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consommateurs indigènes, les syndicats ont livré les meilleures marquès à leurs acheteurs étrangers. Si bien que les lamineurs allemands payaient le plus cher et recevaient les moins bonnes qualités ». Si l'on ajoute à cela que l'industrie allemande a su utiliser les scories 1 et réduire d'autant ses frais de production, on comprendra que son exportation augmente. En effet, de 1.130.747 tonnes en 1892, et de 1.209.321 en 1893, elles ont atteint 1.436.440 en 1894.

« J'ai visité l'année dernière dit M. Monks, les Indes, la Chine, le Japon, l'Australie, et j'ai eu le regret de constater que la situation était encore plus grave qu'on ne me l'avait dépeinte. On trouve partout de l'acier allemand au même prix que le fer anglais. » L'Allemagne en est-elle plus riche et moins socialiste? Il est permis d'en douter.

La Belgique suit de près l'Allemagne. Le rapport cite des cas où des Anglais, ayant reçu des commandes, ont été obligés de les faire exécuter en Belgique après s'être adressés en vain aux maîtres de forge anglais; M. Monks déjà cité, dit que le fer belge se vend 24 fr. 60 meilleur marché par tonne que le fer anglais. Tout n'est pourtant pas pour le mieux en Belgique. Le Rapport se plaint des tarifs des chemins de fer de l'Etat belge et demande des modifications.

Il trouve aussi que le gouvernement fait trop les yeux doux au socialisme. Les concessions que l'on fait aux socialistes n'aboutissent qu'à les rendre plus exigeants, plus audacieux, plus insolents. Au nombre de ces concessions il faut placer la création récente du ministère de l'Industrie et du travail, « rouage coûteux dont les dépenses s'élèvent pour le premier exercice à 2.671.965 francs, dont 852-152 francs pour frais d'éclosion; rouage inutile, l'ancienne organisation n'ayant jamais donné lieu à la moindre plainte et suffisant, en effet, à assurer tous les services; rouage dangereux, s'il faut en juger par les mesures qui viennent d'être prises. ».

Les mesures auxquelles fait allusion le Rapport, peuvent se résumer en ce que les industriels sont traités en suspects, presque en accusés, par les bureaucrates du nouveau ministère de l'Industrie et du Travail. Ces fonctionnaires peuvent être très honorables, mais ils sont très incompétents; ils ignorent la vie industrielle, ils sont incapables d'apprécier les conditions suivant lesquelles elle subsiste, parce qu'ils n'ont jamais approché l'industrie.

L'Angleterre est-elle donc vaincue sur le terrain de la production métallurgique ? Il est incontestable que ses exportations diminuent. M. Jeremiah Lyon, de Londres, bien connu comme l'un des princi

1 En treize ans, le prix des scories de forges s'est élevé en Allemagne de 3 fr. 75 à 20 fr. 60 la tonne.

paux exportateurs de produits sidérurgiques aux Indes, ayant été sollicité par le secrétaire de la British iron trade Association, de faire connaître son opinion sur les causes de cette diminution, a montré d'abord que, sauf quelques légères fluctuations, les importations annuelles de produits sidérurgiques aux Indes, pendant la dernière période décennale, étaient restées à peu près les mêmes, soit d'environ 180.000 à 190.000 tonnes, et a fait ensuite ressortir les changements survenus, pendant cette période, dans la provenance des produits importés. Tandis qu'il y a dix ans, le Royaume-Uni était le fournisseur presque exclusif de l'empire des Indes, la Belgique et l'Allemagne ont fourni, en 1893, plus de la moitié des fers et des aciers consommés dans ce pays.

Une correspondance adressée de Buenos-Ayres à l'iron monger indique, entre autres facteurs qui ont contribué à la diminution des exportations anglaises de fer, acier et quincaillerie, la suspension partielle des affaires avec les républiques sud-américaines. « Trois de nos plus importants clients dans l'Amérique du Sud, le Chili, le Brésil et la République Argentine ont, par suite de révolutions, subi des pertes énormes qui ont restreint leur crédit à l'étranger. »>

D'une enquête ouverte par le journal The iron and coal Trades review sur l'état actuel de la métallurgie anglaise, il résulte qu'« il y a unanimité pour constater que la concurrence étrangère a été un des facteurs sérieux des causes de la situation dont se plaint actuellement l'industrie anglaise ».

