Imágenes de páginas
PDF
EPUB

NOTE.

The Compiler does not deem an apology necessary for adding, in an Appendix, the discourse of one of the most learned and eloquent advocates of the United States, upon the life and services of a Judge universally esteemed and lamented in Louisiana. The discourse itself is in detail a compendious history of the civil law of the state, of whose judiciary the subject of it was a distinguished

ornament.

He has added, with more diffidence, a short exposition of the titles of the ancient French inhabitants.

APPENDIX.

No. I.

PANEGYRIQUE

DE

L'HONORABLE GEORGE MATHEWS,

PRÉSIDENT DE LA COUR SUPREME DE L'ETAT DE LA LOUISIANE,

[blocks in formation]

AVOCAT GÉNÉRAL ET DOYEN DU BARREAU,

En vertu d'une Résolution adoptée à la Nouvelle-Orleans par ses confrères assemblés le 16 Novembre, 1836.

MESSIEURS ET ESTIMABLES CONFRERES :

CHEZ nos ayeux Européens, il n'y a pas très long tems encore qu'à la mort du prince, ou des grands que le "droit de naissance" plaçait à la tête des peuples, un usage antique voulait, lors même que l'histoire, fidèle à sa mission, leur burinait des pages peu faites pour les recommander au respect des générations futures, que les plus grands orateurs les représentassent, dans des panégyriques de la plus haute éloquence, sous les traits de demi-dieux qui n'avaient marqué leur trop court passage sur la terre que par des actions héroïques ou par des bienfaits dignes de l'admiration et de la reconnaissance des hommes. Là le simple magistrat préposé à l'administration de la justice, quels que fussent les droits qu'il avait acquis à l'estime et à l'amour de ses contemporains; quels que beaux et sublimes exemples qu'il eût laissés à suivre pour le bonheur des sociétés, ne pouvait descendre au tombeau qu'ignoré ou inapperçu de ceux qui n'habitaient pas le lieu circonscrit où il avait exercé ses augustes fonctions. L'usage ne permettait pas que la renommée publiât ailleurs ses vertus ou ses services, ni qu'il fût le sujet d'un discours funèbre destiné à en perpétuer le souvenir. Considéré comme la créature ou l'instrument du prince ou d'un seigneur haut-justicier, il n'avait aucun mérite éclatant qui lui fût propre: c'était à ceux-ci que s'attribuaient l'amour et le

[ocr errors]

respect qu'il avait su inspirer pour la justice et pour les lois, ainsi que l'union et la concorde que sa sagesse avait fait régner dans son pays. Ces maîtres des peuples étaient les héritiers de sa gloire. Ils recueillaient comme un tribut légitime les éloges et les hommages qui n'étaient dûs qu'à ses vertus et à sa conduite exemplaire.

Chez nous, Messieurs, il n'en est heureusement point ainsi. Chez nous les vertus et les vices, les bonnes et les mauvaises actions des individus, quels qu'ils soient, leur sont entiérement personnels: le mérite ou le blâme leur en appartient exclusivement. Le plus haut placé dans l'exercice du pouvoir n'est et ne peut être, aux yeux de la société entière, qu'une simple créature de la loi, qu'un mandataire comptable de tous ses actes envers le peuple son souverain, source unique de toute autorité, de tout pouvoir légitime. Nous l'honerons quand il s'est rendu digne de louanges: Il est consigné à l'oubli lors qu'il n'a pas justifié la confiance dont il avait été investi: Et les mérites, les services et les vertus d'aucun autre fonctionnaire ne sauraient le faire vivre lui-même dans notre mémoire, ni lui servir de passeport vers la postérité.

