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Tu meurs, dit Apollon, moissonné dans ta fleur! Ta blessure est, hélas! mon crime et ma douleur. Tu causes mes regrets, et j'ai causé ta perte!

C'est par moi que trop tôt ta tombe fut ouverte !
Quel fut pourtant mon crime? un jeu qui t'a charmé.
Quel fut mon crime, hélas ! que de t'avoir aimé?
Que ne puis-je mourir pour te rendre à la vie,
Ou pour fuir la clarté que la mort t'a ravie!
Mais puisque le destin m'asservit sous sa loi,
Si je suis immortel, tu le seras par moi.

Tu vivras dans mes vers, tu vivras sur ma lyre.
C'est peu que
dans mon cœur ton image respire.
Tu seras désormais une nouvelle fleur,

Où se lira gravé le cri de ma douleur.

Il viendra même un tems qu'un héros mémorable
Sera changé lui-même en une fleur semblable;
Et sa feuille offrira l'emblême de son nom,
Fragile monument d'un inmortel renom.

Tandis qu'il parle encor, le sang, qui rougit l'herbe,
N'est déjà plus du sang; c'est une fleur superbe.
Son calice a du lis la forme et la beauté;
Mais l'Hyacinthe est pourpre, et le lis argenté.
Apollon veut encor que le cri de sa plainte
Se lise en lettres d'or sur la fleur d'Hyacinthe.
Sparte, qui l'a vu naître, ajoute à ces honneurs;
Et de nos jours encore on y voit des lutteurs,

Durat in hoc ævi, celebrandaque, more priorum, Annua prælatâ redeunt Hyacinthia' pompâ.

VIII. Cerasta in tauros. Propetides in saxa.

AT si fortè roges foecundam Amathunta metalli*, An genuisse velit Propœtidas, abnuat æquè, Atque illos, gemino quondam quibus aspera cornu Frons erat; unde etiam nomen traxêre Cerasta. Ante fores horum stabat Jovis Hospitis ara,

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Lugubris sceleris : quam si quis sanguine tinctam
Advena vidisset, mactatos crederet illic

Lactentes vitulos, Amathusiacasve bidentes:
Hospes erat casus. Sacris offensa nefandis,
Ipsa suas urbes, Ophiusiaque, arva parabat
Deserere alma Venus. Sed quid loca grata, quid urbeş
Peccavêre meæ ? quod crimen, dixit, in illis?
Exsilio pœnam potius gens impia pendat,

› Festa in honorem Hyacinthi pueri à Lacedæmonibus instituta. * Amathonte, ville de Chypre, île consacrée à Vénus, qui de-là est surnommée Cypris.

3 Unde Virgilius :

Jupiter, hospitibus nam te dare jura loquuntur.

4 Locution poétique. L'autel s'affligeait d'être souillé de sacrifices humains.

5 Ophiuse, nom d'une contrée de l'île d'Amathonte, dérivé du grec os, serpent, parce qu'elle était infestée par des couleuvres.

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Dans des jeux annuels consacrés à sa gloire,
De l'ami d'Apollon célébrer la mémoire.

VIII. Les Cérastes changés en Taureaux; les Propétides en Pierres.

ET toi, ville féconde en plaisirs, en trésors, Amathonte, dis-nous si sur tes riches bords Tu vis naître jadis les folles Propétides? Tu n'en rougis pas moins, que des monstres perfides, Des Cérastes hideux, de deux cornes armés, Que pour ta honte, hélas ! leur crime a renommés. Aux portes des remparts de ces hommes féroces, S'élevait un autel, teint de meurtres atroces, Au nom même du dieu de l'hospitalité. L'étranger qui le voit toujours ensanglanté, Le croit rougi du sang des boucs et des génisses: C'est lui que l'on égorge: odieux sacrifices! Qui des dieux bienfaisans offensent la bonté. Vénus s'indigne enfin de tant de cruauté. . Elle veut, pénétrée et d'horreur et de honte, Déserter les cités et les bois d'Amathonte. Mais qu'a donc fait mon île? et quel crime a commis Un peuple de mon culte observateur soumis? Non; punissons, dit-elle, une race abhorrée; Que l'exil ou la mort en purge la contrée.

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