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Ces données permettent de se faire une idée de l'importance des matières utiles à la végétation, indépendamment des composés azotés, que la couverture conserve aux sols forestiers et de la perte que ceux-ci subissent quand on autorise le ratelage des litières, opération nuisible et cependant tolérée en certains pays.

Quelques chiffres empruntés au Dr Schwappach, directeur de la Station des recherches forestières en Prusse, peuvent donner une idée du dommage considérable infligé à la production ligneuse par l'enlèvement de la couverture. Les expériences ont été exécutées dans un peuplement àgé de 74 ans situé près de Trèves. On a déterminé les accroissements de volume tous les six ans sur une parcelle laissée intacte et, en même temps, sur d'autres parcelles voisines où l'on enlevait la couverture soit chaque année, soit après deux, quatre ou six ans. Voici les résultats que nous résumons. La perte sur la production en volume a été, suivant qu'on enlevait la couverture de chaque année :

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En général, dans les campagnes, on ne tire aucun parti des marrons d'Inde, soit qu'on les considère comme dépourvus de toute valeur alimentaire, soit qu'on leur attribue des propriétés qui les rendent impropres à la consommation. Ces appréciations que rien n'autorise sont, sans doute, la cause de l'indifférence dont ils sont l'objet de la part des cultivateurs, et de pareils préjugés sont assurément regrettables, car, dans certaines situations, on peut recueillir ces fruits en quantités assez fortes pour fournir, si l'on savait les utiliser, un important supplément de nourriture aux animaux de la ferme. Aussi, depuis longtemps, a-t-on appelé l'attention sur les ressources alimentaires qu'ils peuvent founir au bétail, voire même à l'homme. Ainsi, Parmentier, déjà, conseillait de faire macérer les marrons dans une eau alcaline afin de les débarrasser de leur amertume, prétendant qu'après ce traitement

leur fécule pouvait servir à préparer un pain passable, et Mérat a affirmé que la fécule ainsi épurée était supérieure à celle que fournit la pomme de terre. Quoi qu'il en soit, depuis une couple d'années, la presse agricole a remis la question sur le tapis et il faut espérer que ses tentatives pour réhabiliter les marrons, ne seront pas infructueuses. Dans tous les cas, elle a recueilli des faits qui sont de nature à faire réfléchir les plus incrédules.

M. Gay, répétiteur à l'École d'agriculture de Grignon, ayant analysé des marrons, leur assigne la composition suivante :

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Cette analyse montre que ces fruits ne sont pas riches en matière protéique. Aussi convient-il, pour les faire consommer, de les associer à des aliments riches en azote. Mais nous n'avons pas à examiner ici les mélanges auxquels ils pourraient donner lieu dans une alimentation rationnelle; nous avons uniquement en vue de montrer que, dès aujourd'hui, quelques praticiens utilisent avantageusement les marrons dans la nourriture de leur bétail.

L'année dernière, M. Laurent, chef du service sanitaire de la Meuse, faisait connaître qu'un cultivateur des environs de Bar-leDuc emploie les marrons avec succès dans l'engraissement du bétail. Non seulement ce cultivateur recueille avec empressement tous les marrons qu'il peut se procurer, mais encore il les achète au prix de 15 centimes le double décalitre et les conserve sous l'eau. Avant de les employer, il les réduit en bouillie par la cuisson, puis les mélange à la nourriture préparée vingt-quatre heures à l'avance, c'est-à-dire après fermentation. Les rations sont formées d'un mélange de betteraves, de menue paille ou de foin, arrosés au moyen de tourteaux de colza ou de navette délayés dans l'eau. Avec ce régime, dit ce praticien, mes animaux se portent toujours bien et s'engraissent rapidement. Et j'ai remarqué, ajoute-t-il, que quand commence ce régime mes animaux, après quelques jours, ont plus d'appétit, respirent mieux, ruminent continuellement après les repas, leur poil change d'aspect, il devient plus luisant et plus fin. J'emploie le marron cuit depuis plus de six ans dans la nourriture de mon bétail et c'est grâce à lui que je fais de si bons bœufs gras.

Plus récemment, M. Sanson, professeur de zootechnie à l'Institut national agronomique, annonçait à la Société centrale de médecine vétérinaire qu'une fermière du département de Seine-et-Oise, Mme Vve Demarine, à Nogent-le-Roi, fait, depuis trois ans, consommer par son troupeau de moutons 800 hectolitres de marrons annuellement, soit un poids de 56.000 kilogrammes.

Au surplus, d'après les observations de M. Cantiget, vétérinaire à Preuilly, le marron finement divisé, mélangé à du son, administré aux chevaux poussifs et sans rien changer à leur ration ordinaire, exerce sur leur état la plus heureuse influence. Soumis à ce régime, des chevaux devenus emphysémateux au point de ne plus pouvoir faire de service ont repris un bon état de santé et pu travailler régulièrement. ...

