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Ce sont là les ouvrages de Rétif, ou du moins ceux qu'il s'était chargé de publier sous sa responponsabilité, et dont il ne s'attribuait pas encore tout l'honneur. Il n'en est pas moins démontré que des écrivains, qui voulaient se faire.imprimer incognito,' avaient recours à l'intermédiaire officieux de Rétif, en raison de ses rapports avec l'imprimerie, la censure de police et la librairie de colportage». L'opinion de M. R. Merlin, bibliothécaire au ministère d'Etat, est que les ouvrages de Rétif de la Bretonne, imprimés avec une orthographe régulière, ne sont pas de lui. M. Ch. Monselet luimême a reconnu que Rétif n'était pas fort en grammaire et qu'il se glorifiait presque de ne pas écrire orthographiquement sa langue. VI. L'Ecole des Pères. Avec cette épigraphe: Forme ton fils comme ta femme voudrait qu'on t'eût formé; élève ta fille comme tu voudrais qu'on eût élevé ta femme. En France et à Paris, chés la veuve Duchesne, Humblot, Le-Jai et Doréz, etc., 1776, 3 vol. in-8, sur grand papier fort, de 480, 192 et 372 pag. (3 tom. en 2 vol. demi-rel., 4 fr. 50 c., Catal. Alvarès); et 3 vol. in-12. Trad. en allemand. C'est une espèce de traité sur l'éducation, une singerie d'Emile, dont le seul résultat est de faire sentir la supériorité de Rousseau.» Voici ce que nous lisons (1) dans la Revue des ouvrages de l'auteur, placée à la suite de la description des figures du Paysan perverti», édition de 1788: «L'Ecole des Pères (Paris, veuve Duchesne, imprimée à 1,500 exempl.) parut en mai 1776, 3 vol., après avoir été retenue fort longtemps. L'auteur l'avait rachetée du libraire Costard, pour la mettre à la rame et en extraire le meilleur pour son Nouvel Emile; mais il en fut détourné par quelqu'un de ses amis, qui le conseilla mal. Cet ouvrage est bien supérieur à l'Ecole de la Jeunesse, publiée cinq ans auparavant ». Il résulte de ce passage assez obscur aujourd'hui, que Rétif acheta l'édition entière d'un

(1) M. Paul Lacroix.

livre qui ne pouvait paraître, faute de privilége, et qui était arrêté depuis longtemps par la censure et la police. Rétif, au lieu de détruire cette édition, y fit des car-tons et la rendit par là susceptiible d'être autorisée, du moins ta-citement. Il n'hésita pas ensuite à se donner pour l'auteur de l'ouvrage, qu'il avait publié seulement, à ses risques et périls. En parlant de cet ouvrage avec certaines réticences obligées, Rétif n'a pas même l'air de savoir qu'une partie de son Marquis de T***, ou l'Ecole de la Jeunesse, publiée en 1771, se retrouve textuellement dans l'Ecole des Pères, publiée en 1776, il est vrai, mais imprimée six ans auparavant! L'Ecole des Pères, que Rétif fit paraître en 1776, sous son nom, avec cette rubrique : En France et à Paris, chés la veuve Duchesne, Humblot, Le-Jai et Doréz (on peut certifier, à en juger d'après l'orthographe, que Rétif est du moins l'auteur du titre) forme 3 vol. in-8 sur papier fort le premier volume a 480 pag.; le deuxième 192, et le troisième 372. Or, l'édition originale, dont nous avons un exemplaire sous les yeux, ajoute M. Paul Lacroix, devait porter d'abord ce titre Le Nouvel Emile, ou l'Education pratique, avec cette épigraphe: Res eadem vulnus opemque feret. Ovid. II, Trist. v. 20; fleuron un aigle sur des attributs de musique, dans une couronne. A Genève, et se trouve à Paris, chez J.-P. Costard, libraire, rue Saint-Jean-de-Beauvais, 1770. Sur le faux titre: Idées singulières. L'Educographe. Rétif ne soupçonnait pas que cet ouvrage était destiné à faire partie des Graphes. Le premier volume a 480 pages, de même que l'Ecole des Pères, mais les pages suivantes ont été remplacées par des cartons: 1-2, 3-4, 9-10, 31-32, 41-42, 51-52, 53-54, 57-58, 65-66, 79-80, 81-82-86 (deux pages au lieu de six), 87-88, 211212, 247-248, 355-356. Le second volume offre des différences bien plus importantes : il a 480 pages, tandis qu'il n'en a plus que 192 dans l'Ecole des Pères. Il paraît que le censeur exigea d'abord des

