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crédit. Le président d'une grande banque de Wall Street, néanmoins, pense qu'il y aura toutes sortes de procès relatifs à la distinction raisonnable-déraisonnable », car, dit-il, chaque Trust se croit un concurrent « raisonnable de ses rivaux ». Il admet, cependant, qu'il faut attendre avant de se prononcer. Il y a, du reste, unanimité complète sur un point à savoir que la décision empêchera le ministère public de commencer des poursuites sans raisons très impératives et bien étudiées à l'avance. Cela est déjà suffisant pour tranquilliser le marché. On ne peut qu'applaudir à tout ce qui confine les attributions de l'Etat dans des limites conformes au bon sens!

Du jugement de la Cour se dégage encore un fait, relevé avec raison par M. Delano, président du Wabash Railroad: le haut tribunal, dans le cas où un Trust est condamné, lui donne tout le temps nécessaire pour se réorganiser en conformité de la loi. Wall Street voit avec plaisir que l'administration n'est pas en faveur des confiscations de propriété et qu'elle désire évidemment sauvegarder les intérêts des actionnaires 1.

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Au moment même où nous terminons cette étude, la Federal Circuit Court de Saint-Louis a débouté le ministère public de sa demande de dissolution du merger, dit « du Southern Pacific, et confirmé le contrôle acquis par le Harriman System c'est-à-dire l'Union Pacific sur la compagnie précitée. C'est la première application, par un tribunal inférieur, de la Sherman Law depuis la décision rendue à l'occasion de la Standard Oil par la Cour suprême. C'est aussi la première victoire remportée par les railroads sur l'administration.

Nous remarquerons, en finissant, que l'emploi du Sherman Act, en ce qui concerne les compagnies de transport (chemins

1. Il y a néanmoins beaucoup à faire, pour les directeurs d'un trust de l'importance de la Standard Oil, lorsqu'ils veulent ajuster les choses de façon que les actionnaires ne perdent rien à la réorganisation. Etant donné que la Société doit se « désintégrer » en partie pour laisser désormais agir seules les sous-sociétés convaincues d'avoir violé la loi, on doit procéder à un remaniement complet des actions. Or, certaines compagnies subsidiaires du Trust font 10 millions de profits nets par an, alors que d'autres n'atteignent que 1 million. Dans ces conditions, une distribution équitable entre la masse des petits actionnaires possédant, par exemple, 13, 5 ou 10 actions de l'ancien trust prend bien du temps.

de fer et autres) devient de moins en moins nécessaire, au fur et à mesure que le Gouvernement fédéral étend ses attributions sur ces compagnies. Mais la loi conservera un champ d'action suffisamment large. On a souvent répété que la suppression des barrières douanières serait le meilleur procédé pour se débarrasser des corporations à tendances monopolisatrices. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'un certain nombre de ces corporations pourraient se former et vivre sous un régime libre-échangiste. Même, donc, si l'on adoptait aux Etats-Unis une politique commerciale plus libérale, le Sherman Act, judicieusement appliqué, serait appelé à rendre des services. GEORGE NESTLER TRICOCHE.

LES INDUSTRIES FRANÇAISES AU DÉBUT DU XX SIÈCLE

L'INDUSTRIE COTONNIÈRE

DÉVELOPPEMENT ET PUISSANCE ACTUELLE DE PRODUCTION

Définitions.

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I. DÉFINITIONS. HISTORIQUE

Historique de l'industrie.

de fabrication.

Les progrès des procédés

Définitions. Le coton, auquel on a donné le nom de laine végétale, est le duvet fin, soyeux et blanc qui enveloppe les graines de différentes espèces de plantes appartenant au genre Gossypium et vulgairement appelées cotonniers.

• Produit de la filature du coton, le fil de coton, qu'on dénomme aussi coton filé, s'obtient par le passage de la matière première à travers une série de machines destinées: les unes (batteuse, ouvreuse) à le nettoyer et à l'étendre, les autres (cardes, peigneuses) à établir le parallélisme des fibres; d'autres (étireuses, bancs à broches) forment des rubans, puis des mèches de plus en plus fines, suivant le numéro à obtenir, pour aboutir au métier à filer, qui achève le produit en lui donnant le degré de finesse et de torsion requis. Le fil de coton est ainsi composé de fibres de coton juxtaposées côte à côte et bout à bout, puis tordues ensemble pour obtenir une ténacité suffisante. » Cette fibre est d'une telle ténuité, qu'avec

1. Dictionnaire du commerce, de l'industrie et de la banque. Article «Coton », par M. G. Dumont. Librairie Félix Alcan. Paris. Voir aussi le « Coton », par M. Henri Lecomte; le « Coton », par M. A. Lalière.

2. Dictionnaire du commerce, de l'industrie et de la banque. Article « Fils de coton », par M. Gustave Roy fils. Voir aussi Traité complet de la filature du coton, par Alcan (1865); la Filature du coton, par Pierre Labens.

1 kilogramme de coton on peut obtenir un fil de 1 million 800 000 mètres de longueur.

