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MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.

MONSIEUR LE MINISTRE,

Vous avez permis à l'auteur de ces Études où se rencontrent et se prêtent un mutuel appui, la poésie et l'art de guérir, de placer votre nom en tête de ce livre, et je serais bien heureux et bien fier si ce livre n'était pas indigne d'un si haut et si cher patronage.

Il m'a semblé en effet qu'un digne Ministre de l'Instruction publique devait agréer volontiers une nouvelle démonstration de la gloire et de l'utilité des belles-lettres! Elles sont une grâce à tous les esprits, un ornement à toutes les sciences; elles sont un refuge, une consolation pour ces laborieux praticiens à qui les hommes confient ce qu'ils ont de plus cher au monde, après l'honneur, leur vie et leur santé.

Voilà ma thèse, Monsieur le Ministre, et bien des hommes éminents la soutiennent de leurs convictions généreuses..... elle a déjà reçu sa récompense dans le bienveillant accueil que j'ai trouvé auprès de vous.

De votre Excellence

Le très humble et très obéissant serviteur

P. MENIÈRE.

INTRODUCTION.

On peut dire que les sciences, les lettres et les arts, ces bases solides de toute civilisation, viennent évidemment de deux sources principales la Grèce et l'Italie. Athènes et Rome, sont le berceau des connaissances humaines; c'est toujours à ces deux nations, puissantes dans la paix et la guerre, qu'il faut aller demander l'origine de ce qui constitue aujourd'hui la société avec ses perfectionnements les plus glorieux. Nous ne prétendons pas que les Grecs et les Romains soient les inventeurs de toutes choses, qu'ils! aient créé, par la seule force de leur génie, les merveilles que nous admirons, et que ce germe divin, semé par eux, fournisse la moisson abondante que nous recueillons aujourd'hui ce serait méconnaître les leçons de l'histoire, et les hardis explorateurs du passé nous reprocheraient, à juste titre, de ne pas tenir compte des faits qu'une critique ingénieuse a signalés dans le développement de quelques civilisations antiques. Athènes s'est enrichie, sans nul doute, des fruits exquis de la sagesse orientale; ses plus illustres auteurs ont recueilli les traditions dont l'Égypte était dépositaire, mais cet héritage fut glorieusement vivifié par des esprits ardents. Sous la main intelligente des Grecs, l'or, débarrassé de son alliage, sortit brillant et pur d'une gangue informe; le métal précieux subit un travail qui rehaussa son prix; la pensée, obscurcie par des ténèbres épaisses, jaillit en éclairs du sein des nuages

a

qu'une caste jalouse amoncelait autour d'elle; en un mot, ce fut la nation grecque qui vulgarisa la science, qui la rendit populaire, et lui assura dans l'avenir un progrès auquel il n'est pas permis d'imposer des limites.

Faut-il s'étonner que le monde reconnaissant ait célébré la gloire du peuple ingénieux à qui nous devons un si splendide bienfait? Les Romains, qui, les premiers, en ont profité, n'acceptèrent pas sans murmure le patronage de l'Attique; leur grossièreté répugnait à ses élégances infinies. Prosateurs et poètes, hommes d'État surtout, se moquaient à l'envi des raffinements d'une société dont ils ne comprenaient pas le charme; mais bientôt il fallut céder à cette bénigne influence des lettres et des arts, la science elle-même ne tarda pas à s'imposer aux vainqueurs, et le triomphe fut complet.

Plus tard, quand aux douces lueurs de la Renaissance le monde moderne secoua sa triste barbarie, ce fut à l'Italie, et par conséquent à la Grèce, que l'on demanda les germes précieux qui devaient refleurir parmi nous. On reprit avec ardeur des études si longtemps interrompues, le grec et le latin formèrent la base de toute instruction, la langue française sortit, radieuse chrysalide, des rudesses qui l'enveloppaient, et l'Europe entière sentit le contre-coup de cette résurrection. Partout on vit éclore des chefs-d'œuvre, le génie français déploya ses ailes; original même en imitant, il montra sa puissance, et le siècle de Louis XIV, effaçant ceux de Léon X et des Médicis, fut digne de succéder au siècle d'Auguste.

De ces hauteurs où l'esprit se plaît à contempler l'ensemble des connaissances humaines, nous pouvons facilement descendre à quelque point isolé, à la médecine, par exemple, et voir si, dans son développement progressif, elle a suivi la marche commune; si elle est arrivée jusqu'à nous par une transmission régulière à travers les âges et les peuples, comme toutes les sciences fondées sur l'observation et le raisonnement. Cette question, que se font vo

lontiers ceux qui ne sont pas les serviles adorateurs du fait, mais qui aiment à savoir d'où viennent les choses et comment elles sont parvenues jusqu'à nous, cette question nous nous la sommes adressée, et nous avons tenté de la résoudre. Nos origines médicales ont été l'objet de patientes recherches; des esprits exercés à tous les labeurs de l'érudition la plus savante et la plus sévère ont remonté bien haut dans la nuit des temps pour découvrir les rudiments de cette science, contemporaine du berceau des nations, et nous n'avons pas la prétention de leur enseigner de nouvelles routes pour arriver à la vérité. Mais à côté des travaux qui ont illustré plusieurs de nos maitres, il y a place pour des œuvres moins sérieuses, d'une moindre portée. peut-être, et cependant dignes d'intérêt, car elles contribuent à jeter un peu de lumière sur des questions que les plus éminents critiques n'ont pu résoudre entièrement.

La médecine, telle qu'elle existe aujourd'hui, est évidemment grecque, elle a sa source dans la collection hippocratique, elle est et sera l'éternel honneur du vieillard de Cos, et les observateurs modernes les plus attachés à la constatation des faits matériels qui constituent pour eux la maladie, ne répudieront jamais, il faut l'espérer, ce noble héritage d'un passé que tant de siècles ont presque divinisé.

Mais avant les écrits d'Hippocrate il y avait, non-seulement dans la mémoire des peuples mais encore dans l'enseignement oral des philosophes, dans les récits des poètes, des historiens, une médecine vulgaire, fruit direct de l'observation, qui ne prit le caractère de science réglée que quand le génie des Asclepiades s'en fut emparé. Homère, Hésiode, Sapho, Ésope, Anacréon, Eschyle, Pindare, Sophocle, ces enfants de la muse primitive, ont parlé des maladies et de leurs remèdes; Solon, Thalès, Pythagore, Hérodote, Thucydide, historiens et législateurs, ont protégé la santé des peuples et raconté les épidémies meurtrières qui ravagèrent les nations; Socrate, qui s'occupait surtout des infirmités de l'âme, les comparait à celles du corps, et

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