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Aubert.

Dorat. Non; tout l'Olimpe auroit fur moi les yeux,
Et ma douleur feroit trop grande.
Helas! je frémis d'y fonger;

Il vaut bien mieux que je périffe.

Ne pouvant rien offrir, je veux que le Berger
M'offre moi-même en facrifice. *)

Aubert.

(Der Abt Jean Louis Uubert, geboren 1731, geftør. ben 1776, gehört unter die glücklichsten Nachahmer Lafons taine's. Nur ist sein Ton ernsthafter und philosophischer; meistens jedoch mit gehöriger Mäßigung. Dazu kommt ein überall sichtbarer lebhafter Wih, und eine glückliche Erzäh lungsgabe.)

LA MERLE..

D'un bois fort écarté les divers habitans,
Animaux, la plûpart fauvages, mal-faisans,
De l'homme ignoroient l'existence.'
Nos femblables jamais ne pénétrerent là.
Un merle en un couvent élevé dès l'enfance,
En voyageant au loin parvint à ces gens-là.
Il étoit beau parleur, et fortoit d'une cage,
Où merie de tout tems apprit à l'énoncer
En jeune oifeau dévot et fage.

Son zèle, dans ce bois, eut de quoi f'exercer.
Eclairons, difoit-il, nos freres miférables:
Tout merle, à ce devoir par état engagé,

Plus éclairé, plus faint, doit prêcher fes femblables.
Un jour donc notre oifeau, fur un arbre perché,

Ha

*) Die Vergleichung dieser beiden unserm Leffing nach geahmten Fabeln mit ihren Originalen wird manche lehrreiche Bemerkungen veranlassen können.

Harangua vivement les plus confidérables
Entre ces animaux, à fon gré fi coupables.
Nouveau miffionnaire, il fuoit en prêchant.
D'abord on ne comprit fon difcours qu'avec peine;
Il parloit d'un être puiffant,

Qu'il nommoitHomme, ayant l'Univers pour domaine,
Sachant tout, et pouvant, f'ils ne f'apprivoifoient,
Détruire par le feu toute leur race entière.

Ours, tigres, fangliers étoient là qui bâilloient:
Mais à ce dernier trait ils dreffoient la crinière.
Le Merle, profitant d'un inftant précieux,
S'agite, entre en fureur, et déploye à leurs yeux
Les grands traits de l'art oratoire.

(Efchine en fes difcours montroit moins d'action;)
On dit qu'il arracha des pleurs à l'auditoire.
Dans le bois, chacun fonge à fa converfion
Et tremble d'encourir la vengeance de l'homme.
Sur ce nouveau roi, qu'on leur nomme,
Au docteur Merle ils font cent questions.
L'homme eft, répondoit-il, doué par la nature
De toutes les perfections.

Il a donc une belle hure?

Dit le porc, en l'interrompant.

Sans doute qu'il reçût une trompe en partage?
Reprit à fon tour l'éléphant,

Le tigre prétendoit, qu'il devoit faire rage
Avec fes griffes et fes dents;

Et l'ours, qu'entre fes bras il étouffoit les gens.
Les foibles f'en formoient des images pareilles,
Et penfoient le douer d'attributs affez beaux,
Le cerf, en lui donnant des jambes de fuseaux,
Et l'âne, de longues oreilles.

Tout ce, qui nous reffemble, eft parfait à nos yeux.
D'après leurs traits groffiers, leur inftinct vicieux,
Ces animaux peignoient les hommes.

Et vils infectes que nous fommes,

A notre image autfi notre orgueil peint les Dieux.

Aubert.

Imbert.

Imbert.

(Barthelemi Imbert, geboren 1747, ein noch lebender, in mehrern Dichtungsarten, besonders aber in der erzåhlens den, fruchtbarer. und glücklicher Dichter, der durch sein ers ftes Gedicht, Le Jugement de Paris, sehr viel Aufmerksamkeit und Erwartung erregte. Die Erfindungen seiner Fabeln gehdren ihm feltner eigen, als ihre leichte, abwechselnde, nur nicht immer ganz treffende und schickliche, Behandlungs art derselben.)

