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un plus long séjour ) le nombre se serait infiniment augmenté. Eh bien, que partites-vous si vite 2)? — A. J'avais fait à deux jeunes demoiselles ma3) déclaration d'amour sans savoir que toutes deux étaient amies intimes. B. On peut se figurer l'embarras qui vous arriva par ça *). A. Hé! voilà enfin deux de nos amis qui arrivent! Vous tardez à venir, Messieurs. C. Y a-t-il déjà longtemps que vous avez

attendu après nous ? B. Plus d'une demi-heure. Est-ce que le

reste de la société viendra ) vous suivre?

nous.

B. Ils étoient derrière C. Nous n'étions que quatre personnes; douze en promettaient de venir 7). B. Allons! en avant! Prenons du repos) à l'auberge de la Scie. K. Pour nous, nous sommes encore jeunes, nous ne conviendrons pas ") pour les bons bourgeois. On n'y doit pas chanter, et à plaisir, faire du sabbat 1o). — C. Le possesseur de la Scie fait bâtir une nouvelle salle au premier: elle ") sera probablement la salle du sabbat. G. Ce serait à souhaiter afin que le gai monde puisse se séparer un peu de celui qui est altéré 12). K. J'espère que vous allez suivre mon conseil; nous entrons tout gais pour étancher notre soif 3); la bière de Gosslar est très-bonne. K. Mademoiselle! oserais-je vous prier ") de porter votre parasol? Mad. Excusez! il se rendra ") trop pésant 16) pour vous. K. Oh! que non, chaque 17) fardeau est doux pour moi, que 18) je porte pour une belle demoiselle telle que vous êtes 19). Mad. Mon dieu! vous n'embarrassez; moi, je n'ai pas l'air d'une belle personne; vous ne fai

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1) A un plus long séjour: Germanisme, pour: si votre séjour s'était prolongé.

2) Eh bien, que part tes-vous si vite? Le sens voudrait: mais alors; la grammaire: pourquoi êtes-vous parti etc.

3) ma: il faut ici une.

4) qui vous arriva par ça: l'auteur aurait dû dire: qui en résulta pour vous ou dans lequel vous vous trouvâtes.

5) viendra vous suivre: phrase incorrecte pour va vous suivre, ou vous suivra bientôt 6) A quoi se rapporte le pronom ils ? au reste ou à la société? Ils ne peut se dire qu'après un substantif masculin au pluriel.

7) Construction vicieuse et faute de grammaire: douze avaient promis de venir.

8) Prenons du repos à etc. dans ce sens n'est pas exact; il fallait: allons nous reposer à etc. 9 Nous ne conviendrons pas pour etc. L'auteur a sans doute voulu dire: nous ne conviendrons pas à etc.

10) On n'y doit pas chanter etc. Cette phrase traduite en français signifie: il n'est pas permis d'y chanter et d'y faire du bruit à volonté.

11) elle: la grammaire veut ce.

12) Le sens de toute cette phrase échappe complètement: il est vrai que je n'ai jamais été trêsfort sur les logogriphes.

13) pour étancher notre soif: expression beaucoup trop emphatique; il fallait pour nons désaltérer.

14) Si nous ne nous trompons, c'est offrir qu'il aurait fallu.

15) il se rendra barbarisme pour: il sera.

16) trop pésant. Si nous relevons cette faute d'accentuation, c'est qu'elle fourmille dans ce recueil, ainsi que beaucoup d'autres, qu'il eût été si difficile de faire disparaître.

17) chaque fardeau: la grammaire veut tout fardeau.

18) que je porte. Cette construction grammaticale est tout à fait contraire au génie de la langue française; il fandrait: tout fardeau que je porte etc. me paraît doux. 19) telle que vous êtes ou mieux dit: comme vous, telle que vous.

tes que me flatter').

