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» doux et bienfaisant, qui anime la » nature; il paraît, et les vents s'en» fuient ; les nuages sont dissipés; » la terre s'émaille de mille couleurs ; » le ciel devenu serein répand au loin » la plus vive splendeur; c'est lui qui féconde l'haleine des zéphirs, qui unit les habitans de l'air, et » les troupeaux qui bondissent de joie » en ressentant ses atteintes (1) ; c'est » lui qui répand sur ces fleurs qui » ornent votre sein, la fraîcheur, le coloris, les parfums; c'est à lui que » vous devez ces jardins, cette ver

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(1) Te Dea, te fugiunt venti, te nubila cœli, Adventumque tuum; tibi suaves Dædala tellus Summittit flores, tibi rident æquora ponti, Placatumque nitet diffuso lumine cœlum ; Nam simul ac species patefacta est verna diei; Et reserata viget genitabilis aurea favoni; Aeriæ primum volucres, te diva tuumque Significant initum, percussæ corda tua vi Indè feræ pecudes persultant pabula læta, LUCRET. 1.

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» dure.... tout jusqu'à votre beauté... » Tels sont les traits sous lesquels il » se montre, ce bienfaiteur du monde, quand il daigne se communiquer >> aux mortels.... Oh! ma bonne ! » ne le verrai-je donc jamais ? que » faut-il faire pour y parvenir ? ce » que vous me dites m'inspire du » trouble et du plaisir; que serait-ce » donc si je le voyais ce Dieu? Qu'il » est beau! quels regards! il me sourit; ah! ma bonne, il est bien plus beau que nous !

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Mysiclée découvre sans cesse de nouveaux charmes dans cet objet qui occupe si tendrement ses yeux et son imagination. La nuit l'arrache malgré elle à cette contemplation délicieuse; et le retour du soleil l'y ramene. La statue d'Anasilis occupe tous ses soins; Mysiclée la pare de fleurs; la couvre de caresses

et lui

adresse les discours les plus tendres.....

» Dieu charmant, disait-elle un jour! » où cachez-vous votre divinité ? ah!

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je le sens, vous êtes par-tout dans » la nature; vous êtes dans mon cœur » que votre main invisible fait palpi» ter. Ne vous verrai-je donc jamais?... » Hélas! je ne suis rien pour pré» tendre à vos regards; mais nulle » autre ne vous adorera comme moi!...

Anasilis transporté de joie, éperdu d'amour, ivre d'espoir et de desirs, est vingt fois tenté de se découvrir ; et s'il diffère son bonheur, c'est pour mieux l'assurer. » Otons-lui ma sta» tue dit-il à Myséide; que mes >> traits se gravent, s'il est possible, » profondément dans son ame, et » voyons enfin si je suis nécessaire » à sa félicité. . . . . »

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L'Amour a disparu. . . . Mysiclée ne le retrouve pas . quelle douleur! elle pleure, elle souffre, elle se plaint à tout ce qui l'environne ;

et c'est le bosquet, maintenant veuf
et solitaire, qui est encore l'asyle chéri
de ses regrets et de ses soupirs. Ana-
silis touché de sa peine, et content
du succès de son amour, descend un
jour avant elle dans ce bosquet; il
va se découvrir. . . . quelle agitation!
que !
de craintes ! ... il se couche
sur un gazon,
et feint de dormir
en voyant arriver son amante.... Elle
approche, elle s'arrête. . . .
ô sur-
prise! ô bonheur ! » que vais-je faire,
» se dit-elle ? oh! s'il ouvrait les
» yeux, peut-être se tourneraient-ils
» sur moi!... mais s'il allait s'éloi-
» ́gner aussi-tôt !... ah! respectons.
» son sommeil. » Elle regarde pendant
quelque temps l'amour en silence
bientôt elle s'approche plus près de
lui, et s'agenouillant à ses côtés elle
souleve légèrement une de ses mains;
elle y imprime un baiser

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un

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elle ne peut plus quitter la main qu'elle a prise . elle ose la presser contre son cœur, et l'amour s'éveille... Mysiclée tremblante se prosterne et s'écrie :» Dieu puissant, fils de Vé» nus! O Dieu que j'adore! pardon» nez à ma témérité . . . . ah ! je n'ai >> pas la force de m'en repentir; mais » ne m'accablez pas de votre colère. » - » Chère Mysiclée, lui dit Anasilis qui l'a relevée, et qui lui-même est à ses genoux, » je t'ai trompée, je >> ne suis point un Dieu; je ne » suis qu'un simple mortel; mais ton » amant est le plus tendre des amans ». Qui que vous soyez, répond la » jeune Mysiclée, votre vue me char» me; je n'ai point encore apperçu » d'être qui vous ressemblât.... ah! >> vous me trompez, et la joie douce » et pure qui pénetre mon ame, me >> dit que vous êtes un Dieu. Mais » si vous rougissez de vous abaisser

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