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né de ce côté de la montagne; il' est donc juste que votre aîné ait tout.

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Eh quoi! ne de

Pourquoi me tuez-vous ? meurez-vous pas de l'autre côté de l'eau? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin*, et cela serait injuste de vous tuer de la sorte; mais puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave, et cela est juste.

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*Sur quoi la fondera-t-il, l'économie du monde

1. [Faut que.]

2. [Juste.]

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Cf. B., 5; C., 18; FAUG., II, 392; MICH., 221.

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Cf. B., 14; C., 32; Bos., I, 1x, 3; FAUG., II, 392; HAV., VI, 3; MOL., I, 99; MICH., 52.

3. [Parce que vous] demeurez [de l'autre.]

4. [Mais.]

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Cf. B., 16; C., 35; P. R., XXV, 5 et 6; Bos, I, 11, 8 et 9; I, 1x, 15; FAUG., II, 126; HAV., III, 8; MOL., I, 91; MICH., 193.

5. Avant ce fragment le manuscrit laisse voir les dernières lignes d'un développement qui est rayé : [en voit la vanité, et lors il s'en débarrasse; il est donc utile de l'abuser.] Pascal avait d'abord continué : Sur quoi la fondera-t-il ? sera-ce sur? En barrant le début, il a ajouté l'économie du monde, et il n'a pas rayé la.

6. La fin de la phrase en surcharge.

qu'il veut gouverner'? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier? quelle confusion! Sera-ce sur la justice? il l'ignore.

Certainement s'il la connaissait, il n'aurait pas établi cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes que chacun suive les mœurs de son pays; l'éclat de la véritable équité aurait assujetti tous les peuples, et les législateurs n'auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands. On la verrait plantée par tous les États du monde et dans tous les temps, au lieu qu'on ne

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1. [Sera-ce sur la véritable justice, il ne. [Qu'il confesse franchement que si ce n'est sur la vérité ni la justice [force juste [force sans injustice [et comment peut la force se régler sur l'essentielle [sur la justice qu'il ignore.]

2. « Car c'est la regle des regles et generale loy des loix, que chascun observe celle du lieu où il est » (Mont., I, 22). Cf. III, 1x : << Non par opinion, mais en verité, l'excellente et meilleure police est, à chacune nation, celle soubs laquelle elle s'est maintenue sa forme et commodité essentielle despend de l'usage. »

3. [La véritable.] — Dans ce fragment Pascal s'est constamment souvenu de Montaigne : « Au demourant, si c'est de nous que nous tirons le reglement de nos mœurs, à quelle confusion nous reiectons nous ? car ce que nostre raison nous y conseille de plus vraysemblable, c'est generalement à chascun d'obeïr aux lois de son païs, comme porte l'advis de Socrates, inspiré, dict il, d'un conseil divin; et par là que veult elle dire, sinon que nostre debvoir n'a autre regle que fortuite? La verité doibt avoir un visage pareil et universel : la droicture et la justice, si l'homme en cognoissoit qui eust corps et veritable essence, il ne l'attacheroit pas à la condition des coustumes de cette contree, ou de celle-là; ce ne seroit pas de la fantasie des Perses ou des Indes que la vertu prendroit sa forme. Il n'est rien subiect à plus continuelle agitation que les loix... » (Apol.)

4. [Communiqué.]

5. [Allemands, [Gascons et] Allemands, [et des Indiens.]

6. [Qu'aujourd'hui.]

voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité, en changeant de climat. Trois degrés d'élévation du pôle renversent toute la jurisprudence', un méridien décide de la vérité2; en peu d'années de possession, les lois fondamentales changent; le droit a ses époques, l'entrée de Saturne au Lion nous marque l'origine d'un tel' crime. Plaisante justice qu'une rivière borne! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà".

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Ils confessent que la justice n'est pas dans ces coutumes, mais qu'elle réside dans les lois naturelles, connues en tout pays. Certainement ils le soutiendraient opiniâtrément, si la témérité du hasard qui a semé les lois humaines 10 en avait rencontré au moins une qui fût universelle; mais la plaisanterie est telle que le caprice des hommes" s'est si bien diversifié qu'il n'y en a point12.

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5. [Que le trajet d'une] rivière [rend injuste [criminelle.] 6. [Monts.]

7. « Quelle bonté est ce, que je veoyois hier en credit, et demain ne l'estre plus; et que le traiect d'une riviere faict crime? Quelle verité est ce que ces montaignes bornent, mensonge au monde qui se tient au delà.» Ibid. (Cf. Voltaire, Dialogues philosophiques, 2o dial.) 8. [Mais ils sont si. [Mais.]

9. [Fortune.]

10. A la page 365 du manuscrit. — [Avait permis qu'] au moins une [fût] universelle.

11. [A bouleversé.]

