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Lelio. Votre mémoire eft fidelle; mais paffons. Qui êtes-vous?

Le Ch. Je fuis fille, affés jolie comme vous voyés, et dont les agrémens feront de quelque durée, si je trouve un mari qui me fauve le defert et le terme des quinze jours: voilà ce que je fuis, et par deffus le mar ché, presque auffi méchante que vous.

Lelio.

Oh, pour celui là, je vous le cede.

Le Ch. Vous aves tort, vous inéconnoillés vos

forces.

Lelio.

Qu'êtes-vous venu faire içi ?

Le Ch. Tirer votre portrait, afin de le porter à certaine Dame qui l'attend pour favoir ce qu'elle fera de l'original.

Lelio. Belle mission!

Le Ch. Pas trop laidę. Par cette mission là; c'est une tendre brebis qui échape au loup, et douze mille livres de rente de fauves, qui prendront parti ailleurs; petites bagatelles qui valoient bien la peine d'un déguilement.

Lelio. (intrigué) Qu'est-ce que c'est que tout cela fignifie?

Le Ch. Je m'explique. La brebis c'est ma Maitreffe; les douze mille livres de rente, c'est fon bien qui produit-ce calcul fi raisonnable de tantôt; et le loup qui eût dévoré tout cela, c'est vous, Monfieur,

Lelio. Ah je fuis perdu!

Le Ch. Non, yous manqués votre proye, voilà tout: il eft vrai qu'elle étoit affés bonne; mais auffi, pourquoi êtes-vous loup? ce n'est pas ma faute. On a fçu que vous êtiés à Paris incognito; on s'eft defié de votre conduite; là-deffus on vous fuit, on fait que vous êtes au bal; j'ai de l'esprit et de la malice, on m'y envoye, on m'équipe comme vous me voyés, pour

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me mettre à portée de vous connoître; j'arrive, je fais ma charge, je deviens votre ami, je vous connois, je trouve que vous ne valės rien; j'en rendrai compte; il n'y a pas un mot à rédire.

Lelio. Vous étes donc la femme de chambre de la Demoiselle en question?

Le Ch.

Et votre très-humble fervante.

Lelio. Il faut avouer que je fuis bien malheureux.

Le Ch. Et moi bien adroite: mais dites moi, rous repentés-vous du mal que vous vouliés faire, on de celui que vous n'avez pas fait ?

Lelio. Laillons cela. Pourquoi votre malice m'a-t-elle encore ôté le coeur de la Comtelle ? Pourquoi confentir à jouer auprès d'elle le perfonnage que Vous y faites?

Le Ch. Pour d'excellentes raifons. Vous cherchies à gagner dix mille ecus avec elle, n'eft-ce pas? pour cet effet vous reclamiés non induftrie; et quand j'aurois conduit l'affaire près de fa fin, avant de termi ner, je comptois de vous rençonner un peu et d'avoir ma part au pillage, ou bien de tirer finement le dédit, d'entre vos mains, fous prétexte de le voir, pour vous le revendre une centaine de piftoles payées comptant ou en billets payables au porteur; fans quoi j'aurois nenacé de vous perdre auprès des douze mille livres de rente, et de réduire votre calcul à Zero. Oh! mon projet étoit fort bien entendu moi payée, cràc, je décampois avec mon petit gain; et le portrait qui m' auroit encore valu quelque petit revenant-bon auprès de ma Maitrelle, tout cela joint à mes petites oecono

jes tant fur inon voyage, que fur mes gages, je devenois avec mes agrémens un petit parti d'affes bonne défaite, fauf le loup. J'ai manqué mon coup; j'en fuis bien fàché; cependant vous me faites pitié, vous.

Lelio. Ah fi tu voulois!

Le Ch. Vous vient-il quelque idée? cherchez. Lelio. Tu gagnerois encore plus que tu n'éfperois. Le Ch. Tenés, je ne ferai point l'hypocrite ici; je ne fuis pas non plus que vous à un tour de fourberie près; je vous ouvre auffi mon coeur, je ne crains paš de scandaliser le votre, et nous ne nous foucierons pas de nous estimer; ce n'eft pas la peine entre gens de notre caractere: pour conclufion, faites ma fortune, et je dirai que vous ètes un honnête homme; mais convenons de prix pour l'honneur que je vous fournirai; il vous en faut beaucoup.

Lelio. Eh demande-moi ce qui te plaira, je të l'accorde.

Le Ch. Motus au moins, gardés-moi un fecret éternel. Je veux deux mille ecus, je n'en rebattrois pas un fou, moyennant quoi je vous laiffe ma Maitrelle, et j'acheve avec la Comtelle; fi nous nous accommodons, dès ce foir j'écris une lettre à Paris que vous dicterés vous même; vous vous y ferés tout aussi beau qu'il vous plaira, je vous mettrai à même: quand le mariage fera fait, devenés ce que vous pourrés, je serai nantie et vous auffi, les autres prendront patience.

