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feul gros

Le plus petit maffif doit être de deux arbres au moins; & le meilleur effet qu'ils puiffent avoir, est que leurs têtes unies paroiffent ne former qu'an arbre: ainfi deux arbres d'efpece différente, ou bien fept ou huit arbres dont les formes ne s'uniffent pas aifément, feront difficilement un beau grouppe, fur-tout s'ils tendent vers la forme circulaire. De pareils maffifs, compofés de fapins, quoique très-communs, font rarement agréables; ils ne font jamais un feul tout, & leurs cimes font toujours mêlées confufément: on peut cependant éviter la confufion, en les difpofant par files,& non par grouppes circulaires; un maffif d'arbres de cette efpece étant beaucoup plus agréable, lorfqu'il s'étend en longueur qu'en largeur.

Trois arbres réunis forment une ligne droite ou un triangle. Pour cacher la régularité, il faut extrêmement varier les diftances. On parviendra au même but, en variant les formes, & fur-tout les grandeurs. Lorfqu'une ligne droite eft formée par deux arbres prefque femblables, & un troifieme un peu plus petit, à peine peut-on difcerner s'ils fe trouvent dans la même direction.

Si des arbres plus petits, placés aux extrêmités, peuvent mafquer la plus parfaite régularité, on doit en faire ufage dans d'autres circonftances; la

variété dans la grandeur, eft celle qui conviene particuliérement aux maffifs. Lorsque l'ouvrage de l'art eft trop fenfible dans les objets de la nature, il devient faftidieux. Or les maffifs font des objets fi marqués, fi propres à faire naître le foupçon qu'ils ont été difpofés de telle maniere pour produire tel effet particulier, que pour empêcher l'at tention de fe porter fur l'art; l'irrégularité dans la compofition eft ici plus importante que dans un bois ou un bocage; d'ailleurs un maffif étant moins étendu, ne peut être fufceptible d'autant de va'riété dans les contours : des grandeurs variées font plus remarquables dans un petit efpace; & de nombreufes gradations peuvent fouvent deffiner les plus belles formes.

L'étendue & la ligne extérieure d'un bois ou d'un bocage, s'attirent beaucoup plus d'attention que les extrêmités; mais dans les massifs, celles-ci font de la plus grande importance: elles déterminent la forme de l'enfemble, & toutes les deux s'apperçoivent en même tems. Il faut donc s'attacher particuliérement à les rendre agréables & à les diverfifier. La facilité avec laquelle on peut les comparer, ne permet pas qu'elles fe reffemblent : car la plus petite apparence d'égalité réveille l'idée de l'art. Ainfi un maffif dont la largeur eft égalo à

la longueur, paroît moins l'ouvrage de la nature, que celui où la longueur l'emporte de beaucoup. Une autre particularité des maffifs, eft la facilité avec laquelle ils admettent le mêlange des arbres & des arbriffeaux, d'un bois & d'un bocage, enfin de toutes les manieres de varier une plantation. Quoique de telles compofitions foient les plus belles de toutes, elles conviennent pourtant mieux dans des maffifs ferrés, que dans ceux dont les parties s'écartent davantage les unes des autres. Elles font plus agréables quand elles ne forment qu'une maffe. Si les paffages des arbres les plus élevés aux plus petits, des bofquets aux plantations ouvertes, font fréquens &fubits, ce défordre convient beaucoup mieux aux fcenes fauvages, qu'à celles dont le caractere eft l'élégance.

ΧΧΙΙΙ

Des ufages & des fituations des maffifs ifolés. IL

Ly a un grand nombre de fituations qui permettent ou qui demandent des maffifs ifolés. On doit les employer fouvent comme objets beaux par eux-mêmes, & quelquefois ils font néceffaires pour rompre l'étendue trop vafte d'une piece de gafon,

foit d'une plantation; mais dans toutes les occafions, l'art cherche à fe montrer, & la feule irrégularité de figure, ne fuffit pas pour le couvrir. Quoique les élévations préfentent les maffifs fous le jour le plus avantageux, une éminence qui. paroîtroit clairement n'avoir été créée que pour être couronnée d'un maffif, deviendroit faftidieufe, tant l'art s'y montreroit à découvert. On plantera donc fur les côtés quelques arbres, pour faire illufion. On peut employer le même expédient à l'égard des maffifs placés fur le fommet d'une colline, afin d'en diminuer l'uniformité : l'effet en paroîtra plus naturel encore, fi les fi les grouppes s'étendent en partie fur le penchant. L'objection déja faite au fujet de pluheurs grouppes répandus fur le sommet, tient au même principe. Dans un feul massif, l'artifice eft moins apperçu: s'il eft ouvert, il ne peut avoir de fituation plus avantageufe que fur le bord d'une colline escarpée, ou fur un terrein qui s'avance dans un lac ou dans une riviere. Il est alors embelli par fa position, & animé par la grande furface que préfentent autour de lui le ciel & les eaux. De tels avantages peuvent balancer de petits défauts d'arrangement; mais il font perdus fi l'on place d'autres maffifs auprès de celui-ci : l'art reparoît encore, & cet enfemble n'eft plus qu'une chofe défagréable.

X XI V.

Des maffifs qui je rapportent l'un à l'autre. QUOIQUE plufieurs maffifs, lorsque chacun d'eux eft un objet indépendant, paroiffent rarement naturels, on peut en admettre un certain nombre dans la même perspective, fans que l'art y paroiffe en aucune maniere, s'ils fe rapportent les uns aux c'est-à-dire que, autres; fi en fe fuccédant, ils diverfifient la ligne extérieure du bois, s'ils forment entr'eux de belles clarieres, s'ils contribuent tous ensemble à donner à une vaste pelouse la forme la plus agréable, on n'examine alors que l'effet, & non la maniere dont il eft produit. Mais il faut auffi que tout le reste contribue à l'embelliffement de lafcene; & dans cette vue, ce qui mérite la plus grande attention, c'est la figure des espaces vuides ou clarieres, des tapis verds & des bois. Les plus beaux maffifs qui ne préfentent pas de grandes lignes, font défagréables: leurs liaisons, leurs contraftes font de plus grande importance que leurs formes.

Une fuite de maffifs, dont les intervalles font terminés par d'autres maffifs, a l'air d'un bois ou d'un bocage; & quelquefois la reffemblance a un avantage sur la réalité : c'eft que dans différens

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