ODE XX. A MÉCÈNE. Sous une double forme emporté vers les cieux, Ce n'est point sur une aile ordinaire et timide Que de l'air je franchis le vide; Je triomphe des envieux, J'abandonne la terre et fuis d'un vol rapide. Ne m'enfermera point dans ses replis nombreux. Déjà mes pieds se cachent à la fois; Je sens naître un léger plumage Sur mes épaules et mes doigts; Cygne nouveau, j'en ai la blancheur éclatante. Bientôt, plus prompt qu'Icare, oiseau mélodieux, Je verrai le Bosphore et sa rive bruyante, Colchos, la Gétulie ardente, L'Hyperborée et son ciel rigoureux, Me Colchus, et, qui dissimulat metum Marsæ cohortis, Dacus, et ultimi Discet Iber, Rhodanique potor. Absint inani funere næniæ, Luctusque turpes, et querimoniæ; Compesce clamorem, ac sepulcri Mitte supervacuos honores. Les Gélons et le Dace, à l'aspect de nos armes Dissimulant sa crainte et ses alarmes. Ceux que le Rhône enfin abreuve de ses eaux, Et la docte Ibérie, à mes accents nouveaux Applaudiront et trouveront des charmes. Cessez vos cris, et d'honneurs superflus Ne chargez point la tombe où je ne serai plus. CARMINUM HORATII LIBER TERTIUS. CARMEN I. Odi profanum vulgus et arceo. Favete linguis carmina non prius Audita, Musarum sacerdos, Virginibus puerisque canto. Regum timendorum in proprios greges, Reges in ipsos imperium est Jovis, Clari Giganteo triumpho, Cuncta supercilio moventis. D'HORACE. LIVRE TROISIÈME. ODE I. Loin d'ici, profane vulgaire ! Et toi, Rome, silence! à tes nobles enfants, Que n'a jamais connus la terre. Du peuple qui les craint les maîtres tout puissants |