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<< verain de tous? N'est-il pas en sa puis«sance de prendre les enfants de ses sub<< jects, et les mettre à ses chariots ? N'est-il << pas en luy d'en faire des centeniers, des << grans mareschaux, des laboureurs de ses << terres, des moissonneurs de ses bleds, des << armuriers, et des charrons? Il a la puissance << de prendre les filles de ses subjects, et em<< ployer les unes à lui faire unguents et par<< fums, les autres tenir pour concubines, les << autres panetières : somme, il peult confis<< quer les champs et héritages, vignes, et « lieux plantez d'oliviers de ses subjects, s'ils << viennent à faillir, et en faire donation à << qui bon lui semblera; et prendre la dixième << partie du revenu des bleds et vignes des « siens, et à la parfin commander corvées, «< ou à un chacun en particulier, ou à tous « en général. Voilà donc que c'est d'un « Roi en l'Eglise; je dy l'Eglise, c'est-à<< dire, au peuple régénéré par l'eau et le << Saint-Esprit, avec une confession du nom << du Christ, du temple et maison de Dieu, << colonne et firmament de vérité, de la « sainte vierge de l'Église catholique, chaste

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<< espouse de Christ, tirée de ses os et de sa <«< chair, qui est sans macule et ride aucune << gardant inviolablement les droicts et or<< donnances divines: en l'Eglise, dy-je, << tout ce que dessus y est pour sûr, et ce, « est la dignité royalle. Car l'Eglise est la << royne revestue en magnificence d'habits << dorez et de diverses couleurs, et enrichis « d'une vigne ès costez et environs de la mai<< son de Dieu.... Que si les prebstres refusent « à estre le sarment de ceste vigne en la com<< pagnie de la personne du Roy que l'Église << tient, advoue et recognoist pour le plus «hault et souverain sarment, que reste-t-il << à faire, sinon les coupper et les jetter dedans << le feu pour brusler*. »

Tel est le droit royal, comme le conçoit le gallicanisme; tout ce que dessus y est pour súr: il ne tolère ni un doute, ni une exception. Et c'est ici qu'il faut se donner le spectacle de l'extravagance humaine. Des hommes qui se prétendent les amis, les défen

Traictez des droicts et libertez de l'Église gallicane. Paris, chez Pierre Chevalier, 1612; p. 108 et 109.

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seurs de la liberté, se prendront d'un amour tendre pour les maximes gallicanes, les adopteront comme un symbole, les présenteront aux peuples avec respect; et accusant les prêtres qui repoussent avec horreur cette doctrine folle et abominable, de favoriser le despotisme, le pouvoir arbitraire et ses excès, ils diront d'eux aussi : Que reste-t-il à faire, sinon les coupper et les jetter dedans le feu pour brusler? Eh bien donc, qu'ils coupent et qu'ils brûlent ces prêtres séditieux qui osent nier que Dieu ait livré aux Rois les biens de leurs sujets et leurs personnes, pour en user selon leurs caprices; pour faire de leurs fils des armuriers et des charrons, et de leurs filles des panetières et des concubines: encore une fois, qu'ils coupent et qu'ils brûlent; on ne brûle pas la conscience, et tant qu'il restera sur la terre un vrai chrétien, sa voix, qu'on n'étouffera jamais, s'élèvera pour protester contre ces principes de servitude, et pour réclamer les droits sacrés que le gallicanisme essaie de ravir à l'humanité au nom de Dieu.

Certes, on ne parviendra pas plus à établir

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de solides gouvernements avec cette doctrine dégradante, qu'avec la doctrine du libéralisme. Le vice particulier de celle-ci est de détruire radicalement ce que l'autre corrompt, la notion du pouvoir et de l'obéissance. Leur vice commun est de constituer, sous quelque forme de police qu'on puisse imaginer, un esclavage profond, inévitable, éternel. Le pouvoir, dans l'une et dans l'autre, essentiellement arbitraire, n'est jamais que la volonté variable de l'homme: et comme il est sans règle, il est aussi sans limites, puisqu'il n'en sauroit avoir que dans une loi extérieurement obligatoire, dans une loi indépendante et du peuple et de lui, qui statue sur les droits et les devoirs réciproques : par conséquent dans une Loi divine, proclamée et maintenue perpétuellement par une autorité infaillible: car, << sila souveraineté de droit ne peut appartenir « qu'à l'infaillibilité, à coup sûr elle lui ap<< partient; si l'homme a droit de n'obéir << qu'à la vérité, à la raison, en revanche il est << absolument tenu de lui obéir ». Or le li

M. Guizot. Globe du 25 novembre 1826.

béralisme refuse de reconnoître la Loi divine, aussi bien que l'autorité par qui seule on peut la connoître certainement, et le gallicanisme affranchit de l'une et de l'autre le souverain, en tant que souverain. Il est donc impossible que les nations chrétiennes, qui veulent invinciblement la liberté que leur a acquise Jésus-Christ, retrouvent le repos, tandis que la société continuera d'être sous l'influence exclusive de deux systèmes d'erreur, dont il ne peut sortir qu'une servitude également honteuse et intolérable.

Ce qui à pu, à certains égards, faire illusion sur la nature et les effets du système gallican, c'est la sorte de noblesse et de grandeur apparente que le dévouement au Prince avoit empruntée des anciennes mœurs chrétiennes et chevaleresques. On est toujours près d'admirer, et avec raison, ce qu'inspire l'esprit de sacrifice. Quand donc on voyoit des hommes, distingués d'ailleurs par tant d'avantages sociaux et de qualités brillantes, prodiguer, au moindre signe du maître ',

'Cette expression de Maître, toute moderne en com

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