cartons aux pages suivantes : 1-2, 59-60, 122-128 (en supprimant ici six pages), 189-190, 191-192, 419420, 435-436, 437-438, 439-440, 441-442. Puis, de tout le volume, on ne conserva que les 192 premières pages, en supprimant tout le reste. Le troisième est également mutilé; de ses 476 pages, il n'en est resté que 372 dans l'Ecole des Pères. On demanda des cartons depuis la première page jusqu'à la 48e, et, sans doute, lorsque ces cartons furent présentés, on refusa de les admettre, et on retint définitivement le permis de publier. C'est six mois plus tard que Rétif acheta l'édition pour la mettre à la rame, c'est-à-dire au pilon; mais il connaissait intimement plusieurs censeurs, et il proposa de nouveaux cartons qui furent acceptés après plusieurs remaniements successifs. L'ouvrage parut enfin avec son nom, mais tellement défiguré, que le véritable auteur ne voulut pas reconnaître son ouvrage. Il n'y eut donc pas de débat de paternité entre le vrai père et le faux père pour l'Ecole des Pères : Rétif resta seul maître de l'enfant, ou plutôt de l'avorton, qu'il avait mutilé ». (1) VII. Les Gynographes, ou Idées de deux honnêtes femmes sur un projet de règlement proposé à toute l'Europe, pour mettre les femmes à leur place, et opérer le bonheur des deux sexes; avec des notes historiques et justificatives, suivies des noms de femmes célèbres; recueillis par N.-E. Rétif de la Bretonne, éditeur de cet ouvrage. Avec cette épigraphe :

A d'austères devoirs le rang de femme engage, Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends, Pour être libertine et prendre du bon temps. Ecole des Fem., 111 act., 2 sc.

La Haie, Gosse et Pinet, et Paris, Humblot, 1776, 2 part. en un vol. gr. in-8 de 567 pages. Anonyme (demi-rel. 7 fr., Catal. Alvarès); mais il y a des exemplaires sous la rubrique de La Haie, et avec la date de 1777, qui portent le nom de l'auteur, présenté tel que nous venons de le donner. VIII. Adèle de Com**, ou Lettres d'une

(1) M. Paul Lacroix.

fille à son père. Avec cette épigraphe: Forme ta fille comme tu voudrais qu'on eût élevé ta femme. En France, et se trouve à Paris, chez Edme Rapenot, 1777, 5 part. in-12 (20 à 25 rel., Catal. Alvarès). Dans le 5e volume, Rétif a réuni plusieurs brochures, dont quelques-unes avaient déjà paru séparément, et pour lesquelles, après une préface de l'éditeur, il a composé ce nouveau titre: Pièces singulières et curieuses, relatives aux Lettres d'une fille à son père, savoir: (G) La-Cigale-et-la-Fourmi; (H) Le-Jugement-de-Paris; avec des Réflexions sur l'Ambigu-Comique; (1) Il-recule-pour-mieuxsauter; (J) Contr'avis aux Gens de lettres, cité précédemment. Chacune de ces pièces a un titre, et une pagination particulière. «La Cigale et la Fourmi » et « le Jugement de Paris », sont deux pièces de théâtre que l'auteur a souvent réimprimées. Gardel, à qui il envoya la seconde, en fit plus tard un ballet. Les « Réflexions sur l'Ambigu-Comique» fournissent des renseignements qu'on chercherait en vain autre part, sur le répertoire du théâtre enfantin dirigé par Audinot. « Il recule pour mieux sau-. ter» est un conte graveleux. Nous avons dit précédemment ce que c'est que le Contr'Avis aux gens de lettres». La vente de cette 5e partie fut contrariée par la censure; aussi cette partie est-elle de toute rareté. Admirateur passionné de J.-J. Rousseau, dont il affectait toutes les singularités, ce qui lui valut le surnom de Rousseau du ruisseau, Rétif l'accusa pourtant d'avoir perdu l'éducation en France, par le relâchement de l'autorité paternelle, et il eut la vanité d'opposer à l'Emile» les Lettres dont nous venons de donner le titre, en déclarant que cet ouvrage était un présent inestimable qu'il faisait à son siècle et à la postėrité. « Ces lettres, dit Rétif, sont << un système d'achèvement d'édu«< cation capable de produire les « fruits les plus heureux; mais ce << n'est pas le seul mérite de la cor<< respondance que j'ai publiée; « elle est un chef-d'œuvre de sen«sibilité, un tissu de lumières et

