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ET L'ANONYME.

PRÉFACE

DE L'AUTEUR.

L'AUTEUR inconnu d'un pamphlet intitulé, Petit almanach de nos grands hommes1, assure qu'il aurait fourni de bons mémoires à l'auteur du pauvre Diable. Ceux qui croient connaître la personne de l'Anonyme sont convaincus de cette vérité. L'aveu fait beaucoup d'honneur à sa franchise. On ne saurait trop l'exhorter à ne pas se laisser pervertir. L'ingénuité est une qualité d'autant plus précieuse qu'elle est devenue très-rare.

Le Petit almanach de nos grands hommes est une liste fort longue de noms pour la plupart inconnus dans les lettres, parmi lesquels on en trouve qui sont connus avantageusement. L'auteur,

1. Le comte de Rivarol.

absolument dénué de discernement, n'a eu d'autre dessein que de nuire. Il a choisi la forme d'un dictionnaire, comme le cadre de dénigrement le plus facile à remplir. « Un nouveau poi<< son, dit M. de Voltaire, fut inventé depuis quel« ques années dans la basse littérature: ce fut

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d'outrager les vivants et les morts par ordre alphabétique. » Si cette satire, au lieu d'avoir trois cents pages, en avait sept ou huit; si l'on y découvrait plus de goût et plus de connaissance de la littérature, elle aurait le petit mérite d'être assez piquante dans un genre facile et déja usé.

Je n'ai point été oublié dans cet Almanach. On y assure que j'ai bien voulu diriger les Étrennes de Polymnie. Sans prétendre dénigrer ce recueil, il est certain que j'en ignorais encore le nom. Je n'en ai pas moins été charmé de la plaisanterie de l'Anonyme. Je n'ose me flatter qu'il soit aussi content du petit écrit que je présente au public. Ce bel esprit doit sentir cependant que j'ai travaillé pour son instruction. Il peut se corriger encore, s'il est d'une extrême jeunesse. Je désire bien vivement de lui être utile, et je lui pardonne de tout mon cœur.

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A M. LE MARQUIS
DE XIMÉNÈS,

EN LUI ENVOYANT L'OUVRAGE SUIVANT, QUI PARUT
LE 10 MARS 1788.

A Bagnols, 1788.

En ce tems de miséricorde,
Salut! que le ciel vous accorde
Plaisirs, paix et contrition!
Lisez avec attention

Ce livret, doux et charitable,
Composé pour l'instruction
D'un citoyen très-respectable.
Descendu des mêmes aïeux,

Hélas! très-sots enfans des hommes,
Faut-il donc, frères que nous sommes,

Allumer la guerre en tous lieux?

Non la guerre est une folie;

Procès, combats, bons mots, sifflets,

Tout se répare, et tout s'oublie;
On finit par chercher la paix.
Je veux qu'on me réconcilie

OEuvres anciennes. III.

8.

Avec mon frère Faribol.

Tout l'univers sait qu'à Bagnol
Il a passé pour un prodige;
Il devient (c'est ce qui m'afflige)
Un peu malin, faute d'argent;
Il est né pour être indulgent;
Et voici que je le corrige.
Il s'est souvenu de mon nom
Dans sa savante et docte prose 1;
Il savait que j'ai le cœur bon,
Et que je prendrais bien la chose :
J'ai dû, sans courroux, sans noirceur,
Mais aussi sans trop de douceur,
Lui laver sa tête légère.

Peut-être mon zèle sincère

Touchera l'ame du vaurien;

S'il est ingrat, c'est son affaire;
Son cœur ne peut changer le mien,
Car je sais dompter ma colère:
C'est la vertu d'un vrai chrétien ;
Et de notre loi débonnaire

Le grand point, le point capital,
Selon saint Luc, est, mon cher frère,
De faire le bien pour le mal.

1. Le petit Almanach des Grands Hommes.

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