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DES BOIS.

X I I.

Des différences caractéristiques des arbres & des arbriffeaux.

AVANT d'examiner quels font les plus grands ffers d'un bois, lorfqu'il eft confidéré comme objet F particulier, il eft néceffaire d'obfever les differences caractéristiques des arbres & des arbriffeaux. Je n'entends nullement donner ici les caracteres effentiels de botanique, mais feulement les variétés les plus fenfibles, & affez considérables pour qu'on y ait beaucoup d'égard dans la difpofition des objets qu'elles diftinguent.

Les arbres & les arbriffeaux out différentes formes, différentes verdures & différentes grandeurs. Les variétés des formes peuvent fe réduire à celles-ci.

Il y a des arbres touffus qui abondent en branches & en feuillage, & qui pareiffent avoir beaucoup de folidité, tels que le hêtre, l'orme, le lilac & leiringa. D'autres n'ont que fort peu de branches & de feuilles, & paroiffent légers & dé

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liés, comme le frêne, le peuplier blanc (1), l'arbre de vie ordinaire (2) & le tamarisk.

Il y en a qui tiennent le milieu entre ces deux extrêmes, & font aifés à diftinguer, comme le nez coupé (3) & l'érable à feuille de frêne (4).

Ils peuvent encore être divifés en arbres dont les branches naiffent près de terre, & en arbres qui portent une tige avant la naissance des branches (5); les arbres qui n'ont qu'une foible tige distincte, comme beaucoup de fapins, appartiennent à la premiere claffe; mais une petite rige, comme celle de l'althea, fuffira pour ranger un arbriffeau dans la feconde claffe.

peu

(1) C'eft le populus alba majoribus foliis. C. B. P. en Anglois, abele.

(2) C'est le thuya de Tournefort, & nous le connoiffons fous ce nom.

(3) C'est le ftaphylea foliis ternatis de Linnæus, il porte une noix enveloppée dans une vethe.

(4) Ou l'érable de Virginie.

(5) Peut-être y en a-t-il quelques-uns dont les branches ne partent pas du bas de la tige; mais alors les plus baffes cnt prefque toujours été détruites par diverfes circonftances: & lorfque les arbres ont crû jufqu'à une certaine hauteur, la tige paroît s'être élevée avant la rafance des branches.

Entre les arbres dont les branches naiffent de terre, quelques-uns s'élevent en figure conique, tels que le melèze, le cedre du Liban & le houx : d'autres vont en augmentant jusqu'au milieu de leur hauteur & diminuent aux deux extrêmités, comme le pin de Weymouth (1), le frêne de montagne & le lilac: d'autres enfin font irréguliers & touffus, depuis le pied jufqu'au fommet; tels font le chêne-verd, le cedre de Virginie, & le rofier de Gueldres.

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Il y a une grande différence entre un arbre dont la bafe eft très-large, & celui dont la bafe eft trèsétroite, proportionnellement à fa hauteur. Le cedre du Liban & le cyprès, font des exemples de cette différence, & cependant dans tous les deux, les branches naiffent de terre.

Les têtes de ceux qui s'élevent en tige avant la naiffance des branches, font quelquefois des cônes étroits, comme ceux de plufieurs fapins, quelque

(1) C'est le pinus foliis quinis fcabris, de Linnæus, fp. 1001. Il eft originaire de la nouvelle Angleterre, & a paru pour la premiere fois en Europe dans les jardins du lord. Weymouth, fitués dans le Comté de Kent; c'eft de tous les bois le plus eftimé pour les mâts. Sous le regne de la Reine Anne, il y eut une loi pour en favorifer la cul

ture.

fois des cônes larges, comme ceux du maronnier d'inde (1). Souvent ces têtes font rondes, comme celles du pin cultivé (2), & plusieurs fortes d'arbres fruitiers, & fouvent irrégulieres, comme celle de l'orme. Cette derniere efpece a plufieurs variétés confidérables.

Les branches de certains arbres croiffent horifontalement, comme celles du chêne; dans d'autres elles s'élevent, comme dans l'amandier, & dans plufieurs fortes de genets & de faules; quelquefois elles s'abaiffent comme on le voit dans le tilleul & l'acacia: il y en a quelques-unes de cette claffe qui inclinent obliquement, comme plufieurs fapins, & quelques autres qui tombent perpendiculairement comme celles du faule oriental (3).

Ce font là les diftinctions les plus communes & les plus générales, dans les formes des arbres & des arbriffeaux. Les différences dans les nuances

(1) Horfe-chefnut. Cet arbre fut apporté de l'Asie septentrionale vers 1550.

(2) Stone pine. C'eft le pinus foliis geminis tenuioribus glaucis conis fubrotundis obtufis. Linn. On le cultive pour fon fruit & la beauté de fes feuilles.

(3) C'est le falix orientalis flagellis deorfum pulchrè pendentibus, de Tournefort, cor. 41. Les Anglois l'appellent weeping-willow, faule pleurant.

du verd, ne peuvent être auffi confidérables, mais elles méritent beaucoup d'attention.

C'eft quelquefois un verd obfcur,comme dans le maronnier d'inde & l'if, ou un verd clair, tel que celui du tilleul & du laurier, ou un verd brun, comme dans le cedre de Virginie, ou un verd blanc comme celui du peuplier blanc & de l'arbre fauge (1), quelquefois enfin un verd jaune; tel eft celui de l'érable à feuilles de frêne, & de l'arbre de vie chinois (2). Les arbres & arbustes de couleur mêlangée, entrent en général dans les claffes. du blanc ou du jaune, felon que l'une ou l'autre de ces teintes domine fur les feuilles.

Nous ferons bientôt d'autres obfervations fur les couleurs. Il n'eft question maintenant que de leurs principales différences. On vient de remarquer celles qui fe trouvent dans les formes & les verdures des arbres & des arbriffeaux. Il y a d'autres distinctions auffi importantes relativement à leur grandeur; mais elles font trop connues pour que nous nous y arrêtions. Chaque gradation, depuis

(1) Sage-trée ou Jerufalem -fage. C'est une espece de phlomis. Voyez Tournef. inft.177, & Linn.

(2) Thuya ftrobilis uncinatis, fquamis reflexo-acuminatis Flor. Leyd. Toutes les branches de cet arbre fe croisent à angles droits.

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