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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

LE MARCHÉ FINANCIER. Année économique et financière 1913-1914. 23 volume, par Arthur RAFFALOVICH, Correspondant de l'Institut. I vol. in-8. (Librairie Félix Alcan.) M. Arthur Raffalovich a commencé en 1891 la publication du Marché financier et, sans la guerre, le volume consacré à 1913-1914 aurait paru un an plus tôt.

L'auteur, qui s'est entouré de collaborateurs choisis et fidèles, tels que : MM. Schuhler, Apostol, F. Stone, R. Bacchi, Sauve, suit depuis vingt-quatre ans le même plan, en exposant pour les principaux pays (France, Angleterre, Russie, Italie, Allemagne, Autriche-Hongrie, EtatsUnis, Turquie, Japon, Etats balkaniques), non pas seulement les faits d'ordre financier, mais encore les faits d'ordre commercial et industriel ainsi que le résumé de l'histoire intérieure et de la politique étrangère.

Ces études sont précédées d'un chapitre dans lequel M. Raffalovich procède par considérations plus générales, et cherche le synchronisme des phénomènes économiques; dans un dernier chapitre, il traite des questions de monnaie et de banque.

C'est en y comprenant deux années économiques parues antérieurement chez Quantin, plus d'un quart de siècle d'histoire économique et financière que M. Arthur Raffalovich a écrit, avec le souci de l'exactitude et de l'impartialité.

LES CAISSES D'ÉPARGNE, par F. LepelLETIER, professeur d'économie politique à la Faculté libre de droit de Paris. 1 vol. in-18. (Paris, Lecoffre, éd.)

L'auteur donne beaucoup de renseignements sur les caisses d'épar

gne en France, dans le RoyaumeUni, en Danemark, en Suède, en Norvège, en Hollande, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, aux États-Unis et en Italie. Il indique de quelle manière la grave question de l'emploi des fonds des caisses d'épargne a été résolue dans ces divers pays.

MICHEL BAKOUNINE. OEuvres T. VI. I vol. in-18. (Bibliothèque sociologique. P. V. Stock, éd.)

Ce volume, inédit en grande partie, contient des écrits contre Karl Marx qui voulait avoir la direction de l'Internationale, et contre Mazzini. Dans la protestation de l'alliance en 1871, il trace le tableau suivant des comités de l'Internationale :

«Ne représentant plus qu'euxmêmes, et n'ayant derrière eux que des masses ignorantes et indifférentes, ils ne sont plus capables que de former une puissance fictive. Cette puissance fictive est excessivement favorable au développement de toutes sortes d'intrigues, de vanités, d'ambitions et d'intérêts personnels.

« L'indifférence pour les questions générales se manifeste de plus en plus chez les ouvriers du bâtiment: ils s'en reposent pour toutes les décisions sur les questions de leurs comités; et au sein même du comité, la majorité finit par devenir l'instrument irréfléchi de trois ou de deux, quelquefois même d'un seul. >>

Voici sa définition de l'État :

« L'État, c'est l'autorité, la domination et la puissance organisée des classes possédantes et soi-disant éclairées sur les masses: l'Internationale, c'est la délivrance des masses.» (P. 86.)

CHRONIQUE

I. Le budget de 1915. II. L'emprunt de consolidation. III. La solution de la question du change. IV. L'emprunt allemand. — V. La bataille de la Marne et le rôle des chemins de fer. VI. Les questions économiques dans le Royaume-Uni.

I. Le budget de 1915. - M. Ribot a déposé, le 15 septembre, le projet des douzièmes provisoires pour les trois derniers mois de 1915.

Du 1 août 1914, début de la guerre, jusqu'au 31 décembre 1915, les crédits ouverts s'élèveront à la somme de 28 milliards.

Cette somme se décompose ainsi :

Du 1er août au 31 décembre 1914.......
Du 1 janvier au 30 septembre 1915....
Du 1 octobre au 31 décembre 1915....

Total...

Francs.

6 479 378 053 15 615 428 643 6 100 000 000

28 194 806 696

II. L'emprunt de consolidation. M. Ribot a annoncé l'emprunt de consolidation et il a donné quelques renseignements qui confirment les hypothèses que nous avions faites sur la situation financière de la France.

Au 31 juillet 1915, le Trésor avait reçu en bons du Trésor, tous les remboursements opérés, une somme nette de 6 958 millions. Mais on pouvait craindre que les souscriptions ne s'affaiblissent. Or, dans le mois de juillet, elles se sont élevées à 826 millions. Le Trésor a placé dans le même mois 322 millions d'obligations de la Défense nationale. L'État s'est procuré ainsi 1 148 millions.

Le rendement des contributions directes a été, pour les

sept premiers mois, de 420 millions, soit de 60 millions par mois en chiffres ronds.

Si on les ajoute aux 250 millions mensuels des contributions indirectes, douanes et monopoles, on arrive à un chiffre de près de 310 millions par mois.

Si les souscriptions et si les recettes des impôts continuaient à ce taux, on n'aurait besoin pour couvrir les 1870 millions, chiffre de dépenses mensuelles donné le mois dernier par le ministre des Finances, que de demander environ 400 millions à la Banque de France.

Mais les dépenses ont dépassé 2 milliards. Il y aura des bons de la Défense nationale qui viendront à échéance. Sans doute, certains souscripteurs en feront un réemploi; mais d'autres les retireront pour pourvoir à des dépenses qu'ils avaient prévues. Il sera donc nécessaire, dans un temps très rapproché, d'avoir recours à un emprunt de consolidation.

III. La solution de la question du change. On s'occupe toujours de la question du change. Il a des oscillations.

Seulement, les réunions des ministres des Finances anglais et français, auxquels viendra se joindre le ministre des Finances russe, ont provoqué une importante initiative pour remédier à la crise des changes.

