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nos marchés, en raison de l'extrême élévation du prix des produits, majorés de deux tiers par les taxes qu'ils subissent, comparativement aux denrées similaires parvenues à une même latitude dans le Sahara, par la voie de Tripoli ou du Maroc.

Ainsi, les denrées coloniales, sucres, cafés, thés, épices, bougies consommées en grande quantité chez les Touaregs, au Gourara, au Touat, au Tidikelt, sont frappées, à leur débarquement dans un port algérien, de droits énormes, qui en rendent le trafic avec ces régions absolument impossible. Le sucre, par exemple, supporte une taxe de 50 francs par 100 kilogrammes (droit de douane 30 francs, octroi de mer 20 francs); le café un droit de 60 francs. Or, ces produits, quand ils empruntent les ports marocains et tripolitains, ont à peine un droit de 10 p. 100 ad valorem à payer.

Une enquête très documentée a abouti à cette étonnante conclusion que le sucre rendu au grand marché du Sud, à Ghadamès, vid Tripoli, ou au Gourara, vid Fez, se vend, dans ces régions, environ 20 francs moins cher les 100 kilogs qu'en Algérie.

Une commission a été nommée pour remédier à ce fâcheux état de choses, et elle a proposé de dégrever à leur sortie dans les régions du sud les marchandises françaises du montant des taxes qu'elles auront acquittées à leur entrée en Algérie. Seulement, il est permis de douter que ce dernier remède soit bien efficace. Les marchandises anglaises, allemandes, italiennes continueront de prendre la voie de Tripoli ou du Maroc, et l'Algérie perdra le bénéfice du transit que lui procurerait l'extension de la franchise du transit aux produits étrangers. Mais que dirait M. Méline?

Le Courrier de Cannes nous apporte le compte rendu d'une très intéressante conférence que notre collaborateur, M. Ernest Brelay, a faite à la Société scientifique et littéraire, au sujet du renouvellement du privilège de la Banque de France.

Comme nous, M. Brelay est d'avis que la Banque gagnerait à échanger son privilège contre une complète indépendance de l'État.

Le conférencier ne craint pas de manifester des sentiments très sympathiques à la Banque de France : il a été longtemps négociant et il ne peut oublier les bons avis qu'il reçut autrefois des chefs de ce grand établissement. Il ne faut pas, dit-il, que le billet de banque perde

de sa valeur, car s'il devenait comme une sorte d'assignat, ce serait un grand malheur pour notre pays.

M. Brelay nous demontre, avec une très grande clarté, que les relations trop intimes des politiciens avec la Banque présentent de réels dangers. Il faut quelque chose de plus solide que la politique à la base de cette institution. C'est son indépendance... Le développement donné par le conférencier de la banque Law, qui s'était transformée en omnium au service du Trésor, a fait connaître ce qu'il adviendrait après la main-mise par l'État sous prétexte de garantie sur le capital de fondation de la Banque de France.

Toutes ces considérations font dire à M. E. Brelay que la Banque de France aurait tout intérêt à se séparer de l'État en renonçant ipso facto au privilège d'émission. D'ailleurs, que signifie ce privilège? est-ce que tous les particuliers, toutes les maisons de commerce et de finance ne peuvent pas émettre des chèques payables à l'endroit où leurs capitaux liquides sont déposés ?

Il termine en déclarant que la Banque actuelle ferait une mauvaise affaire en renouvelant au prix de lourds sacrifices un pacte d'union dont les périls pour elle et pour le public sont plus visibles que les avantages.

A une majorité de 188 voix contre 55, le Sénat a voté un premier crédit de 2 millions destiné à subventionner les retraites ouvrières aux dépens des contribuables. A cette occasion, M. Léon Bourgeois a qualifié, comme il convenait, l'école du laissez faire et du laissez passer :

Le système de « l'Ecole dure », c'est-à-dire de celle qui, considérant les théories économiques en elles-mêmes, et ne se préoccupant pas du lien social qui doit exister entre les différents membres de la société humaine, se borne à dire : laissez aller; laissez passer! Messieurs, nous ne sommes pas de « cette école dure ».

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M. le président du Conseil. Nous croyons que l'État, à l'heure actuelle, a quelque chose de plus à faire dans la société que de laisser faire, laisser passer!

Nous considérons, en effet, les théories économiques en ellesmêmes, et c'est pourquoi nous appartenons à cette école dure qui interdit aux politiciens de l'école tendre de faire main basse sur les fruits du travail d'autrui pour en disposer à leur guise.

Il s'est fondé en Angleterre et aux États-Unis un bon nombre de cercles de femmes (ladies clubs) à l'instar des cercles d'hommes. Une association féminine vient de se constituer à Paris dans le but de les importer en France. Elle se propose, lisons-nous dans son programme, « de grouper en une sorte de famille, en une aimable camaraderie, toutes les femmes que leur état social laisse isolées et de leur créer un centre bienveillant où elles puissent trouver dans une solidarité amicale, le moyen de se soutenir, de se protéger, de se venir en aide ».

L'intention est excellente et nous sommes d'autant plus disposés à souhaiter bon succès aux ladies clubs que les jeux de hasard et d'argent qui rendent médiocrement recommandables les cercles masculins y seront rigoureusement interdits. Mais sera-t-il interdit aussi d'y « potiner »?

