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LA PRÉPARATION MILITAIRE ET FINANCIÈRE

Je n'entends pas, pour aujourd'hui, m'occuper des questions se référant strictement à la guerre.

Il me suffit de constater que la préparation militaire, poussée activement depuis le mois d'août 1914, est considérée comme excellente. L'armée et la marine ont pleine confiance dans leurs chefs. La mobilisation s'est effectuée dans le plus grand ordre, sans troubler ou déranger les services publics qui ont continué partout à fonctionner régulièrement. Une preuve que le peuple a senti la nécessité et la justice de cette guerre est le retour par centaines de milliers des émigrés italiens se hâtant de répondre avec enthousiasme au rappel sous le drapeau.

Les journaux de langue italienne qui se publient dans nos centres d'émigration de l'Amérique du Sud et de l'Amérique du Nord arrivent pleins de témoignages éclatants en faveur de la guerre.

On a compris que, par sa décision, l'Italie a sauvé et défendu son honneur national en servant la cause de la liberté des peuples et que les Italiens, essaimant dans le monde pour gagner leur vie, auront désormais un titre de noblesse internationale bien acquis, n'ayant pas été absents du grand duel qui se combat pour la destinée future de la civilisation, mais ayant pris résolument leur parti pour le droit et la justice, contre la violence et l'oppression.

Sans contredit, le coût de la guerre sera lourd pour les finances de l'Italie, non encore remises de l'effort considérable de la guerre contre la Turquie. Ce n'est pas le moment d'entrer ici dans les détails; grosso modo, des compétents ont évalué les dépenses de la mobilisation et de la guerre à 500 millions de francs par mois.

On a l'assurance qu'un accord a été stipulé avec l'Angleterre, qui, en sa qualité de banquier de la bonne cause de l'Entente, a assumé la tâche d'aider l'Italie à se procurer les moyens financiers nécessaires pour la guerre, sans avoir recours à des expédients fâcheux.

Il s'agit pour le moment, parait-il, d'un emprunt direct entre les gouvernements.

Une entrevue a eu lieu récemment, à Nice, entre le nouveau Chancelier de l'Echiquier anglais, M. Mac-Kenna, et le ministre italien du Trésor, M. Carcano. Les télégrammes échangés ensuite entre les deux ministres prouvent que leur entente a JUILLET 1915.

TOME XLVII.

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été complète sous tous les rapports et que la coopération la plus cordiale, même en ce qui concerne les finances de la guerre, est le caractère dominant de la nouvelle Ligue d'Etats déterminée par la nécessité de la défense commune contre l'agression allemande.

Aussi la déclaration de la guerre de la part de l'Italie n'at-elle pas été suivie par une accentuation, mais plutôt par une atténuation de la crise financière et commerciale.

Une détente monétaire s'est produite; le change sur Paris, qui avait touché le maximum de 112 fr. 51 les 3-5 mars 1915, descendait les 27-28 mai à 106 fr. 74; il a varié ensuite, pendant la première moitié de juin, entre 108 3/4 et 109 1/2.

La rente italienne 3,50 net qui était tombée à environ 84 lire à la veille de la déclaration de la guerre à l'Autriche est remontée à environ 85 (moitié juin).

Voici les cotations de quelques titres plus importants:

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La publication du décret qui autorise le ministère à émettre un emprunt de guerre à l'intérieur pour une somme indéterminée (17 juin 1915) n'a pas, pour le moment, exercé une influence déprimante sur le marché financier.

UN EMPRUNT DE GUERRE

Il faut dire que les bourses sont fermées depuis le 1er août 1914 et que les cotations des changes et des titres sont faites par des commissions établies sous le contrôle du gouvernement et des Instituts d'émission.

L'emprunt national à 4,50 p. 100 qu'on vient de décréter aura la même forme que l'autre emprunt de 1 milliard de lire émis, en janvier 1915, pour la régularisation du Trésor et la consolidation de la dette flottante résultant de la situation des dépenses extraordinaires de l'entreprise libyque.

