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est sévère pour la politique française. «‹ D'un ministère pacifiste, dépourvu de moyens militaires appro. priés, qui menait en Afrique une politique cocardière. Ici plane un mystère. On peut se demander si certains ministres français de ce temps n'ont pas laissé prendre aux affaires la tournure qu'il fallait pour rendre nécessaire une nouvelle conversation avec l'Allemagne. >> Ils aboutirent à faire remettre en question l'accord marocain du 9 février 1909, le système des alliances, l'équilibre général et la paix.

On voit le grand intérêt que présentent ces deux volumes, dans lesquels on a souvent l'occasion de constater la perspicacité de l'auteur.

N. M.

THE VALUE OF MONEY, by B.-M. ANDERSON, assistant professor of Economics, Harward University. 1 vol. in 12 de 610 pages; prix, 2,25 dollars. (New-York, the Macmillan Co.)

L'auteur annonce que sa théorie de la valeur de la monnaie est en contradiction avec toutes les théories existant sur ce sujet. Il commence par un chapitre sur la théorie générale de la valeur. Selon lui, la valeur est antérieure à l'échange. Il n'admet pas que la valeur soit le pouvoir d'achat.

Il distingue entre « la valeur » et la facilité de vente des objets. Un cent de cuivre a peu de valeur, mais trouve toujours preneur.

M. B.-M. Anderson dit que les lois de l'offre et de la demande, le prix de revient, la théorie de la capitalisation, etc., comprennent un marché fluide et une valeur fixe du dollar.

Pour lui,c'est une théorie statique. Il reconnaît que si le changement de la valeur du dollar est lente, elle est de peu d'importance. Mais M. Anderson a pour but d'étudier la va

leur de la monnaie elle-même, et pour ce problème, dit-il, le concept d'une valeur absolue est essentiel : et il croit résoudre toutes les questions par une théorie de la valeur sociale.

Voici quelques-unes des conclu. sions de l'auteur :

1° La théorie de la valeur de la monnaie est un cas spécial de la théorie générale de la monnaie;

2o La valeur est un phénomène psychologique;

3° La valeur n'est pas une relation de pouvoir d'achat. C'est l'attribut fondamental et essentiel de la richesse;

4° La valeur économique est une espèce du genre, valeur sociale, coordonnée avec la valeur légale et la valeur morale.

La moyenne des prix est un simple sommaire des prix particuliers. Les conclusions de l'auteur sont au nombre de trente-six.

Nous reviendrons sur cet ouvrage qui mérite un examen détaillé.

N. M.

STATE SOCIALISM AFTER THE WAR, by Thomas J. HUGHES. I vol. in-12; prix, dollar 50. Philadelphie, George W. Jacobs et Co.)

M. Thomas J. Hughes considère que la guerre actuelle ouvrira la nouvelle ère que Jésus a qualifiée de royaume des cieux. Nous sommes arrivés au millénaire.

Ce royaume des cieux, c'est le socialisme d'Etat. M. Lloyd George l'a proposé bien avant la guerre, quand il a réclamé la prise par l'Etat de beaucoup de propriétés, entre autres celle des mines de houille.

Le comman leering bill de mars 1915 a commencé l'application de ces projets. L'Angleterre est entrée dans un mouvement décisif vers le socialisme d'Etat.

La nouvelle société reposera sur un nouveau système de propriété selon

l'habileté, et l'habileté est prouvée par la capacité de gagner; une ré partition des comptes de subsistance selon les besoins; un salaire égal.

L'auteur essaye de démontrer comment cela s'accordera selon les préceptes de Jésus. L'auteur entre dans beaucoup de détails sur les réparations et l'entretien des propriétés, les améliorations publiques et privées Si un citoyen veut quitter le pays pour l'étranger, non seulement on ne l'en empêchera pas, mais on lui payera en espèces ses droits de propriété selon son âge et les prévisions de sa vie. Un des chapitres s'intitule les Enseignements du Christ et l'exemple des apôtres ».

N. M.

UN PROPHÈTE, EDGAR QUINET, par Paul GAUTIER. 1 vol. in-18; prix : 3 fr. 50. (Paris, Plon.)

M. Paul Gautier a réuni des articles sur l'Allemagne, dus à Edgar Quinet. Certains d'entre eux n'avaient paru que mutilés dans la Revue des Deux Mondes, comme celui de l'Allemagne et la Révolution (1832) et n'avaient été reproduits qu'incomplètement dans ses œuvres complètes.

Edgar Quinet avait été d'abord séduit par l'Allemagne, avait vécu en Allemagne, s'était marié à une Allemande, mais de la rive gauche du Rhin; puis il était revenu de la germanophilie que l'Allemagne, de Mme de Staël, et l'influence de Victor Cousin avaient inspirée en France. En opposition avec certains de ses meilleurs amis, comme Michelet, il montrait des dispositions de l'Allemagne qui devaient donner à réfléchir aux Français. Seulement Edgar Quinet prouve qu'il s'était fait aussi l'image d'une Allemagne « si croyante et si jeune, de pieux dithyrambes, d'inspiration candide ».

