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leurs travaux préalables. L'analyse de ceux-ci est donc éminemment instructive, et le cadre que j'ai tracé plus haut ne peut que la faciliter.

Pour remplir la mission qu'ils s'étaient assignée, les organisateurs du Congrès ont tenu à faire converger vers la réalisation des buts économiques, toutes les activités et toutes les compétences dont ils avaient demandé et obtenu le concours. A cet effet, les membres du Comité d'organisation ont invité les représentants de chacune des grandes industries à se grouper dans leurs sphères respectives, à préciser leurs besoins, à définir les améliorations qu'elles réclament, puis à émettre des propositions et des desiderata dont la formule devra être donnée par des économistes réunis dans des Commissions ou sections distinctes.

De là, la division du Congrès en dix sections, dont les sept premières sont spéciales aux matières techniques et les trois dernières aux matières économiques, celles-ci devant être par leurs travaux l'aboutissement de celles-là.

Au cours des nombreuses réunions tenues par les sections techniques, l'accord s'est fait sur la prédominance à attribuer aux questions d'ordre économique. Selon l'heureuse formule de M. Émile Barbet, ancien président de la Société des Ingénieurs civils, secrétaire général du Comité d'organisation, les techniciens procèdent à « un examen de conscience, une étude approfondie de notre situation économique, de la discipline qu'elle nous impose, des réformes >> qu'elle comporte. D'après les déclarations mêmes des organisateurs, -« si l'on fait un examen d'ensemble impartial de nos industries pour les comparer à celles de l'ennemi, l'on peut affirmer qu'en général notre technique et notre science industrielles ne sont nullement inférieures. Mais ce qui a déprimé notre industrie, c'est surtout notre manque d'organisation commerciale, notre défaut de spécialisation, de solidarité professionnelle, le mauvais esprit, parfois, de la maind'œuvre, la défiance des capitaux, l'inaction des banques, l'outillage défectueux des ports et l'insuffisance des moyens de transport. » A ces vices généraux qui appellent un remède profond doit s'ajouter « l'étude de tous les moyens propres à éviter les gaspillages de toutes sortes, pertes de temps, de sous-produits, de transports inutiles, dispersion d'efforts et d'énergie », en un mot « la science de l'entière utilisation de l'effort intellectuel et matériel ».

Répondant à cet appel, la première section, spéciale aux travaux publics et aux constructions civiles, s'est divisée en quatre sous sections

1. Les Problèmes de la production nationale (République française du 7 septembre 1917).

dont la première, consacrée aux grands travaux publics, traite des ports maritimes, de la navigation intérieure, de la houille blanche, du tunnel sous la Manche et de l'organisation des travaux publics aux colonies; la deuxième sous-section, réservée aux matériaux de construction, recherche l'unification et la simplification des cahiers des charges; la troisième, qui s'occupe des constructions civiles, a inscrit à son ordre du jour la reconstitution des régions dévastées par la guerre, l'instruction et l'éducation professionnelles, les rapports du capital et du travail, l'organisation méthodique des ateliers et des chantiers, le groupement international des industries du bâtiment; dans la quatrième sous-section, qui s'est placée sous la dénomination d'urbanisme, ont été mises à l'étude la question des abattoirs et des entrepôts frigorifiques, la reconstruction des villages, la spécialisation des quartiers dans les villes, et une enquête sur le logement du travailleur rural.

Réduit pour les autres sections techniques à citer des exemples, je signalerai dans la deuxième, spéciale à l'industrie des transports, les questions suivantes électrification des voies ferrées, liaison des voies navigables avec les voies ferrées, concours de l'aviation après la guerre; dans la quatrième section, consacrée aux mines et à la métallurgie, la main-d'œuvre minière, la standardisation du matériel de mines, l'état de la métallurgie avant la guerre, son développement pendant la guerre, son développement possible après la guerre. La cinquième section, réservée à la physique et à la chimie industrielles, a discuté les questions d'ordre général que soulèvent les rapports et parfois les conflits de l'industrie chimique avec les pouvoirs publics, notamment au point de vue du respect des lois de l'hygiène et de la sauvegarde des voisins : une étude d'ensemble sur les relations des industriels avec l'autorité administrative a motivé la présentation d'un important travail sur l'institution d'un Conseil d'Etat technique de l'industrie, du commerce et de l'agriculture; elle a également adopté une motion relative à la création d'un Institut international de chimie. Les ingénieurs électriciens, qui font partie de la sixième section, ont retenu la question de l'utilisation des forces naturelles pour la production de l'énergie électrique et celle de l'amélioration des moyens de communications télégraphique et téléphonique. La dernière section technique, celle du génie rural et des industries agricoles, a inscrit à son programme les procédés en usage pour assurer le développement de la culture mécanique, les écoles professsionnelles de mécanique agricole, les relations agricoles de la France et des colonies, le remembrement de la propriété, la concentration des usines agricoles, la question agricole au Maroc,

Les trois sections qui portent respectivement les numéros 8, 9 et 10 et qui ont pour mission l'examen des problèmes économiques sont

spéciales, l'une à l'organisation rationnelle du travail industriel, l'autre à l'hygiène et à la prévoyance sociale, la dernière à la législation industrielle :

1° L'organisation du travail, l'étude de la main-d'œuvre et des salaires, l'application de la méthode Taylor et organisation de la direction des usines ressortissent à une première sous-section de la huitième section; une deuxième sous-section s'occupe de l'apprentissage et de l'enseignement technique à tous les degrés; une troisième discute le rôle des banques et la production, notamment les coalitions et les accaparements; l'étude de la main-d'œuvre coloniale a été attribuée à une quatrième sous-section.