LE LION JUGE

Un vieux lion fe fit dévot,
Comme le diable un jour fe fit hermite,
Si fa cour le devint bientôt?
Cela f'entend. La vertu favorite
Du courtifan, c'eft l'art de paffer dans autrui
Et de prendre en tout fa manière.
Que le Prince touffe aujourd'hui,
Dès demain une cour entière
Va f'enrhumer, pour touffer avec lui:
Temoins les courtifans du lion de ma fable.
On les voyoit d'un air foumis, affable,
Les yeux baiffés, marcher à petit pas,
Prêchant la continence de l'humeur charitable,
Et querellant toujours les plaifirs d'içi bac.
On n'arrivoit au ciel qu'à travers mille peines.
Quelques ours d'un cilice enveloppoient leur peau,
Et plus d'un loup, l'effroi de maint troupeau,
Se diftingua par des neuvaines.

Y gagnoit-on d'avoir changé?
Je ne fais: mais vice pour vice,

J'aime affez quelque part qu'il fe trouve logé,
Que le fcandale m'avertiffe.

Cela dit en paffant; revenons au lion.
A tous fes courtifans, fa majesté fauvage
Ordonne un jour, jour de devotion,

1

Qu'on

Imbert.

Qu'on f'en aille en pélerinage
Sur le tombeau de l'un de fes ayeux.
De fon vivant, toujours chafte et pieux,
En un mot, un faint perfonnage.

La cour f'en alloit donc en triftes vêtemens,
En gros bourdon, en collerette,

Comme on voit f'avancer des pieux Mufulmans
Vers le tombeau du faint Prophète;
Lorsqu'un loup fur la route apperçut un mouton,
Qui loin de fon berger trottoit fur la verdure:
Le pélerin, moins devot que glouton,
Ne pouvant de fon ventre appaiser le murmure,
L'attrape, et vous l'étrangle. On l'arrête foudain,
Lorsqu'il alloit l'engloutir dans fon sein;
Et comme un hérétique, un impie, un profane,
Monftre, qu'on eût dû voir en naiffant étouffé,
On le présente au Roi, qui d'abord le condamne
A faire les honneurs d'un bel Auto da fè.
Quoi! tuer, dit le prince, un jour de pénitence!
Manger un jour 'de jeûne! Oh! le monftre à la
mort!

Sire, ai-je dû m'attendre à pareille fentence?
Dit l'accufé: quel eft mon fort!
Quand j'ai vu ce mouton, être fort inutile
Dans les états, où vous donnez la loi,
Auffitôt penfant à mon roi,.

J'avois pour fon fouper tué cet imbecile.
Il eft encor entier. Oh! oh! c'étoit pour moi?
Oui, Sire. Eh! fufpendez! hola! plus de fuppli-

-

ces,

Il eft bon patriote, et fidèle fujet;

De Confeiller d'Etat qu'on lui donne un brevêt,
Pour payer fes heureux fervices.

Tels jugemens font communs aujourd'hui.
L'homme, à fon équité, lorsque rien ne f'oppose,
Sur le code reçu, juge fort bien autrui.
Voit-il fon interêt fe meler à la caufe;
Il le fait un code pour lui.

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Didot.

Didot.

(Eine der neuesten Fabelsammlungen in französischen Versen ist die von dem jüngern Didot, dem åltern Sohne des verdienstvollen Buchdruckers, Franc. Umbr. Didot, der diese Fabeln, so wie mehrere Werke französischer Dich ter, mit ausnehmender Sauberkeit im Jahr 1786. in 12. ge druckt hat. Ihrer find vier und dreißig, von ungleichem, aber nicht gemeinem, Werth. Angehångt ünd vermischte Gedichte, worunter sich ein Epitre fur les Progrès de l'Imprimérie am meisten auszeichnet.)

LA COURSE DE CHEVAUX.

Jufte milieu que l'on ignore,
Qu'en tout la raifon a placé,
Tel depuis long-tems t'a paffé
Qui pour t'attraper court encore.
Trois chevaux forts, et fouples du jarret
De taille égale et de même encolure,
Ensemble un jour firent une gageure
A qui plutôt au but arriveroit.
Il étoit loin; mais ils étoient agiles,
Et fe flattoient, par des moyens divers,
De parcourir le plutôt trente milles :
Deux cependant f'y prirent de travers.
Impatient, l'un hennit et f'agite,

Et fans laiffer la trace de fes pas,

Au fignal tout-a coup il f'échappe au plus vite;
Le second part au trot, et le troifieme au pas.
Celui-ci prétendoit, qu'en reftant en arriere
Il les auroit incontinent trouvés
Sur le chemin fatigués ou crevés;
Et toujours à fon pas pourfuivit fa carriere.
Pour le fecond, qui ne partit qu'au trot,
Il alla loin fans joindre fon confrere,
Et cependant ne fe preffa pas trop:
Il favoit bien, que l'excès eft contraire.

!

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