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JE prépare, depuis long-temps et depuis

une époque bien antérieure à celle où j'ai quitté l'Angleterre en 1802, une nouvelle édition de Télémaque; qui, parmi d'autres avantages que j'ai cherché à y réunir, contribuera, peut-être, à fixer enfin un systême de ponctuation préférable à celui qui est maintenant en usage, et cela sans la moindre innovation. Avant que de me rendre à Paris, pour mettre la dernière main à cet ouvrage et pour le livrer à l'impression, je me suis occupé de l'essai que je publie aujourd'hui, parcequ'il m'a paru propre à attirer l'attention des savans François sur certaines questions que mon

systême particulier peut faire naître; et surtout à démontrer l'importance de la ponctuation pour l'intelligence des textes. Je ne m'arrêterai à aucun passage que je n'aie l'espérance d'éclaircir par les signes de la ponctuation, qui étoient inconnus à Horace et qui ont si souvent dépendu du caprice ou de l'ignorance des copistes. et des imprimeurs. Mais il me sera permis de présenter quelques remarques nouvelles, quand les passages que j'examine m'en fourniront l'occasion; et spécialement de rendre Horace le commentateur d'Horace, en l'expliquant par lui-même, toutes les fois que cela me sera possible.

J'ai dit dans mon titre : « Horace éclairci » par la ponctuation »; pour expliquer en peu de mots la nature de cette première tentative: mais les loix de la ponctuation

sont trop incertaines, pour qu'on puisse fixer celle de chaque vers d'un grand poëte dans si peu de pages. Je n'examinerai ici que quelques-unes des 122 odes; et je trouve plus à dire sur la première que sur aucune autre, non - seulement parceque la ponctuation me paroît l'éclaircir cinq fois, mais parceque certaines questions s'y présentent nécessairement pour la première fois.

J'espère que ce petit écrit pourra servir de supplément à toutes les éditions de ce poëte: mais je me suis attaché à y présenter les passages et les remarques de telle manière, qu'on peut suivre le sens d'Horace et apprécier mes observations avec une édition quelconque et même sans se servir d'aucune.

AMIENS, 1810.

AD MUSA M.

Haud satis est dictâsse tuo sua carmina Flacco,
Descendens coelo, Musa canora lyræ:
Dic, medio cœli festisque diebus Olympi;
Ob te Dîs lætis, liberiore Jove;

Purpureo Venere ore Patri ridente Deorum;
Dante Hebe, circùm, nectar et ambrosiam;
Dic variâ quâ voce tui tu carmina vatis,
Signa sequens Phoebi, Musa canora, legis.

ÉCLAIRCI

PAR LA PONCTUATION.

LIVRE PREMIER,
ODE PREMIÈRE.

Nos signes de ponctuation ont été in

ventés ou perfectionnés par les modernes: d'abord, probablement, pour déterminer le sens; et, en second lieu, pour faciliter la lecture. Comme la ponctuation ne consiste, en effet, que dans la manière de bien lire, c'est-à-dire dans l'intelligence du sens, il n'y a pas de doute que le premier, qui ait bien écrit ou bien lu, ne se soit fait une ponctuation intuitive, aussi parfaite que celle du meilleur prote ou du meilleur grammairien de nos jours.

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