudit.)

» Il est bon encore que nous annoncions à tous nos ennemis que nous voulons être continuelle ment et complètement en mesure contre eux. Vous avez décrété trente millions à la disposition du ministre de la guerre pour des fabrications d'armes. Décrétez que ces fabrications extraordinaires ne cesseront que quand les sections auront donné à chaque citoyen un fusil. Annonçons, la ferme résolution d'avoir autant de fusils et presque autant de canons que de sans-culottes. (On applaudit.) Que ce soit la république qui mette un fusil dans la main du citoyen, du vrai patriote; qu'elle lui dise: la patrie te confie cette arme pour sa défense; tu la représenteras tous les mois, et quand tu en seras requis par l'autorité nationale. Qu'un fusil soit la chose la plus sacrée parmi nous ; qu'on perde plutôt la vie que son fusil. (On applaudit.) Je demande que vous décrétiez au moins cent millions pour faire des armes de toute nature; car si nous avions eu des armes, nous aurions tous marché : c'est le défaut d'armes qui nous enchaîne. Jamais la patrie en danger ne manquera de citoyens. (Mêmes applaudissements.)

nez,

» Mais il reste à punir et l'ennemi intérieur que vous teet ceux que vous avez à saisir. Il faut que le tribunal révolutionnaire soit divisé en un assez grand nombre de sections (plusieurs voix : C'est fait) pour que tous les jours un aristocrate, un scélérat, paie de sa tête ses forfaits. (Applaudissements.)

» Je demande donc que l'on mette aux voix d'abord la proposition de Billaud.

» 2° Que l'on décrète également que les sections de Paris s'assembleront extraordinairement les dimanches et les jeudis, et que tout citoyen faisant partie de ces assemblées, qui voudra, attendu ses besoins, réclamer une indemnité, la recevra à raison de quarante sous par assemblée.

» 3° Qu'il soit décrété par la convention qu'elle met à la

« AnteriorContinuar »