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XVII. Ésaque en Plongeon.

LE peuple qui les voit s'ébattre sur leurs ailes, Admire l'union de ces époux fidèles.

L'exemple de leur sort pour moi n'est pas nouveau,
Dit alors un vieillard: voyez-vous cet oiseau

Au long bec, aux longs piés, qui, pour saisir sa proie,
Se plonge dans la mer où son vol se déploie ;
Il sort du sang des rois, et compte pour aïeux
Ilus, Assaracus, Tros, et ce fils des dieux
Qui dans des coupes d'or leur verse l'ambrosie,
Le vieux Laomedon, et ce roi de l'Asie,
Priam, qui de Pergame a vu les derniers tems.
Il fut frère d'Hector; et si dans son printems
De son destin fatal il eût pu se défendre,
A la gloire d'Hector il aurait pu prétendre.
Esaque était son nom. Transfuge de la cour,
Il aimait des forêts le champêtre séjour,
Dédaignait des cités la pompe
ambitieuse,
Et préférait des bois la paix silencieuse.
Mais sans être sauvage il cherche les forêts,
L'Amour qu'il ne fuit pas l'a blessé de ses traits;
Il adore Hespérie: aux rives du Cébrène..
Elle séchait un jour ses longs cheveux d'ébène.
Il s'approche; elle fuit. Telle aux monts bocagers
Fuit à l'aspect d'un loup la biche aux piés légers;

Aspicit Hesperien patriâ Cebrenida ripâ,
Injectos humeris siccantem sole capillos.
Visa fugit Nymphe, veluti perterrita fulvum
Cerva lupum, longèque lacu deprensa relicto
Accipitrem fluvialis anas. Quam Troïus heros
Insequitur: celeremque metu celer urget amore.
Ecce, latens herbâ coluber, fugientis adunco'
Dente pedem stringit, virusque in corpore linquit.
Cum vità suppressa fuga est: amplectitur amens
Exanimem; clamatque, Piget, piget esse secutum;
Sed non hoc timui: nec erat mihi vincere tanti.
Perdidimus miseram nos te duo: vulnus ab angue,
A me causa data est. Ego sim sceleratior illo,
Ni tibi, morte meâ, mortis solatia mittam.

Dixit: et e scopulo, quem rauca subederat unda,
Se dedit in pontum. Tethys miserata cadentem
Molliter excepit : nantemque per æquora pennis
Texit, et optatæ non est data copia mortis.
Indignatur amans invitum vivere cogi,
Obstarique animæ, miserâ de sede volenti
Exire. Utque novas humeris assumserat alas,

Subvolat: atque iterum corpus super æquora mittit.

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Eurydice meurt également de la piqûre d'une couleuvre. Le fond de la fable d'Hespérie est le même : mais elle diffère par des circonstances touchantes, qui font admirer la féconde imagination du poète.

Telle encor d'un étang, hôtesse domestique,
Fuit devant l'épervier une poule aquatique.
Esaque la poursuit: leurs pas sont tour-à-tour
Emportés par la crainte, ou pressés par l'amour.
Mais, hélas! un serpent caché sous la verdure
La mord, et de ses dents la subtile morsure
Jusqu'au cœur de la nymphe a glissé le trépas.
L'amant qui la poursuit la reçoit dans ses bras:
Elle cesse à-la-fois de courir et de vivre.
Ah! qu'ai-je fait, dit-il? devais-je te poursuivre ?
J'ai voulu vaincre, hélas ! mais non pas à ce prix.
Mais tu reçois la mort, et par deux ennemis.
En te perçant du dard de sa langue aiguisée,
Le serpent te la donne, et moi, je l'ai causée.
Je suis le plus coupable, et je dois m'en punir.
Ma mort venge la tienne, et va nous réunir.

Il dit, et d'un rocher, dans les flots d'Amphytrite,
Amant désespéré, court et se précipite.
Thétis en eut pitié; soutenu dans les airs,
Sur une aile naissante il effleure les mers.
Indigné que du sort la faveur envieuse
L'empêche de sortir d'une vie odieuse,
Vingt fois d'un vol rapide il s'élève, et soudain
Se replonge dans l'onde, et s'y replonge en vain.
La plume le soutient au moment qu'il retombe,
Furieux que la mer lui refuse une tombe,

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