K. Je vous assure que vous êtes si belle 2) pour m'amourager ) de vous. Moi, je n'ai jamais vu un petit ange si charmant que vous êtes. Mad. Vous plaisantez. Si je suis aussi un peu jolie ), mais vous ne vous moquez que de moi 5), et vous me rendez tout perplexe ). - K. Mais, ma jolie demoiselle, vous répandez un parfum agréable; je présume que vous ayez ) tâché de sauver un marchand de pommade pour qu'il ne fasse pas banqueMad. La fleur produit ce parfum. K. Quelle fleur? celle de votre jeunesse? Mad. La fleur des arbres. Ah! vous vous moquez de moi, je vois bien que les autres messieurs se moquent aussi de moi. K. Qui est – ce qui oserait se moquer d'une mademoiselle) aussi belle que vous êtes. Mad. En effet! Vous me rendez toute honteuse.

route.

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K. Oh! de grâce, permettez-moi de vous regarder en face, car j'aime la rougeur innocente 2). Mad. Ah! j'ai honte encore davantage

je suis encore fort jeune . . il faudrait que je fermasse les yeux. K. Eh! bien, mon petit ange, fermez vos yeux. Mad. Eh! bien, voulezvous que je voie maintenant? Vous me verrez peut-être encore davantage, je passe tous les soirs à la Porte St. Pierre. K. C'est excellent. Mais est-ce que vous me permettrez que je m'amuse 10) à votre aimable rougeur. Ah! quelle belle figure! Mais, Mademoiselle, vous suez beaucoup de visage, et les gouttes de sueur ont lavé toute la rougeur des joues, et l'ont emportée sous le menB. Halo! c'est du rouge! c'est un excellent coup "). Mad. C'est honteux. Vous êtes hommes 2) abominables prenez - garde

ton.

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je vais rebrousser chemin K. Adieu! mon ange fardé! jeunesse avant d'entrer dans la salle de danse.

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1) Vous ne faites que me flatter. La phrase que l'auteur avait en vue est celle-c': c'est pure flatterie de votre part. Celle qu'il a écrite par ignorance du vrai sens des mots, veut dire:

vous me flattez sans cesse.

2) Vous êtes si belle pour . . . . . germanisme inadmissible. Vous êtes assez belle pour qué je

3) pour m'amourager de vous. jusqu'à ce jour on avait écrit s'amouracher. Quant à la syntaxe, elle veut: pour que je m'amourache de vous.

4) Si je suis aus i un peu jolie.... cette traduction littérale de l'allemand est inintelligible en français. Lors même que je serais ou fussé-je même un peu jolie sont les seules manières correctes de s'exprimer.'

5) mais vous ne vous moquez que de moi. La transposition du ne que altère ici tout à fois le sens de la phrase: l'auteur a voulu dire; ce que vous en dites n'est que pour vous moquer de moi,

6) tout perplexe

faute de grammaire pour toute perplexe. En outre l'adjectif per

plexe frise de bien près le ridicule.

7) Ayez: faute de yntaxe pour avez.

8) L'au eur qui dit une mademoiselle, ne se fait aucun scrupule ailleurs de faire interpeler ses aimables interlocutrices du nom de demoiselle Berthe, demoiselle Cécile etc.

sans doute que cela fait compensation.

9) la rougeur innocente apparement pour la rougeur de l'innocence.

10) que je m'amuse: il faut de m'amuser.

11) Un Français aurait dit: le tour est excellent!

Il pense

12) hommes. La colère qui suffoque cette gentille personne lui a sans doute fait oublier qu'on.

dit des hommes.

