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§ 1.*

C.

FRENCH POËTES.

1. SEIZIÈME SIÈCLE.

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tume.

Si se leva plus tôt que de coutume,
Et me va prendre en tapinois icelle,
Puis vous la mit très-bien sous son
aisselle,

Argent et tout, cela se doit entendre, Et ne crois point que ce fût pour la rendre ;

Car oncques puis n'en ai ouï parler.

Bref le vilain ne s'en voulut aller Pour si petit, mais encore il me happe Saye et bonnet, chausse, pourpoint et cape.

De mes habits, en effet, il pilla

Tous les plus beaux, et puis s'en habilla Si justement, qu'à le voir ainsi être Vous l'eussiez pris, en plein jour, pour son maître.

Finalement, de ma chambre il s'en va Droit à l'étable, où deux chevaux trouva,

Laisse le pire, et sur le meilleur monte, Pique et s'en va. Pour abréger mon conte,

Soyez certain qu'au sortir du dit lieu N'oublia rien, fors de me dire adieu...

Ce néanmoins, ce que je vous en mande N'est pour vous faire ou requeste ou demande. [sembler,

Je ne veux point tant de gens resQui n'ont souci autre que d'assembler (amasser). [eux; Tant qu'ils vivront, ils demanderont, Mais je commence à devenir honteux, Et ne veux plus à vos dons m'arrester.

Je ne dis pas, si voulez rien prêter, Que ne le prenne: il n'est point de prêteur,

S'il veut prêter, qui ne fasse un debteur.
Et savez-vous, sire, comment je paye?
Nul ne le sçait si premier ne l'es-
saye.

Vous me devrez, si je puis, du retour,
Et vous ferai encores un bon tour;
A cette fin qu'il n'y ait faute nulle,
Je vous ferai une belle cédule
A vous payer, sans usure, s'entend,
Quand on verra tout le monde content;
Ou, si voulez, à payer ce sera
Quand votre los (louange) et renom
C. Marot.

cessera.

§ 2.*

Jadis un loup, dit-on, que la faim espoinçonne,

Sortant hors de son fort, rencontre une lionne

Rugissante à l'abort, et qui monstroit aux dents

L'insatiable faim qu'elle avoit dedans.

* Write down the words in italics as they are spelt to-day.

au

Furieuse, elle approche; et le loup qui l'advise

D'un langage flateur luy parle et la courtise:

Car ce fut de tout temps que, ployant sous l'effort,

Le petit cède au grand, et le foible au plus fort.

Luy, dis-je, qui craignoit que, faute d'autre proye,

La beste l'attaquast, ses ruses il employe. Mais enfin le hasard si bien le secourut, Qu'un mulet gros et gras à leurs yeux apparut.

Ils cheminent dispos, croyant la table preste,

Et s'approchent tous deux assez près de la beste.

Le loup qui la cognoist, malin et deffiant,

Luy regardant aux pieds, luy parloit en riant:

'D'où es-tu? qui es-tu? quelle est ta nourriture,

Ta race, ta maison, ton maistre, ta nature?'

Le mulet, estonné de ce nouveau discours,

De peur ingénieux, aux ruses eut

recours;

Et, comme les Normands, sans luy respondre: Voire!

Compère, ce dit-il, je n'ai point de mémoire;

Et comme sans esprit ma grand❜mère me vit,

Sans m'en dire autre chose, au pied me l'escrivit.'

Lors i lève la jambe au jarret ramassée,

Et d'un œil innocent il couvroit sa pensée,

Se tenant suspendu sur les pieds en

avant.

Le loup qui l'apperçoit se lève de devant,

S'excusant de ne lire avecq' ceste parolle, Que les loups de son temps n'alloient point à l'escolle.

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2. DIX-SEPTIÈME SIÈCLE.

§ 4.

Rome, l'unique objet de mon ressentiment!

Rome, à qui vient ton bras d'immoler

mon amant!

Rome, qui t'a vu naître, et que ton cœur adore!

Rome, enfin, que je hais parce qu'elle t'honore!

Puissent tous ses voisins, ensemble conjurés,

Saper ses fondements encor mal assurés !

Et, si ce n'est assez de toute l'Italie, Que l'Orient contre elle à l'Occident s'allie!

Que cent peuples, unis des bouts de l'univers,

Passent, pour la détruire, et les monts et les mers!

Qu'elle-même sur soi renverse ses murailles,

Et de ses propres mains déchire ses entrailles!

Que le courroux du ciel, allumé par mes vœux,

Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux!

Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre,

Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,

Voir le dernier Romain à son dernier soupir,

Moi seule en être cause et mourir de plaisir !

§ 5.

Corneille.

Au seul nom de César, d'Auguste, d'empereur,

Vous eussiez vu leurs yeux s'enflammer de fureur;

Et dans un même instant, par un effet contraire,

Leur front pâlir d'horreur, et rougir de colère.

'Amis,' leur ai-je dit, voici le jour heureux

Qui doit conclure enfin nos desseins généreux :

Le ciel entre nos mains a mis le sort de Rome,

Et son salut dépend de la perte d'un homme,

Si l'on doit le nom d'homme à qui n'a rien d'humain,

A ce tigre altéré de tout le sang romain.

Combien, pour le répandre, a-t-il formé de brigues!

Combien de fois changé de partis et de ligues!

Tantôt ami d'Antoine et tantôt ennemi,

Et jamais insolent ni cruel à demi,'

J'ajoute en peu de mots: Toutes ces cruautés,

La perte de nos biens et de nos libertés, Le ravage des champs, le pillage des villes,

Et les proscriptions, et les guerres civiles,

Sont les degrés sanglants dontAuguste a fait choix

Pour monter sur le trône et nous donner des lois.

Prenons l'occasion, tandis qu'elle est propice.

Demain au Capitole il fait un sacrifice : Qu'il en soit la victime, et faisons en ces lieux

Justice à tout le monde, à la face des dieux.

Là, presque pour sa suite il n'a que notre troupe:

C'est de ma main qu'il prend et l'encens et la coupe;

Et je veux pour signal que cette même main

Lui donne, au lieu d'encens, d'un poignard dans le sein.

Ainsi d'un coup mortel la victime frappée

Fera voir si je suis du sang du grand Pompée:

Faites voir, après moi, si vous vous

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Des mœurs du temps mettons-nous moins en peine,

Et faisons un peu grâce à la nature humaine;

Ne l'examinons point dans la grande rigueur,

Et voyons ses défauts avec quelque douceur.

A force de sagesse on peut être blâmable:

Il faut parmi le monde une vertu traitable;

La parfaite raison fuit toute extrémité, Et veut que l'on soit sage avec sobriété. Cette grande roideur des vertus des vieux âges

Heurte trop notre siècle et les communs usages;

Elle veut aux mortels trop de perfection :

Il faut fléchir au temps sans obstination,

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ron,

Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés:

On n'en voyait point d'occupés A chercher le soutien d'une mourante vie;

Nul mets n'excitait leur envie;
Ni loups ni renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie;
Les tourterelles se fuyaient: [joie.
Plus d'amour; partant, plus de
Le lion tint conseil, et dit: Mes chers
amis,

Je crois que le ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune.
Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste cour

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