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Il est grand, le malheur qui cause ma tristesse!
Mes chagrins seront éternels.

Au palais de Selma, dans ses fêtes brillantes,
Tels furent jadis nos plaisirs;

Ainsi les douces voix et les harpes savantes
De mon père Fingal enchantaient les loisirs.

Sitôt

que nos concerts pouvaient se faire entendre,
Les chefs près du héros couraient se rallier;
Du haut de leur colline on les voyait descendre;
Et des Bardes en moi tous vantaient le premier.
Maintenant ma langue est glacée ;

La nuit succède aux jours sereins;
La vieillesse et les longs chagrins
Ont éteint mon âme oppressée.
Quelquefois sur les monts je revois mes aïeux:
Je veux me retracer leur gloire;

Je cherche à retenir leurs chants harmonieux:
Je ne puis les graver dans ma triste mémoire.
La voix du tems me crie: « Ossian! c'est assez:

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Pourquoi chanter encor? tes beaux jours sont passés;

« Bientôt tu dormiras sous le monument sombre; « Et nul Barde, dans l'avenir,

« Ne viendra consoler ton ombre

<< En célébrant ton souvenir. >>

Hâtez-vous, lentes destinées!

Si désormais la vie est amère pour moi,
Tombe de mes aïeux! il est tems, ouvre-toi :

Dévore un Barde éteint par le froid des années.

Les enfans des concerts, au tombeau descendus,
Appellent Ossian relégué sur la terre;

Les accens des héros ne sont plus entendus :
Ma voix reste après eux plaintive et solitaire.
Ainsi, quand les vents en repos

Des pins majestueux n'agitent plus la tête,
Un frémissement sourd prolonge la tempête
Sur le rocher battu des flots.

AU SOLEIL.

FRAGMENT DU POÈME DE CARTHON.

O toi, qui luis sur nous, et roules dans les cieux,

Rond comme le pavois que portaient nos aïeux!
D'où vient de tes rayons l'éternelle lumière?
Soleil! Tu viens d'ouvrir ta brillante carrière;
Tes regards ont chassé les astres de la nuit;
La lune, pâle et froide, au sein des eaux s'enfuit.
Tu puises dans toi seul le mouvement, la vie;
Qui peut t'accompagner dans ta course infinie?
On voit au haut des monts les chênes ébranlés
Tomber; on voit les monts lentement écroulés;
L'Océan tour à tour et s'élève et s'abaisse;
Et la lune se perd dans les plaines du ciel;
Le seul astre du jour se réjouit sans cesse,
Inaltérable et pur en son cours immortel.
L'éclair vole; on entend retentir les orages;
La foudre gronde au loin dans les airs sillonnés ;
Et tout à coup, Soleil! entr'ouvrant les nuages,
Tu ris de la tempête et des vents déchaînés.
Hélas! pour Ossian ta lumière est perdue:

Tes feux consolateurs n'enchantent plus ma vue,
Quand tes cheveux dorés flottent sur l'Orient,
Quand ta lumière tremble au bord de l'Occident.
Un jour peut-être, un jour le poids glacé de l'âge
Doit aussi mettre un terme à ton brillant destin;
Et peut-être, endormi dans le sein du nuage,
Tu seras insensible à la voix du matin.
Réjouis-toi, Soleil! et brille en ta jeunesse;
La saison des vieillards amène la tristesse :
C'est l'astre de la nuit dont les pâles rayons
Lancent, durant l'hiver, leur lumière incertaine,
Lorsque le vent du nord vient fondre sur la plaine,
Lorsqu'un brouillard épais enveloppe les monts,
Et que le voyageur dans sa course lointaine
Tremble, en foulant aux pieds la neige et les glaçons.

CLONAL ET CRIMORA.

QUEL

CRIMORA.

UEL est celui que mon œil vient de voir?
Quel est celui qui descend des montagnes,
Pareil au nuage du soir,

Quand les derniers rayons colorent les campagnes?
Quelle est la voix dont les accens
Étonnent la forêt calme et silencieuse?

Moins terrible est la voix des vents;

La harpe de Caril est moins mélodieuse.
C'est la voix de mon cher Clonal!

Son glaive brille au loin; mais la tristesse sombre
Sur le front de Clonal a répandu son ombre.

La guerre

a-t-elle éteint la race de Fingal?

CLONAL.

Non sa race est encor vivante;

J'ai vu du mont voisin descendre ses guerriers;
Et de l'astre du jour la flamme étincelante
Rayonnait sur leurs boucliers.

Du sommet des vertes collines

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