Le prix d'émission est fixé à 95 p. 100 et les porteurs de titres de l'emprunt précédent émis à 97 p. 100 seront compensés des 2 lire payées en plus par la faculté de souscrire une somme équivalente à 93 p. 100.

L'émission se fera en forme d'obligations exemptes de tout impôt présent et futur, remboursables dans le terme de vingtcinq ans à partir du 1er janvier 1915.

Aucune opération de conversion ou de rachat ne pourra avoir lieu avant le 4 janvier 1925. Pendant les quinze années suivantes, le Trésor fournira les fonds nécessaires au remboursement des obligations des deux emprunts en y procédant soit par des achats directs sur le marché, soit moyennant une caisse d'amortissement gérée par la Caisse de consignations et prêts.

L'intérêt nominal de 4,50 p. 100 résulte, en tenant compte du boni d'émission, de 4,84 net pour les souscripteurs à 95 et de 4,988 p. 100 pour ceux qui bénéficieront du prix de faveur de 93.

Le président du Conseil et le ministre du Trésor sont autorisés à faire tout le nécessaire pour le placement de l'emprunt et notamment à se servir de la coopération d'un Consortium financier, auquel pourront participer, en plus des instituts d'émission, les caisses d'épargne ordinaires, les instituts de crédit ordinaire, les banques populaires et coopératives, les sociétés et les maisons de banque italiennes.

Une condition importante du nouvel emprunt est l'assurance donnée aux souscripteurs que, si à l'avenir, et jusqu'au 31 décembre 1916, de nouvelles émissions d'obligations étaient faites à des conditions plus avantageuses pour les souscripteurs que celles de l'emprunt actuel, les souscripteurs de celui-ci en bénéficieront également.

Le gouvernement a sans doute agi correctement en décidant cet emprunt plutôt que de céder à la tentation facile d'une émission indéfinie de billets à cours forcé de l'État et des Banques autorisées : « Banca d'Italia », « Banco di Napoli « Banco di Sicilia ».

La circulation de ces trois instituts a, de fait, subi déjà une progression remarquable et il convient de ne pas abuser d'un moyen si dangereux pour faire face aux exigences immédiates de la guerre.

En comparaison de l'année fiscale précédente, voici quelle a été l'augmentation de la circulation des trois instituts depuis le commencement de la guerre européenne :.

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Les préoccupations absorbantes de la guerre ne doivent pas faire oublier les questions de politique commerciale.

Le jour où il sera possible de faire l'histoire de la Triple-Alliance, on aura la preuve de ce que les tendances et les préjugés protectionnistes ont fait pour créer entre l'Italie et la France cette atmosphère de malentendus que la caste militariste allemande a su habilement exploiter aux fins de son astucieuse politique de domination mondiale.

Après la rupture du traité de commerce entre l'Italie et la France, sous le régime de la Triple-Alliance, le commerce international de l'Italie avec la France, l'Allemagne, l'AutricheHongrie et la Suisse a subi une évolution importante, qui saute aux yeux dans les deux tableaux ci-dessous :

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Le langage de ces chiffres est si éloquent que je puis me dis-
penser de les commenter.

Je considère plus utile de terminer cet article par une courte
démonstration de la possibilité qu'ont la France et l'Italie de
compléter leur nouvelle et heureuse alliance politique par une
entente commerciale, qui, améliorant et modifiant le modus
vivendi stipulé en 1898, donnera un essor plus large et plus
solide à leurs échanges.

LE COMMERCE ITALO-FRANÇAIS

D'après les statistiques officielles du ministère italien des
Finances, le commerce extérieur de l'Italie (commerce spécial,
non compris les métaux précieux) a atteint, en 1913, un total de :
Millions de lire, 3 645,64 à l'importation

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La part que la France a prise à ce commerce relativement
aux principaux pays fournisseurs ou clients de l'Italie résulte
des deux tableaux suivants :

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