2o Dans la neuvième section, une première sous-section s'est consacrée à la protection des ouvriers contre l'alcoolisme, la tuberculose, les poussières et les vapeurs dangereuses et à la prévention des accidents; une deuxième étudie les institutions de prévoyances, l'assurance contre l'invalidité, la réparation des accidents survenus par faits de guerre; une troisième s'attache aux institutions qui améliorent la condition des ouvriers: habitations ouvrières, éducation ménagère et jardinière, distractions ouvrières, économats, coopératives.

3 La dixième section, qui est spéciale à la législation industrielle, s'occupe, dans une première sous-section, de la propriété industrielle (uniformisations des lois industrielles et commerciales, propriété industrielle, brevets d'invention, marques de fabrique, marques collectives); dans une seconde, des lois économiques (cartels de production, crédit industriel, banques d'exportation, mobilisation de la propriété foncière, contrat de travail); dans une troisième sous-section, des lois techniques (régime des industries, réglementation de la force motrice hydraulique, de l'établissement de réseaux électriques, de l'exploitation des mines, du traitement des eaux résiduaires, de la salubrité en général); enfin, dans une quatrième, des lois diverses (remembrement des propriétés, ports francs, constructions maritimes, enscignement professionnel, confection des lois industrielies, économiques et techniques. Dans ce vaste cadre, la section de législation étudie au point de vue de la formule légale dont elles doivent être revêtues, les propositions émises par les sections tcehniques: tel est le cas du préapprentissage sur lequel le rapport a été présenté à la huitième section par M. Ch. Kula, tandis que la rédaction d'une proposition de loi sur la matière m'a été confiée dans la dixième section. De même, la première section spéciale aux travaux publics et aux constructions civiles, a étudié le contrat d'apprentissage et les relations du capital et du travail qui peuvent déterminer une intervention législative.

Telle est l'œuvre déjà accomplie par les premièrs artisans du Congrès général du Génie civil. N'est-ce point déjà un signe des temps de

voir un groupe de techniciens faire appel au concours d'économistes pour rechercher la solution pratique des difficultés qu'ils rencontrent et la réalisation concrète des desiderata qu'ils formulent? Un hommage aussi flatteur à la science économique serait un motif suffisant pour assurer à cette initiative la collaboration de tous les économistes et de tous les sociologues. Mais il en est un autre qui revêt au plus haut degré un caractère patriotique : c'est que le Congrès, de national, doit devenir interallié après avoir tenu une session entre Français, il doit inviter les amis et les alliés de la France à se réunir d'abord en assises nationales dans leurs pays respectifs, puis à venir en France pour qu'une assemblée commune nous permette d'échanger avec eux des vues réciproques et trouver de concert des mesures qui sauvegardent les intérêts en présence. Les problèmes qui seront soumis au Congrès interallié ne peuvent être résolus au plus grand profit de notre pays que s'ils sont abordés par nous en pleine connaissance de cause: la session nationale en est, par suite, la nécessaire préface.

C'est donc en toute confiance qu'après avoir vu à l'œuvre les organisateurs du Congrès et après avoir apprécié la fécondité de leurs méthodes de travail et l'heureux résultat de leurs premiers travaux, nous convions tous les hommes de bonne volonté à apporter le fruit de leur expérience et de leur savoir pour assurer la réussite d'une entreprise qui intéresse au plus haut degré l'avenir de l'industrie française.

MAURICE BELLOM.

LE SYNCHRONISME HEBDOMADAIRE

Les lecteurs du Journal des Economistes ont encore présente à la mémoire l'étude parue dans le numéro d'avril dernier, de M. Paul Delaporte, sur le Synchronisme hebdomadaire, proposé en substituer aux divisions désuètes du Calendrier un annuaire régulier, uniforme, invariable.

vue de

Le principe du Synchronisme hebdomadaire était résumé par son auteur dans l'exposé suivant :

Etant donné que la semaine est une coutume invétérée que l'on ne peut abolir, il faut et il suffit, pour que l'ordre soit établi dans l'année économique, qu'elle soit stabilisée et contenue un nombre entier de fois dans tous les multiples dont elle est susceptible ainsi que dans tous les sous-multiples dont est susceptible l'année.

L'application de ce principe a une importance telle, à tous points de vue, qu'un certain nombre de personnalités du monde scientifique et économique, adoptant l'idée, se sont groupées sous la présidence de M. Yves-Guyot et sous la présidence d'honneur de M. le général Sébert, et ont constitué la Ligue économique « Chronos » pour la réforme du Calendrier.

La Ligue n'a pas l'intention de supprimer immédiatement les règles diverses qui constituent les calendriers actuels pour leur en substituer, de plano, de nouvelles l'hostilité religieuse et les oppositions nationales que souleva la réforme grégorienne, la courte expérience de la Révolution française et les tentatives périodiques de réformes mort-nées, démontrent surabondamment que l'on ne peut s'attaquer de front aux monuments millénaires que sont les calendriers, si imparfaits soient-ils.

Mais elle se propose d adopter, parallèlement aux règles arbitraires en usage et sans apporter de trouble dans l'état de choses existant, une mesure rationnelle du temps. Le principe du Synchronisme

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