Quant au tissage, voici sommairement en quoi il consiste : « Préparation, d'une part, de la chaîne en disposant en nappe les fils parallèles dans le sens de ce qui sera l'étoffe, et en les encollant; préparation, d'autre part, de la canette qui contient les fils de trame; puis tissage proprement dit, par les passages successifs de la canette porteuse de la trame à travers les fils de chaîne1. »

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Ensuite interviennent, pour les fils et les tissus, les industries finisseuses, apprêt, blanchîment, teinture, impression. Les produits de l'industrie cotonnière constituent, seuls ou mélangés avec ceux des diverses industries textiles, la matière première de la bonneterie, de la passementerie, de la lingerie, de la confection, etc. « Notre industrie, disait récemment M. Jean de Hemptinne 3, est celle qui dans le monde occupe le plus grand nombre de bras et sustente le plus de familles. N'oublions pas qu'après la nourriture, le vêtement est l'élément de la vie matérielle le plus indispensable à l'homme. Le coton fournit les neuf dixièmes de la matière première employée à la fabrication des tissus dont on fait les vêtements. On voit par là l'importance de son rôle économique dans le monde. L'intérêt général de l'humanité est donc lié à la prospérité de l'industrie cotonnière... »

Tout en faisant quelques réserves sur le sens donné par son auteur à cette dernière phrase, il est bien certain que les manufacturés de coton font l'objet des premiers besoins des peuples qui s'éveillent à la civilisation. Ils se prêtent à mille modifications diverses, par lesquelles on parvient à leur donner la solidité du lin, l'apparence chaude et duveteuse de la laine, ou l'éclat et le brillant de la soie. Ils satisfont aux goûts les plus variés, comme aux nécessités les plus impérieuses. On peut dire, enfin, qu'ils accompagnent les consommateurs même les plus pauvres, dans tous les pays civilisés depuis le berceau jusqu'à la tombe.

1. La Crise de l'industrie linière et la concurrence victorieuse de l'industrie cotonnière, par M. A. Aftalion, professeur agrégé d'économie politique à l'Université de Lille. 1 vol., Larose, éditeur, Paris, 1904.

2. Voir le Traité des apprêts et spécialement des tissus de coton, de M. Joseph Depierre, 1 vol. in-8. Ch. Béranger, éditeur, Paris. — L'Impression des tissus à travers les âges, du même auteur, 1 vol., Béranger, éditeur, Paris, 1910. 3. Discours prononcé à la séance d'ouverture du septième Congrès cotonnier international, le 6 juin 1910, à Bruxelles.

J'envisagerai uniquement, au cours de cette étude, la filature et le tissage du coton. Même ainsi délimité, le sujet n'en reste pas moins d'une étendue et d'une complexité telles qu'il me sera bien difficile d'éviter quelques lacunes.

Historique de l'industrie. - Le coton, qui a toujours existé à l'état sauvage dans la plupart des pays chauds, fut cultivé de temps immémorial dans l'Hindoustan, en Chine, en Perse et en Egypte 1. Il en est fait mention dans la Bible.

L'origine de la filature et du tissage du coton se confond elle-même avec l'origine de la civilisation. J.-B. Say pense que ce textile a sa part dans la formation de la légende des Argonautes et de la conquête de la Toison d'or. Dès les temps. les plus reculés, l'Orient fournissait à l'Europe, entre autres marchandises, ses mousselines et ses tissus de coton, par la voie de la mer Noire. Ensuite, les Grecs participèrent à ce commerce, puis les Phéniciens. Tyr devint alors le principal entrepôt. Alexandrie parvint à détourner à son profit le commerce de l'Orient, jusqu'au jour où Vasco de Gama découvrit la route du cap de Bonne-Espérance. Dès lors, les Portugais, puis les Hollandais, puis les Anglais s'emparèrent de ce commerce".

Au temps des croisades, les étoffes de coton étaient encore considérées comme objets de haut luxe. Peu à peu, des établissements se créèrent en Europe, et la production se développa progressivement, quoique lentement, jusqu'au dix-huitième siècle. Mais, jusqu'à cette époque, tout se faisait au moyen de procédés rudimentaires, à peu près identiques à ceux des anciens: cardage à la main, filage au rouet et tissage sur métiers à main. Aussi, les noms qui devaient occuper la première place dans l'histoire de l'industrie cotonnière étaient-ils ceux des inventeurs des machines à filer. C'est le dix-huitième siècle qui fut le théâtre de ces grandes inventions, comme de l'apparition des Etats-Unis parmi les pays producteurs de coton. Mais l'industrie cotonnière n'a pris son plein développement qu'au cours du dix-neuvième siècle, et surtout depuis 1850. En même temps, les Etats-Unis

1. Le Colon, sa production, sa consommation, son rôle économique, par M. René Pupin, 1 broch., 84 pages, Librairie Félix Alcan, Paris, 1905-1906. 2. J.-B. Say, Cours complet d'économie politique, t. Ier, chap. XIX, édition de 1852. Librairie Félix Alcan. Paris. Voir aussi la Filature du coton dans le nord de la France, par M. Jules Houdoy. (Arthur Rousseau, éditeur, Paris, 1903), ainsi que les ouvrages déjà cités.

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