Lelio. Je te donne les deux mille ecus avec mon amitié.

Le Ch. Oh! pour cette nippe -là, je vous la troquerai contre cinquantes piftolles, fi vous voulés.

Lelio. Contre cent, ma chere fille.

Le Ch. C'est encore nieux; j'avoue niême qu'elle ne les vaut pas.

Lelio. Allons, ce foir nous écrirons.

Le Ch. Qui; mais non argent, quand me le donnerės-vous?

Lelio. (tire une bague.) Voici une bague pour sent piftolles du troc d'abord,

Le Ch.

Lelio.

Bon; venons aux deux mille ecus.

Je te ferai mon billet tantôt.

les

Le Ch. Oui tantòt; Madame la Comteffe va ve nir, et je ne veux point finir avec elle que je n'aye toutes mes fûretés. Mettés-moi le dédit en main; ję vous le rendrai tantôt pour votre billet.

Lelio. Tiens, le voilà.

Le Ch. Ne me trahiffes jamais.

Lelio. Tu es folle.

Le Ch.

Voici la Comtelle. Quand j'aurai été quelque tems avec elle, revenés en colere la preffer de décider hautement entre vous et moi, et allés-vous en de peur qu'elle ne nous voye ensemble.

Jeht verabredet der vermeinte Chevalier auch mit der Gråfin, daß sie mit dem Lelio brechen müsse, und erfährt bei dieser Gelegenheit, daß sie ihm zehntausend Livres vorgeschoffen habe, von ihm aber beredet sey, ihren Ansrüchen auf die Wiederbezahlung schriftlich zu entsagen. Der Chevalier råth der Gräfin jeht, zu thun, als ob ihre Wahl zwischen ihm und dem Lelio auf diesen falle; dieß seht den leßtern in neue Verlegenheit. Endlich entdeckt sich der Chevalier, als die dem Lelio bestimmte Person, und dieser bleibt nun von beiden verschmäht zurück.

X.

Le Sage.

Alain Rene' le Sage, geb. zu Ruys in Bretagne, 1677, gest. zy Boulogne sur Mer, 1747, ist durch seine meisterhaften Romane, vornehmlich durch den Gil-Blas mehr berühmt, als durch seine Lustspiele und komischen Opern;

obgleich

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obgleich diese leßtern ihm ihre bessere Form in Frankreich zu verdanken haben. Zu seinen Lustspielen entlehnte er, wie zu seinen Romanen, gewöhnlich den Stof aus spanischen Novellen und Schauspielen. Sie heissen: le Traitre Puni Dom Felix de Mendoce le Point d'honneur, ou, l'Àrbitre des différents Céfar Urfin Crispin Rival de fon Maitre la Tontine - Turcaret la' Critique de Turcaret la Force de l'Amour la Foire des Fées les Amans Jaloux. In seinen früheru dramatischen Arbeiten war ihm noch fast alles Fehlerhaftė der spanischen Schauspieleichter eigen, die er vorzüglich stas dirte und nachahmte. In der Folge aber bildeté er sich eine leichtere und frèière Manièr. Menschenkunde, feiner Wiş und komische Laune waren ihm in nicht gewöhnlichem Maaße eigen; und er besaß die Gate, mit Scharfsinn und Einsicht die Natur zu erforschen, und sie mit eben so viel Wahrheit und Eindruck darzustellen. Schade wars daher, daß er sich durch die einträglichere Arbeit für die komische Oper und das théatre de la Foire von der eigentlichen komischen Laufbahn ablenten ließ. Den Turcaret erklären die Kunstrichter einstimmig für sein bestes Lustspiel. Es ist eine beissende Satire auf die Traitans oder Finanzpåchter, deren Turcaret einer ist, der an eine Baronesse, derën Liebhaber er ist, große Summen und Geschenke verschwendet, am Ende aber entlarvt, und wegen einer für einen Betrüger geleisteten Bürgschaft in Verhaft genommen wird. Eine der schönsten Scenen ist die, wo eine gewisse Frau Jakob zu der Baronesse kömmt, und sich als Schwester des Turcaret angiebt, ohne zu wissen, in welchem Verhältnisse jene mit ihm sicht:

LA BARONNE, LISETTE. Ma¥ame 'JACOB, Me. Jacob. Je vous demande pardon, Madame, de la liberté que je přends. Je revends à la toilette, ét me nomme Madaine Jacob: j'ai l'honneur de vendre quel

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