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Sontenelle.

Le fort, vous le favez, favorable, ou contraire,
Décide auffi de la beauté.

Si de ces heureux jours je revoyois l'image,
Si mes larmes touchoient le Ciel, ou l'Empereur,
Peut-être... mais, hélas! quel retour j'envifage!
D'où me vient cette douce erreur?

En me la pardonnant, imitez la clémence
De qui pour vos vertus voulut vous adopter;
Vous êtes par le fang, par l'aveugle naissance
Moins obligé de l'imiter.

Colar

Colardeau.

Colar de a u.

Dieser angenehme und gefühlvolle französische Dichter war aus Janville im Gebiete von Orleans gebürtig, und starb zu Paris im J. 1776. Er war der erfte, oder wenigftens eis ner der crßtern ncuern Franzosen, der die Gattung der Hes roide wieder bearbeitete, die vor etwa fünf und zwanzig Jahren die Lieblingsgattung der Dichter seiner Nation, und bis zur Ausschweifung und Uebertreibung bearbeitet wurde. Wes nigstens erschien sein Schreiben der Heloise an Abeillard, eine Nachahmung Pope's, schon im Jahre 1758; worauf die nachstehende Antwort des Abeillard, von Dorat, sich bezicht. Beide erreichen freilich ihr Vorbild nicht; sie sind aber doch nicht ohne Schönheiten der Empfindung und des Ausdrucks. Man hat noch mehrere Heroiden von Colars deau; z. B. Lausus an Lydie, und Urmide an Rinaldo. Seine Trauerspiele, Astarbe und Caliste, und seine Nachs ahmungen der Youngischen Lächte, und des Tempels zu Cnidus von Montesquieu,, erhielten weniger Beifall. Zur Probe gebe ich hier den Brief des Laufus an Lydie, zu dessen Verständniß das zehnte Buch der Veneide Virgil's zu vergleichen ist.

LAUSUS à LYDIE.

Dans ces jours de triomphe et de rejouissance,
Où le falte orgueilleux étalant fa puiffance,
Au milieu des plaifirs, des jeux et des feltins,
S'apprête à célébrer vos illuftres deftins;
De quel oeil verrez-vous ces triftes caracteres,
D'un jufte défespoir foibles depofitaires;
Ces fignes imprudens que ma plume a tracés,
Et que mes pleurs helas! ont bientôt effacés?
Qu'avez-vous fait, Lydie, et que viens-je d'enten-
dre?

Eft-il vrai, qu' outrageant la nature et l'amour,
Le Tyran ombrageux, à qui je dois le jour,

Malgré

Malgré les cheveux blancs et le faix des années,
Peut à fes triftes jours unir vos destinées?

QU'UN Roi foible et vaincu, chaffé de fes Etats,
Qu'un Prince fugitif, fans amis, fans foldats,
Pour éviter les maux où la fuite l'expofe,
Aille fubir le joug qu'un Tyran lui propose,
Qu'il accepte une paix dont fa fille eft le prix;.
De cette lâcheté Laufus n'eft point furpris;
Mais que pour écouter un devoir chimérique,
D'un pere ambitieux, victime politique,
Une amante fans foi trahiffe fes fermens,
Et brife fans pitié les noeuds les plus charmans;
Je l'avouerai jamais de cette perfidie,

Le malheureux Laufus n'eut foupçonné Lydie.

O vous, qui méprifant un fentiment vain

queur,

M'enfoncez de fang froid un poignard dans le
coeur !

O vous, qu'une autre main de la pourpre décore,
Vous, que j'ai tant aimée.... Et que j'adore en-

core,

Lydie! il eft donc vrai .... que n'en puis je douter!
Qui l'eût cru, qu'en partant j'aurois à redouter
D'un rival abfolu l'autorité fuprême ?

Que le don d'un état, l'offre d'un diadême,
D'une honteufe paix le projet spécieux,

Tenteroient votre coeur, éblouiroient vos yeux?

Ne vous fouvient-il plus de ce combat fu
nefte,

De ce défaftre affreux, où le Roi de Préncfte,
Après avoir perdu des milliers de foldats,
Vaincu, forcé de fuire, chaffé de fes Etats,
Pour comble de malheurs, pour dilgrace derniere,
Dans les fers du vainqueur vous laifla prifonniere?
Dans ces premiers momens d'une jufte douleur,
Je crois vous voir encore fans force et fans cou-

leur,

Au

Colardeau.

