Imágenes de páginas
PDF
EPUB

taureau séducteur, bientôt pâle et

tremblante, son au

dace l'abandonna, à l'aspect des monstres marins qui bondissaient autour d'elle, et des nombreux écueils qui l'environnaient.

Naguère encore, au milieu des prés et des fleurs, elle tressait la couronne vouée aux Nymphes; et maintenant, à la faveur d'une clarté douteuse, elle ne voit plus que la vaste étendue des cieux et des mers. A peine elle eut touché les bords de la Crète aux cent villes puissantes :

« O mon père, s'écria-t-elle, qu'ai-je fait ! J'ai donc abjuré le doux nom de fille, et un moment de délire a triomphé de ma tendresse pour toi! D'où viens-je?... où suis-je?... Non, une seule mort est trop peu pour expier ma faute! Veillé-je? et mon crime n'est-il qu'un rêve pénible, une vaine mais innocente illusion, échappée de la porte d'ivoire? fallait-il donc préférer une course lointaine, à travers les flots, au doux passetemps de cueillir des fleurs nouvelles? Oh! que ne le livre-t-on à mon courroux, ce perfide taureau! avec quel plaisir je plongerais le fer dans ses flancs, et briserais les cornes du monstre qui m'a séduite un moment! Au mépris de la pudeur, j'ai abandonné le foyer paternel.... et j'hésite encore à mourir! O dieux ! s'il en est qui m'entendent, que ne suis-je errante et nue au milieu des lions? Avant que l'affreuse maigreur ait altéré mes traits et décharné d'avance leur proie, que ne suis-je, belle encore, exposée à la dent vorace des tigres? Fille indigne de lui, entends-tu les reproches d'un père absent? — Que tardes-tu encore à mourir? ta ceinture ne t'a heureusement point quittée, et l'arbre voisin secondera ton désespoir. Préfères-tu la pointe de ces rochers; veux-tu chercher une mort plus prompte au milieu de ces écueils;

Pascere tigres.

VILIS Europe! pater urget absens,

Quid mori cessas? potes hac ab orno Pendulum zona bene te secuta

Lædere collum.

SIVE te rupes, et acuta leto
Saxa delectant, age, te procellæ
Crede veloci; nisi herile mavis
Carpere pensum,

REGIUS sanguis, dominæque tradi
Barbaræ pellex. » Aderat querenti
Perfidum ridens Venus, et remisso
Filius arcu;

Mox ubi lusit satis : « Abstineto, Dixit, irarum calidæque rixæ, Quum tibi invisus laceranda reddet Cornua taurus.

UXOR invicti Jovis esse nescis.

Mitte singultus; bene ferre magnam Disce fortunam : tua sectus orbis

Nomina ducet. »

XXVIII.

AD LYDEN.

FESTO quid potius die

Neptuni, faciam? Prome reconditum, Lyde strenua, Cæcubum,

Munitæque adhibe vim sapientiæ.

n'hésite pas plus long-temps: élance-toi avec la tempête, à moins que tu n'aimes mieux, digne sang des rois, tourner un fuseau servile, sous les lois d'une maîtresse étrangère.

[ocr errors]

Cependant Vénus, et son fils incliné sur son arc détendu, écoutaient en souriant malignement les plaintes d'Europe. Quand ils se furent assez long-temps joués de son erreur : « Calme, lui dit Vénus, calme ce grand courroux; cet odieux taureau va de lui-même livrer à ta co

lère ces armes que tu veux briser. Épouse, sans le savoir, du puissant Jupiter, cesse de plaindre ton sort; familiarise-toi avec l'éclat de la haute fortune qui t'appelle l'une des parts de l'univers s'honorera désormais de porter ton nom. »

DARU.

XXVIII.

A LYDÉ.

QUE ferai-je de préférence en ce jour consacré à Neptune?... Allons, Lydé, hâte-toi de tirer le Cécube de sa prison! Emporte d'assaut le rempart où se réfugie ta sagesse!... Tu vois le midi pencher vers son déclin, et comme

Inclinare meridiem

Sentis; ac veluti stet volucris dies,
Parcis diripere horreo

Cessantem Bibuli consulis amphoram.

Nos cantabimus invicem

Neptunum, et virides Nereidum comas;
Tu curva recines lyra

Latonam et celeris spicula Cynthiæ;

Summo carmine, quæ Cnidon

Fulgentesque tenet Cycladas, et Paphon
Junctis visit oloribus ;
Dicetur merita nox quoque nænia.

XXIX.

AD MECENATEM.

TYRRHENA regum progenies, tibi
Non ante verso lene merum cado,
Cum flore, Mæcenas, rosarum, et
Pressa tuis balanus capillis

JAMDUDUM apud me est. Eripe te moræ :

Ne

semper udum Tibur, et Æsulæ

Declive contempleris arvum, et

Telegoni juga parricidæ.

FASTIDIOSAM desere copiam, et

Molem propinquam nubibus arduis ;

Omitte mirari beatæ

Fumum, et opes, strepitumque Romæ.

si le jour s'arrêtait dans son vol, tu tardes à enlever du grenier l'amphore qui depuis le consulat de Bibulus attend un buveur! Nous chanterons tour-à-tour Neptune, et les vertes chevelures des Néréides. Toi, tu célébreras sur ta lyre recourbée Latone, et les flèches rapides de Diane. Nous saluerons de nos derniers accens la déesse qui règne à Cnide, sur les brillantes Cyclades, et qui visite Paphos sur son char attelé de cygnes. Nous donnerons aussi à la nuit les chants qui lui sont dus.

LEON HALevy.

XXIX.

A MÉCÈNE.

DESCENDANT des rois d'Étrurie, depuis long-temps je te réserve un vin délicieux; il t'attend dans son amphore vierge. J'ai aussi des roses, et des parfums pour

tes cheveux.

Point de retards importuns. Ne contemple pas toujours le frais Tibur, et les collines fertiles d'Ésula, et les sommets du parricide Télégon.

Quitte pour un instant les ennuis de l'opulence, et ce palais dont le faîte s'élève jusqu'aux nues. Cesse d'admirer la fumée, le luxe et tout le bruit de cette Rome. qui se dit heureuse !

Horace. i.

15

« AnteriorContinuar »