Où et quand a-t-elle jamais existé?

Est-ce que nous la trouvons au moyen âge? pendant la guerre de Trente ans? au temps de Frédéric II! Est-ce que Tacite nous montre les Germains sous cet aspect? Quinet était plus exact quand il disait que << Napoléon avait rallié l'Allemagne >>.

Mais Edgar Quinet transforme l'Allemagne en une entité à laquelle il prête des sentiments trop simplistes 1.

sa

Il dit: « Luther a dispensé l'Allemagne d'avoir son Mirabeau, Convention; il lui a sauvé son échafaud et son Robespierre. Il lui a fait traverser, il y a trois siècles, son 2 Septembre, son ruisseau de sang sur la Grève et sa bataille d'Arcole. >>

Qu'est-ce que cela veut dire ? En 1831, l'Allemagne était encore féodale et aujourd'hui même le régime électoral prussien est celui des trois classes.

Mais il avait raison quand il disait : « C'est donc de la Prusse que l'Allemagne est occupée à faire son agent au lieu de l'Autriche. Oui; et si on la laisse faire, elle la pousse lentement, et, par derrière, au meurtre du vieux royaume de France. »

Dans son article la Teutomanie, paru en 1842, Quinet raconte que, voyageant sur le Rhin « avec un Allemand fort distingué, homme d'ailleurs plein de modération, il se ha. sarda à lui demander quel était, selon lui et ses amis, le but politique vers lequel tendait l'Allemagne ». Il me répondit avec le plus grand sang-froid du monde : « Nous voulons revenir au traité de Verdun entre les fils de Louis le Débonnaire. >>

La haine et le dédain de la France sont caractérisés dans le fameux Walhalla du roi de Bavière, où on

1. V. Yves Guyot, les Causes et les Conséquences de la guerre.

voit Mozart flanqué de Gensérie et d'Alaric « de mélodieuse mémoire »>. Dans le grand tableau d'Overbeck, les Arts sous l'inspiration de la Vierge, fait pour représenter, à Francfort, les tendances de l'imagination alle mande, on voit des artistes de tous les temps et de tous les lieux, la France exceptée. Dans la salle de philosophie de Bonn, toutes les écoles de philosophie imaginables sont représentées sur la muraille. On n'y trouve pas un Français.

Le célèbre historien Léo conclut son Manuel de l'Histoire universelle en disant: « Le peuple français est un peuple de singes! La ville de Paris est la vieille maison de Satan! >>

Quinet a eu l'incontestable mérite en 1831 et en 1842 « de montrer l'unité en formation du despotisme germanique, sous le nom de la Prusse; de signaler le danger du despotisme prussien au point de vue de la France ». Il disait en 1831 : « Il ne lui manque qu'un homme qui regarde et connaisse son étoile en plein jour. »

N. MONDET.

LA BRETAGNE, par L. GALLOUÉDec, inspecteur général de l'instruction publique. 1 vol. in-8; prix, 3 fr.5o. (Paris, Hachette.)

Ce livre sort de la banalité habituelle des ouvrages sur la Bretagne qui représentent les bas Bretons avec leurs braies, parlent de ses landes, de ses rochers et de ses bruyères. M. L. Gallouédec, qui est un Breton du Finistère, fait bien à la basse Bretagne la plus grande part; mais il n'oublie pas le pays gallot, et il dit du bassin de Rennes :

«Le bassin de Rennes est particulièrement fertile. Non seulement le sol en est natnrellement gras et profond, mais encore rien n'a été plus facile que de l'amender par le chaulage. Le seigle, l'orge et le sarrazin si cultivés dans la basse

Bretagne, sont peu cultivés dans la haute.

Celle-ci est par excellence le pays du blé vers Rennes, au centre du bassin, on le trouve seul. Le bassin de Rennes est depuis longtemps un pays de pain blanc. C'est seulement vers le sud, quand, après avoir traversé toute la région schisteuse, on atteint les grès, que les landes et les cultures pauvres reparaissent. Le bassin de Rennes est la région qui produit le plus de pommes à cidre, non seulement de la Bretagne, mais de la France entière. La production du lait et du beurre, favorisée par la qualité des herbages de ce sol argileux, constitue une autre richesse. D'après la dernière statistique du ministère de l'Agriculture, le département d'Ille-et-Vilaine compte deux cent trente-deux mille vaches laitières; aucun autre département n'en approche.

Les valeurs successorales de l'Illeet-Vilaine sont supérieures à celles de l'Hérault.

Il compte 608 000 habitants pour 6 992 kilomètres carrés. La densité de sa population est de 87 par kilomètre carré, tandis que celle de la France est de 74.

Les départements de la Bretagne dépassent tous cette moyenne : Finistère, 115; Loire-Inférieure, 97; Côtes du-Nord, 84; Morbihan, 82.