A qui la faute si la métallurgie anglaise est moins prospère que celle de ses deux concurrentes l'Allemagne et la Belgique? Quelques-uns l'attribuent au régime protecteur des autres pays, et ils en concluent que le gouvernement anglais devra, « par une nouvelle revision de ses traités de commerce, chercher à parer aux difficultés que crée aux producteurs anglais le protectionnisme de certains pays continentaux, lequel, sans faire de bien à ces pays, fait assez de mal à l'Angleterre ».

Il est certain qu'un pays protectionniste nuit aux autres, puisqu'il refuse, en tout ou en partie, leurs produits et que, réciproquement, il leur refuse les siens. Mais si le protectionnisme ne fait pas de bien aux pays protégés, ce qui est trop peu dire, comment en fera-t-il à l'Angleterre ?

Le Rapport des maîtres de forges de Charleroi ne partage pas la manière de voir des protectionnistes anglais, et il croit voir la cause de la crise du fer en Angleterre dans la hausse excessive des salaires des ouvriers qui a eu lieu en ces derniers temps. Si cette cause n'est pas la seule, elle est du moins une des plus influentes, et les heureux concurrents du Royaume-Uni feront sagement, comme le leur conseille le

Rapport, de viser plus à faire baisser le prix des denrées qu'à faire hausser nominalement les salaires.

Le Rapport que nous avons sous les yeux contient aussi des considérations importantes sur le commerce général des divers pays; sur les assurances ouvrières en Allemagne, qui ne donnent pas des résultats aussi satisfaisants qu'on le desirerait; sur la production de l'or; et, le morceau principal, les statistiques de l'industrie métallurgique en 1894 pour la Belgique, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France et les États-Unis. A nos lecteurs de remonter à la source pour ces détails, s'ils en ont besoin.

ROUXEL.

L'OR A MINAS GERAES (Brésil), par M. PAUL FERRAND, 2 vol. in-8o, OuroPreto, imprensa official, 1894.

Les mines générales du Brésil, si étendues qu'elles forment à elles seules un État, ont eu beaucoup de peine, grâce à la protection de la métropole, à entrer en exploitation lucrative. Vers 1572, on découvrit de nombreux gisements de pierres précieuses dans la capitainerie de Porto-Seguro, sur les confins de la capitainerie d'Espirito-Santo. Plus tard on y découvrit des mines d'or noir, d'où le nom de l'ancienne capitale Ouro (or) preto (noir); mais les exploiteurs de ces mines furent tellement exploités par leur gouvernement, qu'ils furent toujours misérables comme des mineurs et qu'ils finirent par renoncer à leur industrie.

Chaque mineur, dit M. Ferrand, était obligé de remettre aux officiers royaux les pépites et la poudre d'or qu'il recueillait; ceux-ci en prélevaient la cinquième partie, d'où le nom de quint que l'on donnait à cet impôt. Il me semble vaguement me souvenir qu'il y avait un second quint de prélevé, ou l'appelait requint, mais peut-être ma mémoire me trompe-t-elle, car M. Ferrand n'en fait pas mention.

Quoi qu'il en soit, les mineurs, dans l'impossibilité de vivre en payant le quint, abreuvés de vexations et d'impôts, finirent par abandonner peu à peu leurs travaux. « Les mines qui, au commencement du dernier siècle, étaient dans un état de plus en plus florissant, ne tardèrent pas à péricliter au point de tomber vers la fin en complète décadence. C'est ainsi qu'au temps où les mines étaient en pleine prospérité, vers l'année 1750, le nombre des travailleurs qui étaient occupés au travail des mines s'élevait à plus de 80.000, tandis qu'en 1820 il y avait à peine 6.000 personnes employées à l'extraction de l'or. Alors que le quint donnait 1.170 kilogrammes d'or en 1750, il n'en donnait plus que 570 en 1799 et seulement 105 en 1819. » Voilà comment le quint tua la poule aux œufs d'or.

Le pire, c'est que, pour faciliter leurs recherches et leurs travaux, les mineurs avaient mis le feu à d'immenses forêts, et que les montagnes furent bientôt dénudées; il ne fut donc pas possible de les culiver et il fallut émigrer. « Le district minier se dépeupla de plus en plus: Ouro Preto qui, au milieu du siècle passé, possédait plus de 80.000 habitants, en contient à peine 10 à 12.000 aujourd'hui. »

M. Ferrand croit que ces mineurs étaient inhabiles à lutter contre les forces de la nature et complètement ignorants de l'art d'exploiter les mines, et il ajoute que le gouvernement de la métropole aurait dû envoyer des personnes habiles dans l'art des mines et capables de guider les mineurs. En supposant que l'incapacité des mineurs fût prouvée, il n'y avait pas besoin du gouvernement pour que des personnes habiles y allassent, elles y seraient allées d'elles-mêmes, si elles n'en avaient pas été détournées par les impôts excessifs et les infinies vexations.