« de vertus ». Rétif ne croit cependant avoir éclipsé Rousseau, puisqu'on trouve dans la liste des ouvrages qu'il se proposait de composer: le Contre-Emile et la ContreNouvelle Héloïse, en autant de lettres que la véritable; et Claire d'Orbe, ou le Pendant de la Nouvelle Héloïse. IX. Le Quadragénaire, ou l'Age de renoncer aux passions; histoire utile à plus d'un lecteur. Avec cette épigraphe Turpe senilis amor. Genève, et Paris, veuve Duchesne, 1777, 2 vol. in-12, avec 15 gravures (broch. 8 fr., Catal. Alvarès). Les faux titres portent Le Quadragénaire, ou l'Homme de XL ans. Dans son avantpropos, l'auteur dit : « Dans un siècle où il y a tant de célibataires, qui souvent ne continuent à l'être que parce qu'ils l'ont été, n'est-ce pas rendre service à l'Etat que de donner au public nos observations sur les mariages tardifs des hommes, et de prouver qu'ils sont presque toujours les plus heureux? etc. ». X. L'Andrographe, ou Idées d'un honnête homme sur un projet de règlement, proposé à toutes les nations de l'Europe, ⚫ pour opérer une réforme générale des mœurs, et, par elle, le bonheur du genre humain: avec des notes historiques et justificatives. Recueillies par N.-E. Rétif de la Bretonne, éditeur de l'ouvrage. Avec cette épigraphe: Maudit celui qui, le premier, entourant un champ d'un fossé, dit: Ce champ est à moi! J.-J. R. La Haie, Gosse et Pinet; Paris, veuve Duchesne, Belin, Mérigot, 1782, 2 part. en 1 vol. gr. in-8 de 475 pag. (rel. en veau, 7 fr., Catal. Alvarès). Rétif avait d'abord annoncé cet ouvrage sous le titre de l'Anthropographe, ou l'Homme réformé; ce titre se retrouve en tête du texte (après les seize premières pages formant introduction), et au commencement de la seconde partie. Ce n'est qu'après coup qu'il y a substitué celui de l'Andrographe. XI. Les Veillées du Marais, ou Histoire du grand prince Oribeau, roi de Mommonie, au pays d'Évinland; et de la vertueuse princesse Oribelle, de Lagenie. Tirée des anciennes Annales irlandaises, et récemment TOME XII

translatée en français par NicholsDonneraill, du comté de Korke, descendant de l'auteur. Imprimé à Waterford, capitale de Mommonie, et se trouve à Paris, chés la veuve Duchesne, 1785, 4 part. en 2 vol. in-12 de 496 et 560 p. (demirel., 8 fr. 50 c., Catal. Alvarès). Ces deux volumes forment deux abécédaires. Rétif regardait cet ouvrage, ennuyeux et mal écrit, comme très-propre à diriger l'éducation d'un prince destiné au trône il a été reproduit sous le titre d'Instruction d'un prince royal, tirée d'un ouvrage irlandais, Paris, 1771. L'auteur y a fait quelques cartons. Il existe, on ne sait en quelles mains, un exemplaire, unique, des Veillées du Marais, orné de 52 dessins; Rétif l'a offert, dans les catalogues de ses ouvrages, au prix de 724 livres. XII. Tableaux de la bonne compagnie, ou Traits caractéristiques, anecdotes secrètes, politiques, morales et littéraires, recueillies dans les sociétés du bon ton pendant les années 1786-1787, accompagnées de planches en taille douce, dessinées par Moreau jeune, etc. Paris, 1787, 2 vol. in-18. (Broch. 10 fr., catalogue Alvarès). Les figures sont les mêmes que celles de l'ouvrage suivant; les chapitres portent aussi en partie les mêmes titres, mais le livre est tout à fait différent. M. Ch. Monselet n'a pas connu cet ouvrage. XIII. Monument du costume physique et moral de la fin du dix-huitième siècle, ou Tableaux de la vie, ornés de figures dessinées et gravées par M. Moreau le jeune, dessinateur du cabinet de S. M.T. C., et par d'autres artistes. Neuwied-sur-le-Rhin, Soc. typogr., 1789, gr. in-fol. de 36 pages de texte et 26 gravures. Cet ouvrage, dit M. Ch. Monselet, très-beau et très-cher, véritable livre de fermier général, est devenu aujourd'hui d'une rareté excessive, surtout le texte. Les gravures sont des chefs-d'œuvre; elles se vendent séparément et sont vivement recherchées. Autres éditions: 1° Sous le même titre. Londres, C. Dilly, Poultry, 1790, 2 vol. in-12 à belles marges, papier fort, avec une gravure excessivement jolie au com