Aussi, Messieurs et confrères, pouvons-nous dire sans hyperbole que l'assemblée que vous composez en ce moment a quelque chose de vraiement édifiant, si nous la comparons à ces pompeuses cérémonies, à ces brillans concours obligés de courtisans superbes, où pour, me servir des expressions d'un écrivain célèbre, “Un orateur que personne ne croyait venait parler de vertus qu'il ne croyait pas d'avantage, tâchait de se passioner un instant pour ce qui était quelquefois l'objet du mépris public et le sien, et entassant avec harmonie des mensonges mercenaires, flattait longuement les morts pour être loué lui-même ou recompensé par les vivans."*

Réunis dans cette enceinte par votre seule volonté, vous n'avez qu'un désir; c'est de rendre un juste hommage à la vérité; c'est d'acquitter autant qu'il est en vous de le faire, une dette sacrée, en honorant la mémoire d'un bon citoyen qui a servi votre pays avec zèle, que vous avez tous connu, que vous avez tous été en position de bien apprécier; qui, en remplissant au milieu de vous, les devoirs épineux, les fonctions délicates de la magistrature, pendant un tiers de siècle fécond en évènemens dont l'influence s'est fortement fait sentir, sur les hommes, leurs mœurs et leurs fortunes, a dû nécessairement mécontenter plus d'un plaideur, froisser l'amour propre et frustrer les espérances de plusieurs d'entre nous, et qui a cependant emporté dans la tombe notre estime et l'estime et les justes regrets de tous les honnêtes gens, de tous les bons citoyens.

Il ne vous manque ici, Messieurs, pour bien remplir vos vues, qu'une bouche assez éloquente pour célébrer convenablement les hautes qualités et le rare mérite de ce vertueux magistrat, ainsi que les importans services qu'il a rendus à l'Etat

Daignez, en entendant ces dernières paroles, ne pas m'accuser de

* Thomas. Essais sur les éloges.

l'intention puérile de cacher sous le voile d'une feinte modestie, une confiance que, plus jeune, j'aurais pû avoir dans mes propres forces. Arrivé à mon douzième lustre, après avoir consommé près des deux tiers de ma laborieuse éxistence dans la poursuite ou la défense de droits litigieux rarement susceptibles d'inspirer de beaux mouvemens oratoires, et souvent capables de glacer l'imagination la plus poetique, je ne saurais, en vérité, avoir la faiblesse de me croire, soit les talens, soit le genre d'éloquence nécessaires pour m'acquitter avec honneur du panégyrique d'un homme illustre.

Je le sentais, Messieurs et confrères, lorsque (probablement afin de me donner une marque de déférence comme votre doyen) vous me désignates pour être l'un des organes de vos sentimens-envers l'excellent Judge dont nous déplerons la perte: et, vous vous en souvenez encore, ce ne fut qu'après beaucoup d'hesitation que je me décidai à accepter cette tâche honorable qui effrayait ma faiblesse, mais audevant de laquelle on m'aurait vu courir, si elle eût été moins imposante ou plus analogue aux talens que je puis avoir reçus de la nature, ou à ceux que j'ai en l'occasion de cultiver dans l'exercice de notre profession.

Je le sens encore en ce moment, Messieurs; et, quels que disposés que vous puissiez être à me traiter avec indulgence, je ne vous-dissimulerai point que les inquiétudes de mon amour propre sont loin d'être dissipées. Mais, témoin de la manière distinguée dont notre honorable George Mathews a, pendant trente ans, rempli tous les devoirs de sa place; ainsi que des nombreuses vicissitudes que, dans cette longue période, notre législation civile a subies; observateur attentif et souvent alarmé des écueils que l'amour des innovations semait continuellement sous ses pas et sous ceux de ses estimables collègues; pénétré, comme je le suis, des services importans dont notre Louisiane est redevable à sa rare impartialité, à son excellente judiciaire, à son zèle soutenu pour la justice; si j'ai dû ne pas songer à vous faire entendre un de ces discours brillans qui charment par les grâces du style et la richesse de l'élocution, un de ces panéyriques conformes aux règles du genre, dans lesquels la chaleureuse et féconde imagination de l'orateur exerce, deploye noblement ses trésors, dans l'intérêt de sa propre gloire autant que dans l'intérêt de la gloire de son héros; je manquerais de sincérité, si je ne vous avouais pas que, simple narrateur, j'ai l'espoir de vous intéresser en vous rappelant quelques uns des titres que ce magistrat justement regretté a constamment su se faire, par sa conduite et par ses doctrines, au respect et à la reconnaissance de tout bon citoyen Louisianai.