12. [De générale.] — « Mais ils sont plaisants, quand, pour donner quelque certitude aux loix, ils disent qu'il y en a auculnes fermes, perpetuelles et immuables, qu'ils nomment naturelles, qui sont empreintes

Le larcin, l'inceste, le meurtre des' enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses'. Se peut-il rien de plus plaisant, qu'un homme ait droit de me tuer parce qu'il demeure 3 au delà de l'eau, et que son prince a querelle contre le mien, quoique je n'en aie aucune avec lui?

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Il y a sans doute des lois naturelles; mais cette belle raison corrompue a tout corrompu"; Nihil amplius nostrum est; quod nostrum dicimus, artis est. Ex senatus consultis et plebiscitis crimina exer

en l'humain genre par la condition de leur propre essence ; et de celles-là, qui en fait le nombre de trois, qui de quatre, qui plus, qui moins : signe que c'est une marque aussi doubteuse que le reste. Or ils sont si desfortunez (car comment puis-je nommer cela, sinon desfortune, que d'un nombre de loix si infiny, il ne s'en rencontre pas au moins une que la fortune et temerité du sort ayt permis estre universellement receue par le consentement de toutes les nations ?), ils sont, dis-ie, si miserables, que de ces trois ou quatre loix choisies, il n'y en a une seule qui ne soit contredicte et desadvouee, non par une nation, mais par plusieurs.» (Ibid.) Cf. l'Entretien avec M. de Saci.

1. [Pères.]

2. « Il n'est chose en quoy le monde soit si divers qu'en coustumes et loix telle chose est icy abominable, qui apporte recommandation ailleurs, comme en Lacedemone la subtilité de desrobber; les mariages entre les proches sont capitalement deffendus entre nous, ils sont ailleurs en honneur... le meurtre des enfants, meurtre des peres... il n'est rien en somme si extreme qui ne se trouve reçeu par l'usage de quelque nation.» (Ibid.) Pascal avait lu également dans Charron : << Combien y a-t-il de livres, de disputes, d'opinions contraires en la science des loix et des polices? Y a-t-il chose si vitieuse, difforme et condamnée en un lieu, fust-ce perfidie, larrecin, inceste, parricide qu'elle ne soit licite, voire légitime en un autre ? » Les Trois Vérités, 12; Cf. Sagesse, III, 10.

3. [A l'autre.]

4. [Dogmatisante.]

5. Elle a tout examiné et gâté.]

6. « Il est croyable qu'il y a des loix naturelles, comme il se veoid ez aultres creatures: mais en nous elles sont perdues; cette belle

centur. Ut olim vitiis, sic nunc legibus laboramus'. l'es

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3 De cette confusion arrive que l'un dit' que sence de la justice est l'autorité du législateur, l'autre la commodité du souverain", l'autre la coutume présente; et c'est le plus sûr: rien, suivant la seule raison, n'est juste de soi; tout branle avec le temps. La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison' qu'elle est reçue; c'est le fondement mystique de son autorité 10. Qui la ramène à son principe,

raison humaine s'ingerant par tout de maistriser et commander, brouillant et confondant le visage des choses, selon sa vanité et inconstance; nihil itaque amplius nostrum est; quod nostrum dico, artis est. » (Ibid.) La citation latine est empruntée à un passage de Cicéron (de Fin., V, 21) qui, rétabli avec sa vraie ponctuation, a un sens directement opposé : Sed virtutem ipsam [natura] inchoavit: nihil amplius. Itaque nostrum est (quod nostrum dico, artis est) ad ea principia, quæ accepimus, consequentia exquirere...

1. Sen., Ep. 95, ap. Mont., III, 1, Cf. fr. 362 et 363.

2. Mont., III, 13: « Nous avons en France plus de loix que tout le reste du monde ensemble, et plus qu'il ne fauldroit à regler touts les mondes d'Épicurus. » Suit la citation de Tacite (Ann., III, 25). 3. [Les uns.l

4. [Qu'il n'y a aucune.]

5. « Protagoras et Ariston ne donnoient aultre essence à la iustice des loix, que l'auctorité et opinion du legislateur; et que, cela mis à part, le bon et l'honneste perdoient leurs qualitez, et demeuroient des noms vains de choses indifférentes: Thrasymachus, en Platon (Rep. I, 338) estime qu'il n'y a point d'aultre droict que la commodité du superieur.» (Apol.)

6. « Et de ce que tiennent aussi les cyrenaïques, qu'il n'y a rien de iuste de soy; que les coustumes et loix forment la iustice. »> (Essais, III, XIII.)

7. [Rien n'est juste (plus juste de soi; le temps,] — Charron avait déjà reproduit le mot de Montaigne (Sagesse, II, viii, 2).

8. [Les lois.]

9. [Qu'elles sont.]

10. Expression ironique, empruntée d'ailleurs à Montaigne. « Or les loix se maintiennent en credit, non parce qu'elles sont iustes, mais parce qu'elles sont loix: c'est le fondement mystique de leur aucto

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