En voilà ce qu'on ose présenter au public comme une conversation élégante et polie, comme l'écho des entretiens spirituels qui ont lieu en France entre des hommes et des femmes de bon ton! C'est ce ramas de platitudes où les convenances ne sont pas plus respectées que les règles de l'art d'écrire, qu'on ne rougit pas de mettre entre les mains de jeunes élèves et de leur faire apprendre par coeur! Nous avons cité un dialogue presque tout entier, pour échapper au reproche banal d'avoir choisi dans le recueil ce qui prétait le plus le flanc à la critique; le lecteur est à même de juger si nos griefs sont légitimes, ou si en élevant la voix contre une telle profanation de la langue, nous avons cédé à un monvement irréfléchie, à une prévention mal fondée. Le recueil renferme 11 pièces qui ne le cédent en rien à celle que nous avons citée: même esprit, même verve, même grâce, même enjouement. Des commis voyageurs échauffés par des libations copieuses, ne s'expriment pas avec plus de réserve et d'urbanité! On ne sait en vérité dans quelle classe de la société l'auteur a choisi les étranges interlocuteurs qu'il met en scène et qu'il nous offre comme des modèles de convenance et de bon ton.

Tous ceux qui ont vécu en France et qui ont été admis dans les cercles où se réunissent des gens d'un esprit même médiocre, sont unanimes à reconnaître que ce qui y domine, ce qui s'y réfléchit de mille façons, ce qui donne à ces réunions le monvement et la vie, c'est l'esprit de conversation et de société, l'intelligence vive et déliée des convenances et des ridicules, la délicatesse des pensées et des sentiments, la grâce, le piquant, la politesse achevée du langage. Mme. de Staël l'a dit avec cette originalité d'expression qui la caractérise: „Un entretien aimable, alors méme qu'il porte sur des riens, et que la gràce seule des expressions en fait le charme, cause encore beaucoup de plaisir; on peut l'affirmer sans impertinence, les Français sont seuls capables de ce genre d'entretien. C'est un exercice dangereux, mais piquant, dans lequel il faut se jouer de tous les sujets, comme d'une balle lancée qui doit revenir à temps dans la main du joueur.“

„Les étrangers, quand ils veulent imiter les Français, affectent plus d'immoralité et sont plus frivoles qu'eux, de peur que le sérieux ne manque de grâce, et que les sentiments ou les pensées n'aient pas l'accent parisien."

Ne dirait-on pas que le spirituel auteur de l'Allemagne a prévu l'époque où le langage de la conversation française deviendrait l'objet d'une plate et maladroite imitation? où des écrivains, instruits peutêtre, mais sans mission aucune pour enseigner les finesses de la langue, se poseraient en cicerone prêts à introduire leurs compatriotes dans cette terre promise qu'on apelle les salons de Paris? Si du moins leur style était correct, si l'on y reconnaissait une étude approfondie du français, si les règles les plus simples de la grammaire et de la syntaxe n'étaient pas viloées à chaque instant, on leur pardonnerait de s'abandonner à des illusions qu'il est impossible de partager. Mais comment absoudre du reproche d'ignorance présomtueuse un écrivain qui se respecte assez peu pour se laisser prendre à chaque phrase en flagrant délit de barbarisme, de solécisme, et d'incorrection? Comment excuser des

fautes aussi grossières que celles qui suivent? P. 6. Est-ce que nous fréquentérons une chambre d'en haut? Restons-nous plutôt en bas. Est-il possible d'avoir douze chaises bourrées? Les cigares sont tels quels. La lumière vient d'éteindre. P. 9. Donnez le ton d'un chanson. P. 11. Ils étaient bien heureux que ce jeune-homme là venait la marier. Si toutes les jeunes gens. P. 13. Entrons le boulingrin. Il y a encore assez de places de vacantes. P. Allons-nous plus avant. P. 18. Restons-nous encore ici. P. Prenez - garde d'être passé par dessus. P. 29. Il s'élève de sa chaise. P. Il faut être déjà tard. P. Allons-nous faire un tour. P. 34. Il a dansé avec moi de la soirée. P. 35. Si vous aviez chaudes, mes demoiselles. Vous allez être servis, mes dames. Quand demoiselle Gautier ira (si Mlle. G. va) j'irai aussi. P. 37. De la part de qui? Du côté de Mad. S. P. 38. Mesd. B. Nous nous serions endormi sur nos chaises . . . nous nous serions bien passé de sa compagnie . . . Si nous ne nous étions pas avisé d'employer une ruse, il nous aurait accompagné chez nous. P. 39. Quelle belle robe que vous avez! Ils sont quelquefois très - brutals envers les acheteurs. P. 53. Vous me mettez en humeur de cela. P. 109. Le cloison de planches aboutit jusqu'à la station. N'est-ce pas ici l'institut de sourds et muets?