Puissent, au surplus, Messieurs, les réflexions qui jailliront des faits que je vais tâcher de grouper, et de quelques vérités que plusieurs d'entre vous vont entendre pour la première fois, peut-être, avoir le double effet de stimuler les belles ames qui se sentent disposées à marcher sur les traces de cet illustre fonctionnaire public, et d'exciter quelques employés de l'Etat qui, je le crains; n'ont que de l'insouciance pour ce qui n'est pas une récompense tangible de leurs services, à faire

quelques efforts, afin d'échapper soit à la censure de leurs contemporains, soit à la flétrissure du silence réprobateur de la posterité. Tel est le seul vœu que je fais en ce moment, et s'il peut n'étre pas stérile, je croirai n'avoir pas trop mal rempli la tâche qu'il vous a plu de m'assigner.

L'honorable George Mathews devait le jour à d'honnêtes et respectables parens qui habitaient la Virginie, devenue depuis si justement célèbre par la brillante constellation de grands-hommes qu'elle a fournis à la République.

Sa mère, enceinte de quelques mois lors de la mémorable expédition qui se termina par la battaille de l'embouchure de la grande Kanawah, le mit au monde le 30 Septembre 1774, dans le comté d'Augusta, pendant que son père, qui était du nombre des braves qui composaient cette expédition, exposait sa vie pour la défense de son pays, et commençait à se faire remarquer par un courage rare, une présence d'esprit admirable, une justesse de coup d'œil surprenante, qui ne tardèrent pas à lui faire attribuer, par ses compagnons d'armes, le principal mérite et, en quelque sorte, toute la gloire de cette belle journée-journée fameuse, qui vit ce que peut, contre des hordes sauvages qui ne savent que détruire pour vivre, qui n'ont d'autre jouissance que le carnage; la valeur heroîque de l'homme civilisé qui se bat pour protéger une famille qui lui est chère et conserver un champ que ses mains cultivent.

Depuis le moment de sa naissance jusqu'à l'âge de dix ans, sa mère, que l'on aimait à distinguer, entre ses vertueuses compatriotes, par la supériorité de son esprit, l'excellence de son jugement et les plus aimables qualités du cœur, eût seule tout le soin de son éducation. Constamment au service de sa patrie, pendant la majeure partie de ce tems, son père qui n'avait que rarement le bonheur de le presser contre son sein, se reposait de ce soin, avec toute confiance, sur cette épouse bien aimiée; convaincu qu'elle ne pourrait manquer de donner à leur fils chéri, des leçons capables d'en faire un jour un homme utile à leur pays. Et, à quelles mains plus sûres, un bon père pouvait-il penser à remettre la tâche de faire germer, dans le cœur du jeune enfant de son chaste amour, des principes d'honneur et de vertus? Les femmes ne possèdent-elles pas à un très haut dégré le grand art d'inspirer de bonne heure le goût des plus grandes et des plus nobles choses?

Privé des leçons et des exemples de son excellent père, que la mort lui ravit, dès l'age de dix ou onze ans, l'immortel Washington ne futil pas élevé par la femme qui l'avait porté dans son chaste sein? n'estce pas aux tendres soins, à la constante sollicitude de ce modèle des mères qu'il fut redevable des beaux sentimens, des vertus austères et patriotiques qui le distinguèrent dans toutes les circonstances de sa noble vie, et lui imprimèrent l'ineffaçable caractère de vraie grandeur et de suprême bonté, qui l'a fait proclamer: "Le premier dans la guerre, le premier dans la paix, et le premier dans le cœur de ses concitoyens?"

« AnteriorContinuar »