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les affaires humaines; quant à moi, celle d'Athènes, avec le degré de vigueur nécessaire pour défendre sa cause, me paroît irfiniment préférable à la fortune du macédonien, car nous sommes plus fondés que lui à compter sur la faveur du ciel; mais celui qui refuse de s'aider lui-même, ne doit attendre du secours ni de ses amis ni des dieux. Est-il étonnant que celui qui, toujours en campague, brave sans cesse les fatigues et le danger, l'emporte sur vous, qui ne vous occupez qu'à motiver des délais, à faire des décrets ou à courir les nouvelles? Certes, il y auroit plus de quoi surprendre si, n'ayant point encore agi comme un état en guerre, nous avions la supériorité sur un homme qui fait preuve, dans toutes les occasions, d'une vigilance infatigable. Telle est, ô Athéniens! la source de tous ses avantages. Philippe toujours environné de son armée, toujours occupé de ses desseins, peut frapper où et quand il lui plaît. Mais nous, si quelque événement nous allarme, il faut commencer par nommer des Triérarques, ensuite nous leur permettons de se faire remplacer par substitution. Enfin on discute les subsides, après quoi on prend

la résolution d'armer la flotte et de chercher nos matelots parmi les étrangers; mais on réfléchit ensuite qu'il vaut mieux les prendre parmi nous. Durant ces délais, l'ennemi se rend maître de ce qu'il trouve sans défense car le temps où nous devrions agir se passe en préparatifs, et les événemens de la guerre ne marchent pas aussi lentement que nos me

sures ».

« Considérez donc votre présente situation et faites les efforts qu'exige un danger pressant; ne parlez plus ni de vos dix mille ni de vos vingt mille étrangers, de ces armées brillantes sur le papier, formidables dans vos décrets, et pour l'exécution, véritablement viles et méprisables. Composez, autant qu'il sera possible, votre armée de vos concitoyens ; que la force dans laquelle vous mettrez votre confiance, soit une force athénienne, et complettement soumise à l'autorité du général que vous aurez choisi. Du moment où nos armées n'ont plus été composées que d'étrangers, nous n'avons remporté des victoires que sur nos alliés, et nos confédérés et nos ennemis ont augmenté rapidement leur puissance ».

Démosthènes continue à indiquer les forces

qu'on doit lever et les lieux de leur destination; il présente ensuite ce que nous nommons une motion ou un projet de décret pour lever des subsides et assurer les fonds nécessaires. Après avoir terminé tout ce qui concerne l'affaire en délibération, il finit ordinairement par une péroraison, rarement plus longue que la suivante, qui appartient à la première philippique : « Quant à moi, je n'ai jamais cherché à gagner votre faveur autrement qu'en vous disant des vérités utiles, et dans cette occasion, je vous ai déclaré mes sentimens avec franchise et sans réserve. J'aurois désiré sans doute que, puisqu'il vous est avantageux de connoître vos véritables intérêts, celui qui vous les fait connoître pût être sûr de partager vos succès. Mais, quoique je n'ignore point ce qui peut en résulter pour moi personnellement, je n'ai pas moins persisté à vous conseiller des mesures dont l'exécu

tion me paroît désirable pour l'intérêt général; et quels que puissent être les projets qu'on va vous proposer, puissent les dieux fixer votre choix sur le plus capable d'assurer la prospérité publique

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Ces extraits pourront donner une notion

de la manière de Démosthènes; pour en avoir une idée plus complète, il faudroit avoir recours à l'original (1).

(1) Il est évident que ceux qui chercheroient ici le style de Démosthènes prendroient une peine inutile. En lisant ces extraits, on verra que l'éloquence de ce célèbre orateur étoit fondée sur des raisonnemens et non pas sur la véhémence ou la pompe du discours. Les argumens sont conservés dans ma traduction, mais pour le style, il est impossible qu'il en reste la moindre parcelle dans une version française traduite ́d'une version anglaise.

VINGT-TROIZIÈME LEÇON.

Eloquence du barreau; Analyse de Cicéron; /oraison pour "Cluentius.

J'AI

'AI traité, dans ma dernière leçon, de l'éloquence des assemblées populaires. Une grande partie de ce que j'ai dit peut s'appliquer à l'éloquence du barreau, dont nous allons faire ici l'examen, et cette circonstance abrégera par conséquent mes observations. Mais comme toutes celles que j'ai faites précédemment ne lui sont pas également applicables, je commencerai par indiquer en quoi la distinction consiste.

En premier lieu, les discours du barreau ont en général un but différent de ceux des assemblées populaires. Dans ces dernières, le grand objet est la persuasion. L'orateur tend à déterminer ceux qui l'écoutent, à un choix, une conduite, ou une action qu'il présente comme convenables et utiles. Pour atteindre à ce but, il doit naturellement tâcher d'émouvoir tous les principes d'action, et s'adresser,

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