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HARPAGON. O ciel! pouvois-je attendre cette injustice de mon meilleur ami?

DORANTE. Doucement; mon but est de vous détromper par une persuasion qui vous soit utile, et non de vous aigrir. Vous aimez, dites-vous, vos enfants?

HARPAGON. Si je les aime!

DORANTE. Avez-vous eu soin de leur éducation?

HARPAGON. Hélas! je n'étais pas en état de cela; les maîtres étoient d'une cherté épouvantable : à quoi leur auroit servi la science, si je les avois laissés sans pain?

DORANTE. C'est-à-dire (car il faut convenir de bonne foi de la vérité) que vous les avez laissés dans une grossière ignorance, indigne de gens qui ont une naissance honnête. Vous n'avez eu nul soin de cultiver en eux la vertu; vous n'avez jamais étudié leurs inclinations: s'ils ont de la probité, vous n'y avez aucune part, et c'est un bonheur que vous ne méritez pas.

HARPAGON. Mais on ne peut leur procurer tous les avantages. DORANTE. Mais on doit au moins songer au plus important de tous, à celui dont rien ne dédommage, à celui qui peut suppléer à tout ce qui manque : cet avantage, c'est la vertu.

HARPAGON. Il faut être honnête homme; mais il faut avoir de quoi vivre, et rien n'est plus méprisable qu'un homme dans la pauvreté.

DORANTE. Un malhonnête homme l'est bien davantage, eût-il toutes les richesses de Crésus.

HARPAGON. Eh bien! j'ai trop tourné ma tendresse pour mes enfants du côté du bien prouverez-vous par là que je ne les ai point aimés?

DORANTE. Oui, seigneur Harpagon, vous ne les aimez pas; et ce n'est point de les rendre riches que vous vous êtes occupé. HARPAGON. Comment! je leur conserve tout mon bien, et je n'y ose toucher tout n'ira-t-il pas à eux après ma mort?

:

DORANTE. Ce n'est pas à eux que vous conservez votre bien, c'est à votre passion. Il y a deux plaisirs, celui de dépenser et celui d'amasser : vous n'êtes touché que du second; vous vous

y abandonnez sans réserve, et vous ne faites que suivre votre goût.

HARPAGON. Mais encore, s'il vous plaît, à qui ira ma succession? DORANTE. A vos enfants, sans doute; mais lorsque vous ne pourrez plus jouir de vos richesses, lorsque vous en serez séparé par la dure nécessité de la mort : votre volonté n'aura nulle part alors au profit que feront vos enfants. Vous leur avez refusé tout ce qui dépendoit de vous, et ils ne seront riches alors que parce que vous ne serez plus le maître de l'empêcher.

HARPAGON. Et sans mon économie, ce temps là arriveroit-il jamais pour eux ?

DORANTE. C'est-à-dire qu'ils se trouveront bien de ce que la passion d'amasser vous a tyrannisé, pourvu que vous ne les ruiniez pas auparavant; car c'est ce que j'appréhende, et c'est ce qui montre encore que vous ne les aimez pas.

HARPAGON. Jamais homme n'a dit tant de choses aussi peu vraisemblables que vous.

:

DORANTE. Elles n'en sont pas moins vraies, et la preuve en est bien aisée. Y a-t-il rien de plus ruineux que d'emprunter à grosses usures? Vous savez ce que font vos enfants, vous savez ce qui vous est arrivé à vous-même ils ne le font que parce que vous leur refusez les secours les plus nécessaires; s'ils continuent, ils se trouveront, à votre mort, accablés de dettes : il ne tient qu'à vous de l'empêcher, et vous n'en faites rien, et vous me venez parler de l'amitié que vous avez pour eux, et de l'envie que vous avez de les rendre heureux! Ah! vous n'aimez que votre argent; vous vivez de la vue de vos coffres-forts; vous préférez ce plaisir à tous les autres, dont vous êtes moins touché. Vous paroissez vous épargner tout, et vous ne vous refusez rien; car vous ne vous demandez à vous-même que d'augmenter toujours vos trésors, et c'est ce que vous faites nuit et jour. Allez, vous n'aimez pas plus vos enfants et leurs intérêts que votre réputation, que vous sacrifiez à l'avarice. Ai-je tort de dire que vous n'aimez que vous?

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IX. Réponse à une objection sur ces divers projets.

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X. Sur les anciens et les modernes..

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DE L'ÉDUCATION DES FILLES

CHAPITRE I. De l'importance de l'éducation des filles.

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II. Inconvénients des éducations ordinaires..
III. Quels sont les premiers fondements de l'éducation.
IV. Imitation à craindre..

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V. Instructions indirectes: il ne faut pas presser les enfants,
VI De l'usage des histoires pour les enfants.
VII. Comment il faut faire entrer dans l'esprit des enfants les
premiers principes de la religion.. .

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VIII. Instruction sur le Décalogue, sur les sacrements et sur la

prière...

IX. Remarques sur plusieurs défauts des filles..

X. La vanité et la beauté des ajustements. .

XI. Instruction des femmes sur leurs devoirs..
XII. Suite des devoirs des femmes..

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Avis à une dame de qualité sur l'éducation de sa fille.

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RECUEIL DE FABLES

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