M. L. Gallouédec, après avoir dit que de toutes les parties de la Bretagne, le pays de Rennes est celui où l'instruction est le plus répandue »>, ne dissimule pas les côtés arriérés et routiniers de la basse Bretagne.

Il parle de la chouannerie avec une impartialité qui n'est pas habituelle.

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diers, les faux sauniers, hommes d'audace que la suppression de la gabelle a réduits à la misère. »>

Ce volume, très compact, donne un tableau de la Bretagne que feront bien de connaître tous ceux qui aiment à s'y promener.

N. M.

EL IMPUESTO SOBRE El aumento de VALOR DE LOS BIENES IMMUEBLES.

Exposicion de doctrinas y hechos, par Daniel RIU. I vol. in-12, 158 pages. (Establecimiento tipografico « la Italica », Madrid, 1916.)

Ce petit volume sur la fameuse plus-value et l'impôt dont on prétend la frapper, dont on la frappe déjà dans certains pays, est une étude, mettons une thèse (pour adopter le mot français) présentée par notre confrère M. Daniel Riu, devenu récemment député aux Cortès, en vue d'obtenir le titre de docteur en droit. Comme il le dit, c'est un véritable exposé beaucoup plus qu'une critique. Nous regrettons même (pour dire tout de suite les quelques reproches que nous avons à faire à ce petit ouvrage) que la critique ne se soit pas développée; elle paraît à peine sous certains mots échappés à l'auteur. Aussi bien, y a t-il là un ouvrage de consultation commode et utile, où l'auteur étudie d'abord la théorie de l'impôt sur la plus-value, soit plus-value territoriale, soit plus-value sociale.

Passant en revue la conception de la rente de la terre de Ricardo, les idées de James Mill aussi bien

que d'Arhens ou de Duguit, de Wagner, il nous offre un travail solidement documenté; il est, du reste, accompagné d'une bibliographie bien faite et qui présente cet intérêt d'être à peu près uniquement énoncée en langue française. Tout ce qui a été écrit de principal sur cette question a été étudié par l'auteur. Et comme il est fort au courant des faits qui motivent ou paraissent motiver cet impôt assez nouveau, après avoir fourni des données exactes sur la hausse des terrains urbains ou ruraux, notamment en France, en Allemagne, en Espagne, il examine les précédents de cet impôt sur la plus-value, en n'oubliant pas notamment la fameuse loi française du 16 septembre 1807. Puis il étudie les applications déjà faites de l'impôt à Francfort, à Cologne, dans l'ancienne colonie allemande de Kiaou-Tchéou; il examine également les applications de l'impôt en Angleterre, et passe en revue les différents projets qui ont pour but, dans d'autres pays, de réaliser cette même imposition. D'ailleurs, le volume est accompagné d'une série d'appendices donnant les textes soit des lois déjà votées et appliquées, soit des projets belge, argentin, espagnol.

Il est évident que, par le fait même qu'une législation existe déjà sur la matière et que de nombreux projets sont soumis à différents parlements, le volume de M. Riu vient fort à propos; il est susceptible de fournir de précieux renseignements.

P. DE M.

CHRONIQUE

1. Le ministère Clemenceau. II. Les affaires d'intelligence avec l'ennemi. III. Le rationnement du pain. — IV. L'Empire allemand et la Monarchie austro-hongroise. — V. La catastrophe russe. VI. Les faits de guerre et l'unité de commandement. VII. Le retrait des pièces divisionnaires. VIII. Les emprunts du gouvernement des États-Unis. IX. The National War Bonds. X. Les finances de l'Allemagne. XI. L'emprunt français. XII. Le relèvement des tarifs. XIII. Les chèques postaux. XIV. Le renouvellement du privilège de la Banque

de France.

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I. Le ministère Clemenceau.

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Le succès ou l'insuccès de la politique dépend de l'inaptitude ou de l'aptitude des hommes qui ont à faire face à une situation donnée.

La situation actuelle au point de vue intérieur et au point de vue extérieur exigeait un homme qui ne fût pas compromis par des collaborations ministérielles, qui fût prêt à agir sans s'inquiéter de considérations de couloirs et à foncer sur les intrigues ourdies depuis des années.

Il fallait un homme qui ne laissât pas glisser le gouvernement aux mains de soviets. Voilà pour l'intérieur.

Il fallait un homme dont le nom seul fût un défi aux neutralistes, aux pacifistes, aux résignés et aux complices des Austro-Allemands, quelque masque qu'ils portent. Il fallait un homme qui inspirât au Kaiser la conviction que ses intrigues ne pouvaient avoir prise sur lui. Il fallait un homme dont la résolution inspirât confiance à l'armée et aux Alliés. Voilà pour l'extérieur.

M. Clemenceau était l'homme de la situation et il était le seul..

Voici les noms des membres du ministère du 16 novembre.

Présidence du conseil et guerre, M. Clemenceau, sénateur; Affaires étrangères, M. Stephen Pichon, sénateur Intérieur, M. Pams, sénateur; Finances, M. Klotz, député; Justice, M. Nail, député; Blocus,

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