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mencement de chaque. 2o Sous le titre de Tableaux de la Vie, ou les Moeurs du dix-huitième siècle, avec 17 figures en taille douce. Neuwied sur-le-Rhin, Société typogr., et Strasbourg, J.-G. Treuttel, sans date, 2 vol. in-18 (demi-rel. mar., n. rogné, doré en tête, 7 fr. 50 c., Catalog. Alvarès). Avis des éditeurs : « Nous ne donnons point cette galerie pour une collection de tableaux originaux. « Le Monument du Costume» de M. Rétif de la Bretonne, et quelques autres ouvrages récents nous en ont fourni les matériaux. »> Nouv. édit. Neuwied-sur-le-Rhin, Soc. typogr., 1791, 2 vol. in-18 de 168 et 186 p., sans gravures. Même avis des éditeurs. XIV. Le Thesmographe, ou Idées d'un honnête homme sur un projet de règlement proposé à toutes les nations de l'Europe, pour opérer une réforme générale des lois; avec des notes historiques. Avec cette épigraphe: Salus populi suprema lex esto. XII. Tab. La Haie, Gosse junior et Changuion, et Paris, Maradan, 1789, 2 part. en un fort vol. de 590 pag. (rel. en v. 6 fr. 50c., Catal. Alvarès). Par une de ces extravagances sérieuses dont il avait le monopole, Rétif plaça à la fin du « Thesmographe» une farce de théâtre intitulée: 1° le Boule-dogue, en de Congé, comédie en deux actes, destinée au théâtre des danseurs de corde, le sujet étant trop bas pour les Variétés; pièce dirigée contre son propriétaire qui venait de lui donner congé; 20 l'An deux mille, comédie héroïque, mêlée d'ariettes, en trois actes; 30 plusieurs morceaux tant en vers qu'en prose. XV. L'Andrographe, les Gynographes et le Thesmographe, ou Idées singulières sur la réforme des hommes, des femmes et des lois. (Paris), 1790, 3 vol. in-8. Réunion des nos vii, x et XIV. Nous avons dit que plusieurs ouvrages attribués à Rétif, ou qu'il se laissait attribuer, ne sont pas de lui. Le très-érudit, mais un peu conjectural M. Paul Lacroix, à publié dans « le Bulletin du bouquiniste», première année (1857), deux articles intitulés : « le Véritable auteur de quelques ouvrages de Rétif de la Bretonne », p. 372

74 et 393-94, dans lesquels il conteste à Rétif, non-seulement la paternité du « Marquis de T***, ou I'Ecole de la jeunesse », dont nous avons parlé plus haut, mais encore celle des quatre premiers volumes des Idées singulières. Nous reproduisons ici l'opinion de M. Paul Lacroix sur les Graphes de Rétif: « Nous croyons que Rétif n'est pas l'auteur des quatre premiers volumes des Idées singulières, comprenant le Pornographe, la Mimographe, l'Andrographe, les Gynographes et le Thesmographe; nous sommes certain que Rétif a été seulement l'éditeur responsable de ces différents ouvrages, dans lesquels il a fait des interpolations qui tranchent d'une manière marquée avec le reste, notamment dans le Thesmographe, où il a inséré des essais dramatiques, des lettres de famille, des pamphlets personnels, etc. Il faudrait, pour établir notre opinion sur des bases solides, procéder par la voie de citations et de rapprochements littéraires. La place nous manquerait ici pour entrer dans de longs développements, et pour démontrer, «Monsieur Nicolas » à la main, que Rétif était absolument incapable de traiter avec connaissance de cause les matières sur lesquelles roulent ces ouvrages de philosophie sociale et d'économie politique. On y trouve une érudition qu'il n'avait pas, le pauvre homme; on y trouve surtout des idées qu'il n'a jamais eues. Aussi était-il tellement embarrassé de la pseudopaternité des Graphes (c'est le nom qu'il leur donnait), que son « Monsieur Nicolas» en parle à peine, et toujours avec une sorte d'hésitation, si ce n'est quand il s'agit du Pornographe, qu'il avait adopté plus ouvertement, par affection et par habitude. Je me bornerai donc à révéler le véritable auteur des Graphes, n'en déplaise à Rétif et à ses biographes ». M. Paul Lacroix veut que les quatre premiers ouvrages soient de Pierre-Louis Ginguené, alors fort jeune homme. Nous avons fait connaître l'opinion du chevalier Gérard, qui attribue à Linguet, le premier, c'est-àdire le Pornographe, opinion qui

