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arrérages, les conditions dans lesquelles seront admis à la souscription les bons de la défense nationale, les obligations de la défense nationale et les rentes 3 1/2 p. 100 amortissables, et, généralement, toutes autres conditions de l'emprunt seront fixés par décret.

Art. 8. Seront exemptés du droit de timbre spécial des quittances établi par les articles 18 de la loi du 23 août 1871 et 28 de la loi du 15 juillet 1914, les quittances, reçus ou décharges de sommes ou de titres, exclusivement relatifs aux opérations d'émission de l'emprunt autorisé par la présente loi.

Art. 9. Les remises allouées aux comptables qui participeront aux opérations dudit emprunt resteront en dehors des limitations prévues par les lois et règlements en vigueur.

Art. 10. Le ministre des Finances rendra compte des opérations autorisées par la présente loi au moyen d'un rapport adressé au Président de la République et distribué au Sénat et à la Chambre des députés.

Un état détaillé des dépenses d'émission sera publié au Journal officiel le 31 décembre 1918 au plus tard.

Fait à Paris le 26 octobre 1917.

LES UNIONS MONÉTAIRES

Les expériences faites dans l'ordre des Unions monétaires ne sont pas encourageantes. On connaît tous les embarras qui ont été la conséquence, pour les États faisant partie de l'Union latine, de la baisse du métal blanc et de la frappe libre des pièces de 5 francs.

La guerre nous montre en Scandinavie la couronne suédoise faire prime sur celle de Danemark et de Norvège.

En 1915, une conférence financière panaméricaine fut convoquée à Washington. Elle établit une commission internationale qui proposa d'élaborer un projet de traité créant un fonds commun d'or servant de base à l'établissement de compensation internationale et facilitant les transactions internationales. Ce serait un moyen de supprimer le transfert de l'or en nature d'un pays dans l'autre.

Ce projet est très ancien, M. Raphaël-Georges Lévy le suggéra lors de la conférence monétaire de Bruxelles en 1893, en indiquant comme centre de dépôt une ville neutre. Ce projet n'aboutit pas à cette époque. Le Bankers Magazine américain fait observer qu'avec les cruelles leçons de la guerre, avec l'absence de respect pour les traités et la foi jurée, on peut se demander ce qu'il adviendrait de ce fonds d'or, si la guerre éclatait entre le dépositaire et quelques-uns des États membres de l'association. Un gros fonds de métal jaune constituerait une tentation considérable.

La commission panaméricaine a suggéré de prendre comme unité de compte internationale un poids d'or de 0,33437 grammes, 900 mil

lièmes de fin, ce qui équivaut à la cinquième partie de 1 dollar américain.

LES RELATIONS ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET LA RUSSIE

La National City Bank, de New-York, publie une intéressante étude sur le commerce entre les États-Unis et la Russie, dont nous extrayons quelques données. Avant la guerre, l'Amérique du Nord figurait dans les importations de la Russie pour 10 p. 100 environ et en recevait elle-même à peine 1 p. 100 de ses propres importations. Les ÉtatsUnis tenaient la quatrième place parmi les fournisseurs de la Russie, après l'Allemagne, l'Angleterre et les Pays-Bas, et seulement le quatorzième rang dans le nombre de ses acheteurs. Mais, dans ces limites, les exportations américaines pour la Russie sont constamment allées en augmentant, comme le montrent les chiffres suivants :

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Autrement dit, les exportations américaines pour la Russie ont triplé au cours des quinze années précédant la guerre. Mais, dès la première année de guerre, elles font un bond brusque, et le chiffre se monte, en 1914-1915, à 61 millions de dollars, pour atteindre, en 1915-1916, 310 millions de dollars et, en 1916-1917, 558 millions de dollars. C'est qu'aux marchandises ordinairement exportées par l'Amérique en Russie étaient venues s'ajouter, naturellement, pendant la guerre, et en quantités considérables, des objets d'autre nature, tels que munitions, matériel de chemins de fer, etc. Par contre, les importations russes aux États-Unis ont été depuis la guerre bien plus faibles qu'avant.

(Supplément russe de l'Agence économique et financière,
22 octobre.)

LE COMMERCE MARSEILLAIS ET LE RÉGIME DE L'IMPORTATION

La Chambre de commerce de Marseille vient de voter, à propos du régime administratif de l'importation, une série de résolutions dont voici les principales: Elle demande qu'aucune décision gouvernementale ou administrative visant l'importation ne soit appliquée avant qu'elle ait été portée à la connaissance des intéressés, dans les formes et délais légaux; que toute décision de cet ordre respecte,

sous les garanties d'usage, la liberté d'action des diverses catégories de négociants et d'industriels, et tienne compte des contrats et engagements en cours au moment de sa mise en vigueur. La Chambre voudrait, notamment en ce qui concerne les matières grasses si nécessaires à notre ravitaillement alimentaire et industriel, que soit rétabli le régime de la dérogation générale à l'interdiction d'importation. Elle prie, enfin, le gouvernement, en ce qui touche la récolte des colonies de l'Afrique Occidentale française, « de passer sans retard à l'exécution de ses déterminations antérieures, comportant des engagements réciproques sur la tenue desquels les indigènes et le commerce ont le droit de compter ».

Pour aider, en l'occurrence, à l'action de l'État, la Chambre de commerce a décidé de constituer dans ses bureaux un service de liaison entre l'Administration centrale et sa circonscription, service dont le mandat sera d'obtenir de l'administration, le cas échéant, les éclaircissements nécessaires, d'expliquer aux intéressés les décisions prises, et éventuellement de rendre sensibles au gouvernement les inconvénients pratiques de ses déterminations, ou l'urgence de mesures de transition.

