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n'ont tendu qu'à le gêner et qu'à défigurer le Poëme lyrique.

Le compositeur pourrait se permettre dans l'oratorio un style plus élevé, plus figuré que celui de l'opéra: la religion, qui rend ce drame sacré, semble aussi autoriser le musicien à éloigner ses personnages un peu plus de la nature par des accens moins familiers à l'homme et par une plus forte poésie.

FIN.

LETTRES

DE M. GRIMM

A FRÉDÉRIC II,

ROI DE PRUSSE.

1

DE M. GRIMM

A FRÉDÉRIC II,

ROI DE PRUSSE. (1)

PREMIÈRE LETTRE.

Paris, le 19 mars 1781.

SIRE,

Si j'osais vous fatiguer de mes lettres aussi souvent que le souvenir de vos bontés m'occupe et m'obsède, ma correspondance deviendrait bientôt le pain quotidien de Sans-souci ; et un Monarque dont toute l'Europe respecte le repos comme elle a admiré ses travaux, se trouverait exposé continuellement à un bavardage importun et interminable. Comment se peut-il

(1) Je tire ces Lettres du troisième volume du Supplément aux œuvres posthumes de Frédéric II. Cologne, 1789, in-8°. ( Note de l'Editeur.)

donc qu'avec de si belles dispositions, j'aie passé tant de mois sans écrire à Votre Majesté, sans porter à ses pieds l'hommage de ma reconnaissance, après la lettre remplie de bonté, dont elle m'a honoré l'automne dernier? C'est que j'ai constamment observé qu'il n'y a que les grands hommes de vraiment oisifs dans ce monde, qu'il n'y a qu'eux qui aient le temps de faire des poëmes,' de composer des brochures, de jouer de la flûte, comme s'ils n'avaient pas leurs états et l'Europe à gouverner, tandis que les petites gens sont toujours écrasés par leurs occupations. Je suis donc forcé de convenir de la chose du monde la plus ridicule et la plus malheureuse : c'est que j'ai été écrasé par mes petites et insignifiantes affaires, et réduit à la douloureuse extrémité de négliger jusqu'à ma grande Impératrice, et son auguste allié et lieutenant-colonel. Rien n'est plus exact, Sire, que cette qualité que vous jugez

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propos de prendre. Si elle met Votre Majesté un grade au-dessous de moi, il est cependant bien sûr que le grand Frédéric et la grande Catherine se sont servis réciproquement de lieutenans-colonels, et qu'ils s'en sont assez bien trouvés l'un et l'autre pour continuer leur. service sur ce pied-là jusqu'à la fin des siècles. Quant

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