Nous ne pousserons pas plus loin cette revue: elle fatiguerait le lectenr suffisamment édifié, nous le pensons, par les citations qui précèdent. Au surplus nous renvoyons les incrédules au livre lui-même qui leur fournira tous les éléments de conviction qui pourraient encore leur manquer. Quant à nous, nous n'avons qu'un voeu à faire: c'est que cette vive réprimande, dictée par le seul désir de nous rendre utile ouvre enfin les yeux de tant de personnes qui, par orgueil national ou par une coupable insouciance, repoussent les avertissements qu'on leur donne et s'obstinent à voir des guides sûrs et infaillibles là où il n'y a qu'ignorance et présomption.

Tubingue.

Prof. Peschier.

Miscellen.

1) Zu Schiller's Kampf mit dem Drachen. *)
Happel 1. 41.

Diese Historia ist genommen aus Bosio, und zwar aus seinem andern

Buche der Historia, die er geschrieben von der Neligion der Johanniter-OrdensRitter von Jerusalem. Im Jahre Christi 1345, als Klemens der VI. Pabst zu Rom, und Elio de Villanova, Großmeister der Ritter Sct. Johannis war, da. begab sich ein Ding, darüber sich die ganze Welt verwundern muß. Auf der Insel Rhodus, nicht weit von der Sct. Stephanskirche, war ein großer Felsen, unter welchem aus einer sehr großen unterirdischen Höhle ein Fluß herfür strömete. In dieser Höhle schulete damalen ein ungeheures, greuliches und erschreckliches Wunderthier, welches nicht allein in der ganzen Gegend der Insel nach den Often unerhörten Schaden an Menschen und Viehe, die es mit unglaublicher Grausamkeit anfiel, zerisse und verschlunge, verursachete, sondern auch vermittelst seines giftigen Athems die Luft derselben Gegend überall dergestalt vergiftete, daß sich Niemand ohne augenscheinliche Lebensgefahr dahin wagen dürfte; dannenhero der Großmeister gemeldten Ritterordens, (welcher damalen sein Verbleiben auf dieser Insel hatte) öffentlich auskundigen ließ, daß sich Niemand, wer es auch sei, unterstehen sollte, an den unsichern Ort zu kommen. Eben dieses hat er gleichfalls den Rittern verboten, und zwar bei Verlust ihres Lebens, oder zum wenigsten, ihres Ordens, dahero der unsichere Ort nicht unbillig den Nahmen mal passo lange Zeit geführet hat.

Zu dieser Zeit war einer unter den Rittern zu Rhodus, Nahmens Deodatus de Geron, von Geburth ein Gasconier, ein junger, frischer und muthiger

*) Hr. Prof. Joachim Meyer aus Nürnberg spricht bei Uebersendung dieser Beitraze die Vermuthung aus, daß Goethe und Schiller den Stoff zu einigen ihrer Balladen aus Happelii relationes geschöpft, namentlich Goethe zur Braut von Corinth, und Schiller zum Taucher und zum Kampf mit dem Drachen. Dagegen ist zu erinnern, daß Schiller nach einem Briefe an Goethe vom 7. August 1797 den Namen des Tauchers Pesce-Cola in seiner Quelle nicht gesunden hat, und den Stoff zum Kampf mit dem Drachen schon längere Zeit aus Niethammer's Ueberseßung von Vertot's Geschichte des Johanniterordens, wozu er eine Vorrede schrieb, gekannt haben muß. Jedenfalls nehmen aber obige Beiträge als variirende Formen von Grundstoffen Schiller'scher Balladen unser Interesse in Anspruch. B.

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