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trouver à côté l'une de l'autre ; elles peuvent même être mêlées jufqu'à un certain point; mais chacun. conferve toujours fon caractere avec tant de force,

qu'il perce de toutes parts, & que les propriétés des autres caracteres & les beautés de chaque genre doivent lui être analogues pour entrer dans fa com. pofition. C'est principalement l'élégance qui caractérise un jardin'; la grandeur, un parc; la fimplicité, une ferme; & l'agrément, une carriere : ces qualités diftinctives divifent les objets de la nature, de maniere que 'ceux qui conviennent à l'une, font fouvent incompatibles avec les autres: mais ce ne font pas là les feules différences effentielles.

Une carriere n'eft pas deftinée, comme un jardin, à la promenade & à la retraite : un parc renferme les ufages d'une carriere & d'un jardin, & ce font ces ufages qui déterminent l'étendue proportionnelle des fujets. Un grand jardin ne feroit qu'un petit perc, & un parc d'une vafte enceinte ne feroit qu'une petite carriere. Si une ferme excede de beaucoup les dimenfions d'un jardin, de forte que fes limites

fication particuliere que j'ai donnée à trois ou quatre mots de notre langue. J'aime mieux tirer mes expreffions de notre propre fonds, , que de me fervir de périphrases ou de mots purement anglois.

paffent les bornes d'une promenade, elle devient nne carriere. Une ferme & un jardin femblent donc deftinés à des amufemens tranquilles, une carriere convient à des exercices plus vifs, & un parc se prête à tout. Ainfi des édifices confacrés à la tranquillité & à la retraite, orneront différentes fcenes d'un jardin ou d'une ferme : ils fe préfenteront moins fréquemment dans un parc, & jamais dans une carriere, du moins n'y font-ils d'aucune néceffité.

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Un jardin n'eft pas affez vafte pour les effets qui exigent une grande diftance, mais on peut y placer des objets admirables pour un feul point de yue & propres à fixer l'attention du spectateur, lorfqu'il eft affis ou qu'il fe promene lentement, & il en eft d'autres qu'il ne verra qu'à demi & à travers l'obfcurité. Tout cela eft perdu dans une carriere où l'on ne s'occupe que des agrémens relatifs aux voyageurs & aux chemins publics, & non d'une fcene particuliere. Ses plus grands embelliffemens font les lointains qui s'apperçoivent d'une infinité de points, & le long d'une route confidérable. Les beautés de détail doivent fe trouver en abondance dans un jardin, & fréquemment dans une ferme c'est là qu'elles font foumises à une obfervation lente & réfléchie. Dans un parc elles s'attirent peu nos regards, & nous échappent dans une carriere.

Les perspectives font agréables dans tous les fujets généraux, mais il en est où elles font noins néceffaires. Dans un jardin ou dans une ferme, il fuffit fouvent qu'elles n'en paffent pas les bornes; & même dans les fcenes destinées à la retraite, une ouverture qui laifferoit voir un lointain, fortiroit de leur caractere. Un parc eft défectueux s'il se borne à fon enclos; il faut que de belles perspectives extérieures varient celles de l'intérieur, qui nous lafferoient à la fin, fielles fe continuoient fans interruption dans une aussi grande étendue. Gardons-nous cependant de trop multiplier ces variétés, & fans choix. Le parc fournira par lui-même de très-beaux points de vue, & feroit peu embelli par un lointain confus ou un échappé de perspective peu digne du refte de la compofition. Une carriere a rarement des beautés qui lui foient propres ; tous fes agrémens dépendent des objets dont elle eft entourée. Si lorsqu'on la traverse, elle n'offre que de loin en loin quelque perfpective frappante, & que le refte de la route foit ennuyeux, elle fera peu fréquentée. Il eft vrai que la feule variété, jointe à une beauté médiocre, fuffit pour la rendre agréable.

Ainfi les embelliffemens d'une route ne fe feront jamais aux dépens des perfpectives qu'offre la

campagne, parce qu'en cachant les lointains, nous détruifons les agrémens d'une carriere. Dans un jardin, au contraire, un ombrage continu est trèsagréable, & fi les points de vue font quelquefois interceptés d'un côté, nous fommes les maîtres d'en jouir dans plufieurs autres parties du jardin ; ils diminueroient même de leur prix, s'ils étoient par-tout exposés à la vue. La plus heureuse fituation d'une maifon de campagne, n'eft pas celle qui domine une plus vafte étendue de pays. Tout ce que le propriétaire doit defirer, c'est de jouir de fes fenêtres d'une perfpective riante. Il est beaucoup plus fenfible aux charmes d'un grand payfage lorfqu'il ne les voit qu'en paffant; car s'ils lui étoient trop familiers, ils lui deviendroient infipides. C'eft pour cette raifon qu'ils ne doivent pas fe préfenter dans toutes les parties du jardin, & qu'un voile jetté à propos dans une scene, peutleur donner dans une autre les graces de la nouveauté. Mais les perspectives d'une carriere ne font pas examinées affez fréquemment, pour que leur effet en devienne moins fenfible. Ainfi les plantations parfemées dans une campagne, doivent être confidérées moins comme des ombrages destinés aux voyageurs que comme objets de perfpective. Dans un parc elles peuvent fervir à ces deux fins.

Dans un jardin, ce font principalement des promenades & des lieux deftinés au repos & à la retraite. Dans une ferme, elles jouent le plus grand rôle, parce que rien ne marque plus fenfiblement la différence entre une ferme ordinaire & une ferme embellie, que la difpofition des arbres. Un bois, en qualité d'objet, y eft donc encore plus important que dans un jardin.

Quoiqu'une ferme & un jardin fe reffemblent à beaucoup d'égards, teur différence eft totale du côté du ftyle. La culture leur eft également néceffaire; mais dans l'une c'est économie, & dans l'autre. décoration. Une ferme eft confacrée à l'utilité, un jardin à l'agrément. Une campagne où les ornemens font répandus avec profufion, ne reflemble plus à une ferme ; & la moindre apparence d'agriculture choque l'idée d'un jardin. Un parc peut ne fe refufer ni à la culture ni aux ornemens. Une carriere doit nous conduire de beautés en beautés, & préfenter une scene toujours agréable. Comme c'est là fon unique deftination, elle eft plus fufceptible d'embelliffemens & de points de vue frappans, qu'un chemin qui traverfe une ferme.

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