Le « Bulletin financier » du Journal des Débats a rappelé certaines vérités économiques qui ne seront pas appliquées. mais qui devraient l'être.

Le marché américain n'a pas besoin d'or et une trop grande quantité d'or devient un poids mort, onéreux et encombrant.

En payant largement en or les achats que nous y faisons, nous provoquerions une pléthore monétaire qui aurait pour conséquence, un abaissement du taux de l'intérêt et une hausse des cours à la Bourse.

Ces conditions favorables permettraient aux alliés l'émission d'un emprunt.

Les capitaux américains seraient poussés à venir chercher en Europe un emploi plus rémunérateur que celui qu'ils trouveraient chez eux, tandis que la hausse des cours faciliterait la vente des valeurs américaines appartenant à des Anglais et à des Français.

On a adopté cette solution; les délégués français, MM. Homberg et Mallet, envoyés aux Etats-Unis sont autorisés à l'offrir, de même les Anglais; on attend l'assentiment TOME XLVII. SEPTEMBRE 1915.

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de la Russie; envoyer de l'or, si on n'envoie pas de valeurs ou de marchandises, est le seul moyen d'amener la baisse du change.

IV. L'emprunt allemand. — Les journaux allemands nous ont appris que sur les 20 milliards d'emprunts votés antérieurement, 6 restent disponibles. Nous le croyons volontiers. Il eût été difficile de les utiliser parce que leur valeur était plus ou moins fictive. Pour la renforcer on a demandé 10 milliards de marks.

On connaît la loi du 4 août 1914 sur les caisses de prêts (Darlehenskassen gesetz). Elles ont le droit d'émettre des billets, sous le nom de Darlehenskassenscheine, qui ont cette originalité : ils sont acceptés en payement par toutes les caisses de l'empire ainsi que par les caisses publiques de tous les États confédérés pour leur valeur nominale; mais dans les relations privées, on n'est pas tenu de les accepter (art. 2).

Un souscripteur d'emprunt se procurait des Darlehenskassenscheine. Il les versait à la Reichsbank. Une fois versés, il allait à un autre guichet et se faisait prêter 75 p. 100 sur son versement. Voilà comment ont été couverts les emprunts allemands et si les particuliers, dans leurs relations, ne sont pas tenus d'accepter les Darlehenskassen scheine, le gouvernement ne peut les offrir à ses fournisseurs. La Reichsbank les garde dans ses coffres et, à la place, le gouvernement offre des billets de la Reichsbank qui ont pour garantie les billets des caisses de prêts, dont personne ne peut rien faire.

Le ministre des Finances, M. Hellferich, a fait distribuer dans le monde, à l'aide de l'Associated Press, un exposé de la situation financière de l'empire dans lequel il dit : « La confiance du peuple allemand dans notre force financière est aussi illimitée que sa confiance dans notre supériorité militaire. » Et il termine par l'assurance de la victoire finale.

Voici l'accueil que ce document a reçu de la part d'un des plus importants journaux des États-Unis, The Journal of

Commerce de New-York:

<< Il y a quelque chose de presque pathétique, dit-il, dans le caractère trompeur de ce genre d'appel par l'autorité à la foi et à l'esprit de soumission des Allemands, parce que, comme matière de raisonnement économique et financier, il est complètement vide. Il ne fait aucune comparaison entre

les dépenses et les ressources de l'Allemagne avec celles des nations contre lesquelles elle combat. La richesse de la Grande-Bretagne, seule, excède de beaucoup celle de l'Allemagne. Elle a émis de plus larges emprunts et elle a de plus grands moyens pour en émettre de nouveaux. La France aussi bien que la Grande-Bretagne a le même genre de supériorité sur l'Allemagne et cette supériorité pour les deux nations est augmentée par le fait qu'elles peuvent conserver leur commerce extérieur et se procurer des ressources à l'étranger d'une manière beaucoup plus large...

« Le travail, l'habileté, la discipline, l'organisation, l'économie et l'impératif catégorique du patriotisme, invoqués par M. Hellferich, comptent pour beaucoup, mais il y a une limite à ce qu'ils peuvent faire pour créer une valeur capable de maintenir le crédit et conserver le nerf de la guerre; et l'Allemagne est condamnée à atteindre cette limite longtemps avant les Alliés. Son peuple découvrira un de ces jours que ses gouvernants ne peuvent «< continuer la guerre pour un << temps indéfini », comme ils le prétendent, et que plus ils la prolongeront, plus la nation en souffrira finalement. >>

Tel est le langage d'un journal spécial, qui ne se place qu'au point de vue des réalités économiques et financières.

V. La bataille de la Marne et le rôle joué par les chemins de fer. -La gazette américaine Railway Age avait mis en lumière, dans un article publié le 21 mai dernier, l'effort donné par les chemins de fer français pendant la période de la mobilisation et de la concentration des troupes.

Elle a consacré, le 3 juillet, un nouvel article au rôle que ces chemins de fer ont joué au moment de la bataille de la Marne.

Au moment où la ville de Liége résistait héroïquement aux armées allemandes, les chemins de fer français achevaient les transports de concentration. En même temps. qu'eux, ils avaient dû assurer non seulement le transport de l'armée anglaise qui avait nécessité plus de 400 trains se succédant à six minutes d'intervalle, mais encore les transports de blessés, de munitions, de ravitaillement compliqués par les fréquents déplacements des corps d'armées. Chacune des 6 armées opérant sur le front de Maubeuge à Belfort avait son centre propre de ravitaillement dont les vastes approvisionnements devaient être renouvelés chaque jour par un service spécial de 42 trains. A ces transports,

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