On sait comment la Chambre de commerce a été amenée à émettre les vœux que nous soulignons. Au cours des derniers mois, elle a été saisie de nombreuses réclamations de ses ressortissants, se plaignant du régime de plus en plus compliqué et obscur auquel, surtout depuis le début de l'année courante, sont soumises les importations.

La Chambre, après consultation des protestataires, s'efforce de remédier à une situation qui peut devenir préjudiciable à l'intérêt national cette situation arrête, en effet, des transactions commerciales relatives à des lots importants débarqués dans nos ports et qui se détériorent sur quai; elle détourne de France d'autres marchandises qui devraient normalement y venir et qui se dirigent vers des destinations neutres plus ou moins suspectes, toutes circonstances qui rendent difficile et onéreuse l'alimentation générale.

(Supplément des Marchés lyonnais, Agence économique

el financière, 22 octobre.)

NÉCROLOGIE

LES OBSÈQUES DE M. DANIEL BELLET

Nous avons annoncé, dans le numéro d'octobre du Journal des Economistes, la mort de notre collaborateur et ami Daniel Bellet. Ses obsèques ont eu lieu à Maisons-Laffitte le dimanche 15.

De nombreux membres de la Société d'économie politique, tous les membres du bureau ont accompagné son cercueil. Avec un grand courage, Mme Bellet mère et Mme Bellet ont conduit le cortège funèbre. Les discours suivants ont été prononcés devant sa tombe :

Discours de M. Yves-Guyot,

Président de la Société d'économie politique.

Mesdames, Messieurs et chers Collègues,

Nous savions hélas ! que Bellet était d'une mauvaise santé. Il disait de temps en temps à ses amis : « Je suis toujours fatigué. » Mais il surmontait sa fatigue, et à voir son activité débordante, s'ils éprouvaient quelques inquiétudes, s'ils lui donnaient quelque conseil de repos, à le voir si intrépide, ils prenaient confiance dans sa vitalité; et ils attribuaient à son énergie une puissance qu'elle n'avait pas.

Au commencement de l'été cependant, il dut demander à notre ami Emmanuel Vidal de vouloir bien le suppléer à la séance de la Société d'économie politique du 5 juillet. Pour qu'il renonçât à remplir ses fonctions, il fallait qu'il fût victime d'un excès de fatigue. Cependant quelques jours après, il trouvait encore la force d'organiser, au nom de la Ligue du libre-échange, un déjeuner en l'honneur de notre ami Artaud, l'éminent président de la Chambre de commerce de Marseille. Mais il me dit à la fin du déjeuner qu'il avait le plus grand besoin de repos et qu'il allait partir le plus tôt possible pour Arcachon.

Emmanuel Vidal alla lui faire une visite au commencement du NOVEMBRE 1917.

TOME LVI.

19

mois d'août. Il m'apprit que le repos sur lequel Bellet comptait n'avait pas amélioré sa situation. Mais pleins de confiance dans les soins assidus de Mme Bellet, nous continuions d'espérer qu'il parviendrait à surmonter cette crise. Malheureusement elle se prolongeait. Il dut être ramené à Maisons-Laffitte. Toutefois, nous ne redoutions pas le dénouement fatal, quand il est survenu le 11 octobre.

Je connaissais Bellet depuis de longues années, j'avais remarqué certains articles signés de son nom quand, en 1895, il devint membre de la Société d'économie politique. En 1898, il fut choisi pour remplir les fonctions gratuites, mais délicates de questeur-trésorier. Quelques années plus tard, l'état de santé de notre regretté secrétaire perpétuel, M. Jules Fleury, l'obligea à ne plus exercer ses fonctions. Quoiqu'il voulût se retirer, nous l'avions prié de rester en titre; et D. Bellet voulut bien les joindre à celles dont il était investi. Aussi, en 1906, au décès de M. Jules Fleury, quand M. D. Bellet reçut le titre, il se trouvait déjà en possession de la charge.

Elle était également gratuite et encore plus absorbante. La Société d'économie politique, fondée en 1842, a reçu de ses fondateurs une mission qu'elle doit suivre: défendre les vérités économiques acquises en se préoccupant de la solution des problèmes que présentent les faits de chaque jour. Elle ne recherche pas l'actualité, mais elle ne doit ni l'ignorer ni la dédaigner.

Le secrétaire perpétuel doit non seulement trouver les sujets à mettre à l'ordre du jour, mais encore les auteurs des communications. Il doit encourager les jeunes, vaincre les timidités, et encore inviter des spécialistes qui, étrangers à la Société, peuvent leur apporter, sur telle et telle question, leurs connaissances spéciales et leurs vues particulières, même si elles diffèrent des doctrines de la Société. A ce rôle d'impresario, il doit joindre les détails de l'administration.

Nous savons tous avec quelle habileté Bellet a rempli cette tâche. Il a agrandi l'action de la Société d'économie politique par la visite que nous avons faite à Londres, au Political and Economic circle du National liberal Club, en 1907, et par la réception que nous lui avons rendue en 1908.

Passionné pour la liberté économique, Daniel Bellet fut, à la fin de 1910, le véritable initiateur de la Ligue du libre-échange dont il devint naturellement le secrétaire général, autre fonction absorbante, et non seulement gratuite, mais onéreuse. Il avait la passion du prosélytisme. Quand il tenait une vérité, non seulement il ne fermait pas la main, mais il avait hâte de la répandre. Quoiqu'il supportât mal les voyages, cependant il alla faire une conférence dans le milieu ami de Marseille. Depuis 1912, il a publié chaque mois, jusqu'au mois de juillet dernier, dans le Journal des Economistes, un Bulletin de la Ligue du libre

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