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Vous voulez que, moi aussi, je prenne ma part de ce brûlant Falerne! Eh bien! que d'abord le frère de Megille d'Opuntia nous dise de quelle blessure il est frappé, de quelle flèche il est heureux de mourir ! Il balance!

Je ne boirai qu'à ce prix. Quelle que soit la beauté qui t'enchaîne, elle ne te brûle point de feux dont tu doives rougir, et tu ne peux pécher que par un amour honnête et pur. Quel que soit ton secret, allons, confie-le à des oreilles discrètes. Ah! malheureux, qu'entends-je? dans quel abîme t'es-tu jeté? Tu méritais une flamme plus heureuse.

Quelle magicienne, quel enchanteur, avec tous les philtres de la Thessalie, quel dieu pourra te délivrer? A peine Pégase lui-même pourrait-il t'arracher à la triple Chimère qui t'enlace de ses replis.

LÉON HALEVY.

XXVIII.

ARCHYTAS ET LE MATELOT.

LE MATELOT.

Toi qui mesuras la mer et la terre, et le sable innombrable, Archytas, te voilà retenu près du rivage de Matinum, parce qu'on te refuse le bienfait de quelques grains de poussière. De quoi te sert-il maintenant d'avoir pénétré jusqu'aux célestes demeures, et embrassé de ton génie l'univers immense? Tu devais mourir.

Horace. I.

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ARCHYTAS.

OCCIDIT et Pelopis genitor, conviva Deorum,

Tithonusque remotus in auras

Et Jovis arcanis Minos admissus; habentque
Tartara Panthoïden, iterum Orco
Demissum, quamvis, clypeo Trojana refixo
Tempora testatus, nihil ultra

Nervos atque cutem morti concesserat atræ ;
Judice te, non sordidus auctor
Naturæ verique. Sed omnes una manet nox,
Et calcanda semel via leti.

Dant alios Furia torvo spectacula Marti;
Exitio est avidum mare nautis :

Mixta senum ac juvenum densantur funera; nullum
Sæva caput Proserpina fugit

Me

quoque devexi rapidus comes Orionis

Illyricis Notus obruit undis.

At tu, nauta, vaga ne parce malignus arenæ

Ossibus et capiti inhumato

Particulam dare: sic, quodcumque minabitur Eurus
Fluctibus Hesperiis Venusinæ
Plectantur sylvæ, te sospite; multaque merces,

Unde potest, tibi defluat æquo

Ab Jove, Neptunoque sacri custode Tarenti.
Negligis immeritis nocituram

Postmodo te natis fraudem committere? Fors et

Debita jura, vicesque superbæ

Te maneant ipsum; precibus non linquar inultis,
Teque piacula nulla resolvent.

ARCHYTAS.

Il est mort aussi, le père de Pélops, convive des dieux, et Tithon, enlevé dans les airs, et Minos, admis aux secrets de Jupiter. Il est aux enfers, le fils de Panthoüs, descendu une seconde fois aux sombres demeures, quoiqu'il attestât, par un bouclier détaché du temple de Junon, son existence aux temps troyens, et qu'il se vantât de n'avoir cédé que son corps au trépas; il est mort ce fut (tu en conviens toi-même) un interprète sublime de la nature et de la vérité. Mais la même nuit nous attend tous, et il faut fouler une fois le sentier de la mort. Les uns meurent, donnés par les Furies en spectacle au terrible Mars; la mer avide est le tombeau du nautonier; les funérailles de la vieillesse et de l'enfance se pressent, se confondent; la cruelle Proserpine n'épargne aucune tête. Moi aussi, le vent du midi, compagnon rapide d'Orion à son coucher, m'a englouti dans les ondes illyriennes. Matelot, ne sois pas assez impitoyable pour refuser à mes os et à ma tête sans sépulture, quelques grains de ce sable mouvant. En retour, que tous les orages préparés par l'Eurus aux flots d'Hespérie, tombent sur les forêts de Venouse, et qu'ils épargnent ta tête! Puissent l'équitable Jupiter, source de tout bonheur, et Neptune, gardien de la ville sacrée de Tarente, verser sur tes jours de nombreux bienfaits! Ne craindras-tu point de commettre un crime qu'exp raient plus tard tes fils innocens? Peut-être toi-même auras-tu à subir un juste châtiment et de superbes retours. Mes prières, si tu me délaisses, ne resteront point sans vengeance, et nulle expiation ne pourra racheter ta faute........ Quoique tes momens te soient chers,

Quanquam festinas, non est mora longa; licebit

Injecto ter pulvere curras.

XXIX.

AD ICCIUM.

ICCI, beatis nunc Arabum invides
Gazis, et acrem militiam paras
Non ante devictis Sabææ

Regibus, horribilique Medo

NECTIS catenas. Quæ tibi virginum,
Sponso necato, barbara serviet?
Puer quis ex aula capillis

Ad cyathum statuetur unctis,
DOCTUS sagittas tendere Sericas
Arcu paterno? Quis neget arduis
Pronos relabi posse rivos

Montibus, et Tiberim reverti;
QUUM tu coemptos undique nobiles
Libros Panæti, Socraticam et domum
Mutare loricis Iberis,

Pollicitus meliora, tendis?

XXX.

AD VENEREM.

O VENUS, regina Gnidi Paphique,
Sperne dilectam Cypron, et vocantis

je ne te demande qu'un court délai : jette trois fois sur moi un peu de poussière, et reprends ta course sur les flots.

LÉON HALEVY.

XXIX.

A ICCIUS.

ICCIUS, tu portes donc maintenant envie aux riches trésors de l'Arabe; tu prépares une guerre sanglante aux rois, encore indomptés, de Saba; tu forges des chaînes au Mède redoutable! Quelle est la jeune vierge étrangère qui, pleurant son fiancé, servira sous tes lois? Quel est le jeune enfant, élevé dans le luxe des cours, qui, les cheveux parfumés, se tiendra debout pour remplir ta coupe, habile, naguère, à diriger la flèche sérique sur l'arc paternel? Qui niera désormais que les ruisseaux descendant des hautes montagnes ne puissent remonter vers leurs sommets, et le Tibre refluer vers sa source puisque tu aspires aujourd'hui à échanger contre des cuirasses d'Ibérie ces nobles écrits de Panétius que tu avais rassemblés de toutes parts, et les leçons de l'école socratique, à qui tu promettais un sage?

LÉON HALEVY.

XXX.

A VÉNUS.

O VENUS, reine de Gnide et de Paphos, quitte l'ile chérie de Chypre et transporte-toi dans la demeure

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