On revient aujourd'hui à de meilleurs principes économiques; il y a déjà 9 compagnies de mines d'or en exploitation et d'autres vont se former. C'est dans le but de favoriser ce mouvement qu'est publié l'ouvrage de M. Ferrand, par les soins de la commission de l'exposition préparatoire de l'État de Minas Geraes à l'occasion de l'exposition minière et métallurgique de Santiago (Chili). Cet ouvrage, qui doit comprendre un 3 volume, renfermera tous les renseignements désiables sur les mines générales, sur les méthodes d'exploitation, sur l'administration, la direction, le traitement du personnel, etc. Nous sommes heureux de voir que cet important travail est l'œuvre d'un ingénieur français.

ROUXEL.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

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Association générale des étudiants à Paris. Annuaire 1895-96, in-8°. Paris, au siège social. - Cet Annuaire, en outre des renseignements relatifs à l'Association, donne l'historique de cette association, depuis sa fondation, en 1884, jusqu'à ce jour. L'Association générale des étudiants compte aujourd'hui 6.500 membres actifs. Elle offre à ses membres ses bibliothèques bien fournies, ses salles de journaux et de conversation, ses soirées artistiques, etc. Elle assure aux associés les relations cordiales et intelligentes entre eux, de hautes relations avec les membres honoraires, ce qui n'est point à dédaigner dans un temps où le principal mérite consiste dans les recommandations; elle leur facilite le travail en commun, le secours en cas de besoin; elle donne

aussi des banquets et même des parades à la mi-carême en compagnie des blanchisseuses, mais on ne parle pas de ce dernier article. A côté de tout cela, et pour varier ses plaisirs et ceux du public qui s'intéresse à elle, l'Association a quelquefois des démêlés avec les étudiants non associés ou appartenant à d'autres associations; elle en a même avec la presse et ce n'est pas peu de chose; cela va jusqu'au duel. On voi! que rien n'y manque.

Della istituzione di un consiglio privato della corona nel nostro regime parlamentare, per IGNAZIO BRUNELLI, con lettera di Ruggero Bonghi, in-8°, Nicola Zanichelli, Bologna, 1895. Le régime parlementaire ne donne pas les merveilleux résultats que l'on s'en promettait jadis. Tous les abus dont on se plaignait sous l'ancien régime, le parlementarisme les a soigneusement conservés, et il en a introduit de nouveaux en plus grand nombre encore. L'Etat est en proie aux politiciens; les partis se chamaillent ou s'accordent entre eux suivant leurs propres intérêts, ou du moins ce qu'ils croient tel et n'ont aucun souci du bien public. Les ministères naissent et vivent... ce que vivent les roses; le temps de caser leurs parents et amis; ensuite is disparaissent comme les soubrettes des comédies, pour être remplacés par d'autres hommes qui ont promis de faire mieux et qui font pire. Quelle est la source de ce mal et quel remède convient-il d'y opposer? D'après M. Brunelli, le parlementarisme restreint plus qu'il ne convient l'autorité du prince, ou plus généralement du chef du pouvoir, prince, roi ou président. La maxime que le roi règne et ne gouverne pas est intrinsèquement fausse. Il s'agit donc de donner au pouvoir suprême plus de puissance; il faut qu'au-dessus des trois pouvoirs de l'État existe une force modératrice et conciliatrice qui maintienne 'chacun d'eux dans les limites de ses attributions et les empêche de s'entre heurter.

Pour que le prince accomplisse cette fonction, il ne faut pas qu'il soit isolé; il convient qu'il soit assisté d'un conseil spécial, pris en dehors du Parlement et choisi parmi les hommes les plus éclairés et les plus indépendants; en un mot, il faut instituer un conseil privé de la cou

ronne.

M. Brunelli traite sa thèse en quatre points: 1° le moderne régime parlementaire et ses effets; 2 les principales prérogatives de la couronne relativement aux divers pouvoirs; 3° la formation du conseil privé; 40 avantages du conseil privé.

Que dire de ce projet ? Qu'il ne modifiera pas sensiblement la situation actuelle tant que les attributions de l'État et par conséquent les

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