M. Cantiget rapporte le cas d'une jument qui, à l'âge de 6 ans, fut atteinte de congestion pulmonaire après une longue course par une grande chaleur. A la suite de cet accident, des symptômes d'emphysême se manifestèrent et s'aggravèrent au point que l'animal ne pouvait plus faire 500 mètres au trot sans s'arrêter, en proie à de violentes quintes de toux. Sa maigreur était extrême et le nombre de respirations par minute s'élevait à 24, alors qu'il est de 12 à 14 chez le cheval bien portant. C'est alors que le marron fut introduit dans la ration. Au début, on lui donna 100 grammes par jour finement hachés en mélange avec du son sans rien changer au régime habituel. On finit par élever la dose jusqu'à 300 grammes par jour. Au bout d'un mois de ce traitement, la jument n'avait plus que 16 respirations par minute et, après cinq mois de traitement, leur nombre était arrivé à l'état normal. La bête avait repris de l'embonpoint et pouvait fournir une course de 12 kilomètres sans être essoufflée.

D'après M. Cantiget, on peut donner de 100 à 300 grammes de marrons par jour. Dans l'opinion de M. Sanson, les effets thérapeutiques observés par M. Cantiget doivent être attribués à l'huile contenue dans le marron et qui, jadis, a été préconisée contre la goutte.

Nous devons ajouter que M. Cornevin, professeur a l'École vétérinaire de Lyon, ayant gavé, au moyen de marrons frais décortiqués, des canards qui refusaient cette nourriture, les a empoisonnés. Suivant lui, la dose toxique est de 48 à 50 grammes.

Quoique l'on ait fait cent fois l'éloge des labours profonds, leur emploi ne s'est cependant pas généralisé. Il est vraisemblable que

nombre de praticiens se refusent à les appliquer dans la crainte de nuire à leurs terres par le mélange du sol avec le sous-sol. Sans doute, il est des situations où l'opération serait dangereuse, mais il en est beaucoup d'autres où elle ne peut qu'être profitable. Tel est le cas, plus fréquent qu'on ne le suppose, où la terre du sous-sol est plus riche en principes nutritifs que celle qui est habituellement remuée par la charrue. On doit donc toujours opérer avec prudence et recourir à l'expérience avant d'entreprendre un pareil travail. Un essai sur une petite échelle fera cesser toute incertitude sur l'opportunité du défoncement. Mais, en supposant même que cette tentative donne un résultat défavorable, ce n'est pas un motif pour répudier l'opération, attendu que l'on peut parfaitement ameublir le sous-sol sans le mélanger avec la couche arable. Il suffit, comme on sait, pour obtenir ce résultat de faire suivre la charrue ordinaire par une autre charrue dépourvue de versoir qui pénètre plus ou moins profondément dans le sous sol et l'ameublit sans lui faire subir aucun déplacement.

Nous ne voulons pas rééditer l'exposé des nombreux avantages que procurent les façons de défoncement, mais il nous a paru utile de rappeler l'influence qu'elles exercent sur la répartition et la conservation de l'eau que les pluies apportent au sol.

Ainsi, une terre labourée à 0 m. 15 de profondeur et reposant sur un sous-sol imperméable peut,à certains moments de l'année, souffrir d'un excès d'humidité. Vient-on, par un défoncement judicieux, à doubler l'épaisseur de la terre meuble, on augmentera nécessairement dans la même proportion la capacité du réservoir des eaux et la couche meuble s'en trouve immanquablement assainie. Et non seulement les terres profondément ameublies se laissent pénétrer par une plus grande quantité d'eau, mais, en outre, celle-ci s'y conserve plus longtemps.

En effet, les eaux pluviales reléguées dans le sous-sol et, par conséquent, abritées contre la chaleur solaire ne sont pas, comme celles qui imprègnent les couches superficielles, exposées à disparaitre promptement par évaporation. Au surplus, il ne faut pas perdre de vue qu'en augmentant le volume de terre meuble on favorise le développement des racines et partant celui des plantes. Sur les terres défoncées les récoltes sont donc moins sujettes à souffrir de la sécheresse. C'est ce que l'expérience a démontré depuis longtemps et que viennent encore de confirmer des expériences récentes de M. Grandeau.

<< En 1892, dit ce savant, la plantation des pommes de terre a

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été faite par un temps sec qui s'est prolongé, au Parc des Princes - où il faisait ses expériences, jusqu'au 14 juin sans nuire en apparence à la végétation des plantes. A ce moment-là, dans diverses parcelles du champ d'expérience, je fis prélever des échantillons de terre à trois profondeurs différentes afin d'y déterminer les quantités d'eau conservées. Voici les résultats obtenus:

Sol de la surface de 0 à 0 m. 05 de profondeur... 1 0/0 d'eau. Sol pris à 0 m. 15 de profondeur...

Sol pris à 0 m. 35 de profondeur.........

...

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« Dans une parcelle non défrichée contiguë au champ d'expérience et dont l'herbe était littéralement grillée, la terre prise de 0 m. 15 à 0 m. 20 de profondeur ne renfermait plus que 2 p. 100 d'eau et celle prélevée à 0 m. 30 n'en contenait plus que 4 p. 100. - Le défoncement du sol lui a donc assuré la conservation d'une quantité d'eau deux fois plus grande que celle du sol voisin non remué et tassé de longue date. Et, comme le fait justement observer M. Grandeau, cette disproportion constatée entre les quantités d'eau dans deux terres voisines est d'autant plus frappante que les surfaces plantées en pommes de terre évaporaient nécessairement beaucoup plus que les surfaces incultes qui les avoisi naient. »

G. FOUQUET.

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