La Belgique vient de perdre le plus éminent de ses hommes d'Etat, M. Frère-Orban, mort à Bruxelles, le 2 janvier, à l'âge de 84 ans. Pendant près d'un demi-siècle, M. Frère-Orban a été le chef du parti libéral. Ses actes politiques peuvent être diversement jugés, mais tous les partis rendent hommage à la sincérité de ses convictions et à la fermeté de son caractère. Nous lui devons, en ce qui nous concerne, une reconnaissance particulière pour le concours actif qu'il a apporté à la cause de la liberté commerciale en contribuant à la réforme du tarif belge et en prenant l'initiative de l'abolition des octrois. Supprimer des obstacles aux progrès du bien-être du grand nombre, n'est-ce pas l'œuvre la plus utile qu'un homme d'État puisse accomplir et d'autant plus méritoire qu'elle est plus difficile et plus rare ?

Paris, 14 janvier 1896.

G. DE M.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

A Bibliography of economics, by Benjamen RAND. Harward university. 4 vol. in-8° de 70 pages, cartonné. Paris, Guillaumin et Cie.

Le principe de l'évolution. Réponse à Lord Salisbury, par Herbert SPENCER. Broch. in-8° de 28 pages. Paris, mêmes éditeurs.

Le problème monétaire et la question sociale, par Ch. LIMOUSIN. Broch. in-8° de 17 pages. Paris, mêmes éditeurs.

L'argent. Géologie, métallurgie, rôle économique, par L. DE Launay, ingénieur au corps des mines. 1 vol. in-8° de 380 pages, cartonné. Paris, J.-B. Baillière et fils.

Essai sur les protectorats. Etude de droit international, par Frantz DESPAGNET, professeur de droit international à la Faculté de droit de Bordeaux. 1 vol. in-8° de 438 pages. Paris, Larose.

La mesure de la valeur et la monnaie, par Maurice BOURGUIN, professeur à l'Université de Lille. 1 vol. in-8° de 276 pages. Paris, même éditeur.

La lutte contre le socialisme révolutionnaire, par Georges PICOT. 1 vol. in-16 de 80 pages. Paris, Armand Colin et Cie.

La situation politique et financière. Conférence faite à Sancerre, le 24 novembre 1895 par M. Georges Picor, membre de l'Institut. Broch. in-12 de 22 pages. Sancerre, typographie Pigelet.

Le droit augural et la divination officielle des Romains, par François DAVID, docteur en droit. 1 vol. in-8° de 200 pages. Paris, Ch. Klincksieck.

La conversion d'Augustin Thierry, par L.-P.-H. CHÉROT. Broch. in-8° de 80 pages. Paris. Victor Retaux.

Quatrième rapport sur la compagnie universelle du canal de Panama présenté au tribunal civil de la Seine, par M. P. GAUTRON, liquidateur. 1 vol. in-4° de 110 pages. Paris, Mouillot, imprimeur.

L'assistance médicale au XVIe siècle, par M. Léon LALLEMAND, correspondant de l'Institut. Broch. in-8o de 22 pages. Paris, Imprimerie nationale.

Rapport général présenté au nom de la commission extraparlementaire de l'impôt sur les revenus, par Adolphe COSTE. Broch. in-4°. Paris, Imprimerie nationale.

Annuaire de l'association générale des étudiants de Paris, 18951896. 1 vol. in-8° de 296 pages. Paris, au siège social.

Il principio etico pel Rinascimento sociale, par D.-L. MOR. Broch. in-8° de 31 p. Venezia, 1895.

Condizione della Pesca e pescatori in Rapporto colla evoluzione del lavoro e col diritto di proprieta sulle aque, par D. LEVI-MORENOS. Broch. in-8° de 17 p. Venezia, 1896.

Accord commercial franco-italien, mars 1894-novembre 1895. Broch. in-18 de 60 pages. Milan, L. Marchi, 1895.

I Fondi di Riserva. Nola del professor Ulisse GOBBI. Broch. in-8° de 16 pages. Milano, 1892.

Della istituzione di un consiglio privato della corona nel nostro regime parlementare per Ignazio BRUNELLI con lettera di Ruggero Bonghi. 1 vol. in-8° de 120 p. Bologna N. Zanichelli, 1895.

Velada celebrada en honor de Joaquin M. SANROMA en la noche del 25 de abril de 1895. 1 vol. in-8° de 116 p. Madrid, 1895.

Los estranjeros y su condicion juridica por Pedro Luis Gonzalez. Broch. in-8° de 40 pages. Santiago de Chile, 1895.

LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE POUR L'ARBITRAGE ENTRE NATIONS ouvre un concours pour le meilleur livre d'histoire, rédigé d'après le programme officiel de l'enseignement primaire Histoire de France avec notions très sommaires d'histoire générale. (Arrêté du 18 janvier 1887. Annexe F.) Comparez pour le détail des programmes Brouard et Defodon. (Les nouveaux programmes des écoles primaires. Hachette, 1892.)

Ce manuel élémentaire, d'où devra être banui tout ce qui dépasserait la portée d'enfants de 9 à 12 ans, devra être conçu dans un esprit d'impartiale équité tout en prenant à táche de grandir dans le cœur des enfants l'amour de leur patrie, l'auteur aura pour mission de leur faire comprendre que cet amour peut et doit se manifester autrement que par des violences, des spoliations et des tromperies au préjudice des autres peuples.

Le prix sera de 1.000 francs. Les manuscrits portant une devise répétée sur une enveloppe fermée, contenant le nom de l'auteur, devront être déposés au siège de la Société, 29, rue de Condé, avant le 1er mai 1897. Les délais expirent le 30 avril. Pour plus amples renseignements, voir l'almanach de la Paix pour 1896, qu'on pourra se procurer au siège de la Société, ainsi que ses statuts et ses diverses publications. Les souscriptions en vue du présent concours ou de la propagande pacifique, peuvent être adressées au Secrétariat.

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