n'en enlève pas moins à Rétif la paternité de ce volume. PierreLouis Ginguené, ajoute M. Paul Lacroix, était arrivé à Paris en 1770, âgé de vingt-deux ans, sans ressources que son esprit naturel, son instruction très-étendue et son envie de réussir. Il fut placé dans les bureaux du contrôle général; il fit connaissance avec Rétif, chez G.-M. Butel-Dumont, trésorier de France, qui s'était fait l'ami et le Mécène de « Monsieur Nicolas». Ginguené se piquait d'être philosophe et d'imiter J.-J. Rousseau; il confia donc ses élucubrations à Rétif, qui se chargea de les publier, et même de les imprimer lui-même. Telle est l'origine des Graphes, qui figurent d'abord sans nom d'auteur, et que Rétif finit par s'approprier, en s'imaginant peut-être qu'il les avait écrits, parce qu'il les avait peut-être composés à la casse. Cependant, il avait eu l'imprudence de promettre à ses lecteurs le Glossographe, quoique Ginguené ne lui eût remis que quelques fragments de cet ouvrage; pendant vingt ans, il annonça que le Glossographe allait voir le jour, et enfin, de guerre lasse, il imprima ce qu'il en avait, dans le 16 vol. de son « Monsieur Nicolas ». Voyez p. 4689 et suiv. de ce volume. Rendons à Ginguené ce qui est à Ginguené, en demandant pardon de la liberté grande à « Monsieur Nicolas ». XVI. Le Drame de la Vie (contenant un homme tout entier, pièce en treize actes des Ombres, et en dix pièces régulières). Avec cette épigraphe: Vita data est utenda. Imprimé à la maison, et se trouve chés la veuve Duchesne, Mérigot, Louis, 1793, 5 vol. in-12, avec un grand portrait de l'auteur. (Broché 27 fr.; v. m. 13 f. Catal. Alvarès). « Le Drame de la Vie» a la forme dramatique, et est entremêlé de dix pièces, qui sont: Tome 1er, Mme Parangon, ou le Pouvoir de la Vertu, en cinq actes. Tome II, Zéfyre, en trois actes; Agnès et Adélaïde, ou le Dangereux exemple, comédie en trois actes. Tome in, Rose et Eugénie, on les Inconvénients d'un imprudent mariage, pièce en trois actes; Elise, ou l'Amante du mérite, co

médie en trois actes; Louise et Thérèse, ou l'Amour et l'Amitié, comédie en trois actes; Virginie, ou la Nature fécondant l'Amour, pièce en trois actes. Tome Iv, Sara, ou la Fausse tendresse, drame en quatre actes; Félicité, ou le Dernier amour, comédie en trois actes; Fillette reconnue, comédie en trois actes. L'auteur a fait précéder cet ouvrage de ce court avertissement: « Lecteur, lisez le plus intéressant des ouvrages sans craindre le scandale ». Dans la préface de ce livre, Rétif déclare que c'est l'ouvrage le plus extraordinaire qui ait encore paru. Dans ce prétendu drame, dont il est lui-même le héros, il fait la longue énumération de toutes les turpitudes dont il s'était couvert dans le cours de sa vie c'est ce qu'il appelle se mettre au-dessus des petitesses et de la sottise chatouilleuse de l'ancien régime. On trouve parmi les pièces justificatives, imprimées à la suite de ce livre, et qui forment la seconde moitié du t. v, des poésies hasardées, et une Lettre de l'auteur à Grimod de la Reynière, dans laquelle le cynisme et la vanité de Rétif sont peints avec beaucoup d'effronterie. Cet ouvrage est le seul des Idées singulières que l'on recherche encore: les autres, qui composent cette collection, sont l'Andrographe, le Pornographe, la Mimographe, les Gynographes et le Thesmographe. Ce dernier volume est rare. Ces six ouvrages devaient être suivis d'un septième, intitulé: le Glossographe, ou Projet de réforme de la langue, qui n'aurait sans doute pas été le moins curieux. « J'ai, dit Rétif, dans son Andrographe », p. 15, sur notre langue et sur notre orthographe, des idées absolument neuves, qui n'entrent pas dans toutes les têtes ». On trouve un échantillon de son orthographe dans « les Nuits de Paris », t. xIII, p. 3006 et suivantes, dans tout le «Théâtre de l'auteur, et dans «le Drame de la Vie ». XVII. Philosophie de M. Nicolas; par l'auteur du Coeur humain dévoilé ». Paris, de l'impr. du Cercle social, l'an v de la République française (1796), 3 vol. in-12, orthographe

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