Colardeau... Au milieu des débris des Legions fanglantes,

Portée entre les bras de vos femmes tremblantes.
Votre âge, vos malheurs, vos pleurs, votre beauté,
Auroient d'un tigre même adouci la fierté.

On nomma votre pere en ces momens d'allarmes,
Et vos yeux vers le ciel élevés, pleins de larmes,
Trouverent à l'inftant tous les coeurs attendris.
Mézence en fut lui-même interdit et furpris.
Il arrêta fon bras avide de carnage,
Et parut oublier fon orgueil et fon âge.

J'étois auprès de lui. Dans le champ des guer

riers,

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Pour la premiere fois je cueillois des lauriers:
Nourri dans les forêts, élevé par Mézence,

Au grand art de la guerre inftruit dès mon en-
fance,

Ainfi qu'à fupporter les plus rudes travaux,
A vaincre les Lions, à dompter les Chevaux;
Interdit, défarmé, confus à votre vue,

Je me fentis brûler d'une flamme inconnue!
O Lydie! à quel point touché de vos douleurs,
Ne m'accufai-je pas de caufer vos malheurs?
Qu'elle fe venge enfin, me difois-je à moi même;
Ah! qu'elle me haïffe, autant que mon coeur l'ai-

me;

Je ne m'en plaindrai point, je l'ai trop merité.
Cependant quand je vis que mon pere irrité,
De la fureur foudain paffoit à la clémence;
Un changement fi prompt dans le coeur de Mé-

zence

Peut-être à des foupçons eut dû me préparer:
Car le coeur d'un Tyran fait-il fe moderer?
Il femble que pour lui l'excès foit néceffaire;

Et toujours d'un extrême il tombe en fon con-
traire.

Hélas! je n'entrevis, dans les foins de l'amour,
Que de l'humanité le vertueux retour....
Moi, qui, dans cet inftant, peu fait à me contrain-
dre,

A déclarer mes feux ne voyois rien à craindre,

Au

Au penchant de mon coeur ardent à me livrer,
Du plaifir de vous voir je courus m'enivrer.

A mes yeux chaque jour vous paroiffiez plus belle;
Et loin qu'à mes defirs ma raifon fût rebelle,
Dans ma crédulité je me flattois de voir

K

Mon penchant quelque jour s'unir à mon devoir,
Fauffe fécurité! Funefte confiance?...
Hélas! jeune, fans fard et fans expérience,
Je ne foupçonnois pas qu'un tas de délateurs,
Des vices de leur Roi lâches adulateurs,
Infâmes Courtifans, fuppôts vendus au crime,
Cortege d'un Tyran que la vengeance anime,
Du funefte détail de mes foins les plus doux
Allât flatter Mézence et nourrir fon courroux!
Rappellez-vous ce jour à jamais mémorable,
Dont malgré les horreurs de mon fort déplorable,
Mon coeur fe plait encore à fe ressouvenir;
Ce jour qui m'annonçoit un heureux avenir,
Ce jour, où votre coeur jufqu'alors inflexible,
Pour la premiere fois parut être fenfible!
Je vins vous faire part de cet heureux traité,
Qui vous rendoit un Trône avec la liberté;
Par qui la paix enfin fur ces bords ramenée,
Alloit être le fruit d'un illuftre hymenée.
»Daignerez-vous, vous dis-je, en ferrant vos ge-

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noux,

"Approuver un hymen qui me feroit fi doux!
Ah! puis-je me flatter, jeune et belle Lydie,
"Qu'un projet qu'à conçu mon ame trop hardie,
„Puisse trouver un jour grace devant vos yeux? .....
„Au nom de votre pere, au nom de vos ayeux,
„Au nom de cet amour refpectueux et tendre,
"Que mes yeux dès long-temps ont dû vous faire
entendre,

"Acceptez une paix, qui va vous rétablir

Dans des droits que le fort ne peut plus affoiblir?

Je vais trouver Mézence: Il m'aime, il est mon

pere;

Il a loué cent fois mon courage; et j'espere

» Que

Colardeau.

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