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D'UN PAR C.

D'un parc

LV I.

terminé par un jardin. Defcription de Painshill.

Un parc & un jardin ont des rapports plus mat

N

qués & s'uniffent parfaitement l'un à l'autre fans fe dégrader mutuellement. Une ferme perd dans le mêlange quelques-unes de fes propriétés caractéristiques, & l'avantage eft du côté du jardin: au lieu qu'un parc bordé d'un jardin, conserve toutes les qualités qui lui font propres, & en emprunte même des beautés, fans que le jardin perde rien de fon éclat. La compofition la plus parfaite que puiffe offrir la campagne, confifte dans un jardin, qui s'ouvre fur un parc traverfé par une avenue courte & irréguliere, dont l'extrêmité foit une ferme, & par d'autres chemins ménagés dans des clarieres qui conduisent à de vaftes perspectives. Ainfi le parc n'eft guere qu'un paffage relativement. à la ferme & aux pays; fes bois & fes bâtimens peuvent entrer dans leurs différens points de vue; mais les fcenes ou perfpectives qui lui font pro

pres,

n'ont de communication qu'avec le jardin.. Ces deux fujets s'uniffent d'une maniere fi intime, qu'il feroit difficile de tirer entr'eux une ligne de féparation bien exacte (1). Depuis les dernieres innovations, les jardins fe font beaucoup rapprochés du caractere des parcs du côté de l'étendue & du ftyle; mais il y a toujours dans les uns des fcenes qui ne fauroient convenir aux autres. De petites retraites écartées, qui font fi agréables dans un jardin, feroient peu remarquables dans un parc; & ces vaftes peloufes qu'on compte parmi les parties les plus fuperbes d'un parc, fatigueroient dans un jardin, parce qu'elles manquent de variété : celles même qui, par leur étendue mitoyenne, peuvent convenir aux deux fujets, paroîtroient nues & ftériles dans l'un, fi rien ne les diverfifioit, & per droient beaucoup de leur grandeur dans l'autre, fi quelques objets en diminuoient l'uniformité. C'eft la proportion d'une partie au tout, qui eft la mesure de fes dimenfions, & qui détermine fouvent la fituation na

(1) Cela eft fi vrai, que les étrangers ne peuvent s'accoutumer à appliquer aux jardins Anglois l'idée qu'ils fe forment des jardins en général. Ils les appellent toujours des parcs, & ne s'éloignent pas beaucoup de la vérité.

rurelle d'un objet, ainfi que l'efpace & le ftyle convenable à chaque fcene.

Mais quelque différence qu'il y ait entre un parc & un jardin par rapport à l'étendue, les agrémens fi variés, que l'art ajoute à la nature, peuvent être prodigués à l'un & à l'autre, & feront précisément de la même efpece, quoique dans des degrés différens. On doit y reconnoître le même style dans les objets les plus diftingués, les ornemens & les perspectives: & quoiqu'une grande partie d'un parc puiffe être abandonnée à la nature, & que les fcenes les plus pittoresques ne foient pas incompatibles avec fon caractere, une forêt paroît plus analogue à cet effet. Il ne faut donc pas que le fauvage domine dans un parc; mais c'eft un heureux acceffoire, quand on en fait un ufage modéré. La culture y eft effentielle, & il est même néceffaire qu'elle y foit quelquefois portée au plus haut point. Toutes les perspectives où elle regne, fe lient naturellement; & l'éloignement de celles qui ne font point cultivées, en adoucit la rudeffe. Lors même que celles-ci font très-rapprochées, elles ont beaucoup de noblesse dans un parc, & feroient trop vaftes & trop fauvages dans un jardin : ajoutons que les beautés de détail d'un chemin ou d'une avenue, qui croife

un immenfe tapis verd, fe combinent en grandes masses, & s'élevent par leur nombre & leur réunion jufqu'au majeftueux. Ainfi, comme un parc & un jardin ont quantité de points de reffemblance, & peuvent même fe rapprocher dans les chofes où ils different, par le fecours de la perspective, il fera facile de les réunir fréquemment de la maniere la plus intime.

Painshill (1) eft fitué à l'extrêmité d'un marais, fur un terrein qui domine une plaine fertile, arrofée par la Mole. De larges vallons defcendent vers la riviere dans différentes directions, & divifent le fommet des collines en plufieurs éminences. Les jardins regnent fur les bords efcarpés en forme demi-circulaire, entre la riviere qui ferpente & le parc qui remplit les vallons. Le marais eft derriere la maison, & se montre quelquefois un peu trop à découvert; mais les points de vue, qu'une campagne bien cultivée fournit par d'autres côtés, font plus agréables. Ils font terminés par des collines à une distance fuffifante. La

(1) C'est la maison de campagne de M. Hamilton, près de Cobham dans le Surrey, fur la Mole, riviere qui coule fous terre l'espace de plufieurs milles,entre Leather-Head & Darking.

plaine eft affez variée, & de riches prairies tapiffent le fond. Cependant toutes ces perspectives ne font que jolies, fans avoir rien de frappant, & la riviere coule avec tant de lenteur, qu'elle reffemble à un étang. Ainfi Painshill eft peu remarquable quant à l'extérieur; mais les divifions de l'intérieur, qui lui font propres, font auffi belles que vaftes; & les jardins font fi bien difpofés, que chaque fcene en laiffe voir un grand nombre d'autres au travers du parc, & que toutes les fituations en font heureufes, & brillent fur-tout par la variété.

La maison eft placée fur une colline séparée du parc, mais elle s'ouvre dans la campagne, & la perspective en est charmante. Les environs compofent un jardin des plus élégans, & dont toutes les prétentions fe bornent à l'agrément. Au milieu du bofquet qui le fépare du parc, eft une orangerie où l'on met pendant l'été des plantes exotiques, mêlées d'arbriffeaùx ordinaires, & un parterre émaillé des plus belles fleurs. L'efpace qui eft audevant de la maifon, eft rempli d'ornemens extrêmement variés; & de très-beaux arbres de plusieurs efpeces ont été difpofés sur les côtés en petits maffifs ouverts.

Cette colline eft féparée d'une autre colline plus

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